L'incroyable histoire de Garry Kasparov, le prodige des échecs qui n'a pas dit son dernier mot

Dans Fahim, touchante biopic mâtiné de comédie romantique de Pierre-François Martin-Laval, actuellement en salles, Gérard Depardieu incarne un entraîneur d'échecs admiratif de la carrière du légendaire champion Garry Kasparov. Mais qui est donc ce prodige qui a marqué l'histoire du jeu à tout jamais ? Retour sur son incroyable histoire.
Garik Vaïnstein, de son vrai nom, naît en avril 1963 à Bakou, alors en URSS et future capitale d'Azerbaïdjan, d'un père d'origine juive et d'une mère arménienne. C'est grâce à son géniteur qu'il apprend les échecs, dès ses cinq ans, au début en tant que simple passe-temps. Celui-ci décède d'un lymphome en 1971, mais le petit Garik ne perd pas son intérêt pour le jeu… loin de là ! Ses oncles l'inscrivent alors au cercle d'échecs du Palais des pionniers de Bakou, centre de récréation pour les écoliers de l'URSS. Alors qu'il n'a même pas atteint l'âge de 10 ans, le jeune garçon devient joueur de troisième catégorie. C'est là que son talent (presque inné) pour les échecs se précise. Il change son patronyme et opte pour celui de sa mère À 13 ans, il devient plus jeune champion d'URSS junior d'Europe de l'histoire. 

Garry Kasparov : échecs et mats

Mais c'est à 22 ans que Garry Kasparov entre véritablement dans la légende. En 1985, il dispute une partie contre son compatriote Anatoli Karpov, champion du monde de la discipline depuis 10 ans, et parvient à battre son redoutable adversaire. Quelques années plus tard, le prodige du jeu bat l'ordinateur Deep Thought, lors de la première confrontation entre un homme et une machine.

Au fil des parties, sa technique redoutable, son mental de challenger et sa personnalité énergique lui valent le surnomde "tigre de Bakou". En 1993, il fonde sa propre association, la PCA (Professional Chess Association) après avoir été exclu de la FIDE (Fédération Internationale Des Echecs) pour raisons politiques, notamment. 

En 1997, son règne en prend un sacré coup lors du match contre la machine Deep Blue. Le monde se souvient de la première défaite aux échecs d'un être humain contre un ordinateur. Ce jour mémorable du 11 mai, à New York, Garry Kasparov perd la sixième partie du match, en 19 coups, contre la machine, conçue par IBM. "Sur le moment? J'étais dévasté. On est toujours triste, déçu, fâché de perdre. Mais avec un peu de recul, j'ai entrevu les opportunités qui s'ouvraient. J'ai compris que ma défaite était d'abord une victoire pour le genre humain (...) J'ai commencé à mesurer la largeur du panel d'activités qui allaient pouvoir être assistées par la technologie", a-t-il confié au Temps, des années après cet… échec, qui n'en était donc pas réellement un. 

Garry Kasparov : la défaite face à la technologie

Le talentueux joueur a à peine le temps de se remettre de cette défaite, puisqu'en 1999, il est désigné joueur du siècle (rien que ça), par le magazine néerlandais New In Chess. En 2005, après avoir battu moult records et remporté une myriade de titres, Garry Kasparov se retire. Sa carrière de joueur d'échecs professionnel s'arrête là, mais son talent reste indéniable. "Ce jeu m'aide à me sentir heureux. Il fait partie de ma vie depuis mes 6 ans et le plaisir demeure intact, même si aujourd'hui je ne joue plus, comme avant, pour gagner", a-t-il expliqué au Temps.

Après avoir tiré sa révérence, il se lance corps et âme dans la politique et se pose en véritable opposant à Vladimir Poutine qu'il juge "dangereux", notamment dans un entretien pour Slate en 2016. "Vladimir Poutine est notre problème mais qu'il sera à terme le problème de tout le monde parce que, comme tout dictateur, il aura besoin d'une scène mondiale pour renforcer son emprise sur le pouvoir au niveau national", a-t-il avancé. En 2005, il fonde le mouvement social du Front civique unifié. 

Garry Kasparov : engagements et esprit novateur

En 2012, il est interpellé après avoir supposément mordu un policier à Moscou, lors d'une manifestation de soutien aux Pussy Riot, un délit pour lequel il risquait cinq ans de camp. Après avoir été relâché, le champion quitte la Russie pour la Suisse, puis les États-Unis, et devient président de l'ONG Humans Rights Foundation.

Désormais, le prodige des échecs se penche sur le sujet de l'intelligence artificielle, des machines, et de la façon dont elles s'apprêtent à révolutionner le monde tel que nous le connaissons. En 2017, il publie son dernier livre à ce jour, Deep Thinking: Where Machine Intelligence Ends and Human Creativity Begins. L'ancien champion d'échecs n'en est pas à son dernier coup de maître...

Fahim de Pierre-François Martin-Laval avec Isabelle Nanty, Gérard Depardieu, Assad Ahmed... En salles.