Comme FRANKIE, 3 réunions d'adieux au cinéma

Dans "Frankie" d'Ira Sachs, en salles le 28 août, Isabelle Huppert incarne une actrice qui réunit ses proches à Sintra, au Portugal, pour leur faire ses adieux. A l'occasion de sa sortie : retour sur trois autres films qui jouent sur la même partition.

Comme FRANKIE, 3 réunions d'adieux au cinéma
© SBS Distribution

Les adieux. Dans la littérature, la peinture, la musique ou le cinéma, c'est un leitmoiv. Un point culminant émotionnel. L'acmé de la douleur. Certains cinéastes et scénaristes en ont même carrément fait le principal ressort dramatique de leurs longs-métrages. A l'image d'Ira Sachs avec Frankie, présenté en mai dernier en compétition au Festival de Cannes. Trois après le magnifique Brooklyn Village, lauréat du Grand Prix à Deauville en 2016, le cinéaste américain de 53 ans y dirige en effet Isabelle Huppert sous les traits d'une actrice gravement malade qui convoque son entourage proche à Sintra, au Portugal, pour prendre congé de la vie. Ses amis, ses amants, sa famille. Ensemble pour un ultime tour de piste. Comme Sachs, d'autres ont imaginé des réunions déchirantes pour mieux dire au revoir. En voici trois.  

"FRANKIE // VOST"

JUSTE LA FIN DU MONDE de Xavier Dolan

Grand Prix et Prix du Jury Œcuménique au Festival de Cannes en 2016, Juste la Fin du Monde, le 6ème long-métrage du cinéaste québécois Xavier Dolan, est une adaptation de la pièce de théâtre éponyme de Jean-Luc Lagarce, parue en 1990. L'histoire ? Après douze ans d'absence, un écrivain taciturne retourne dans le village qui l'a vu naître pour annoncer à sa famille sa mort prochaine. Dans la peau du condamné, Gaspard Ulliel émeut par son regard triste et son interprétation si juste. Son personnage, forcément très proche de Lagarce, touche par l'incommunicabilité dont il est victime, prisonnier d'une réunion familiale où les querelles et les ressentiments empêchent tout véritable échange. Si Nathalie Baye et Léa Seydoux s'en sortent avec les honneurs, une mention spéciale sera décernée aux incarnations très fortes de Marion Cotillard, en belle-sœur compatissante, et Vincent Cassel, en grand frère tempétueux.     

LES INVASIONS BARBARES de Denys Arcand

Présenté en 2003 en compétition officielle au Festival de Cannes, d'où il est reparti avec deux prix –celui du scénario et celui de l'interprétation féminine pour Marie-Josée Croze–, Les Invasions Barbares s'inscrit dans la continuité du Déclin de l'Empire Américain, réalisé dix-sept ans plus tôt par le québécois Denys Arcand. Rémy Girard y interprète un homme divorcé dont la vie est en péril. Son ex-femme appelle alors d'urgence leur fils (Stéphane Rousseau), avec qui le contact a été longtemps coupé. Ce dernier accepte de rallier Montréal pour aider les parents dans l'épreuve de la maladie et convoque tous les proches –amis comme maîtresses– de son papa pour lui remonter le moral. Un vent d'épicurisme, de cynisme, d'humour et de vie souffle alors entre les personnages, tous bâtis autour d'un mélange de rire et d'émotion. Car c'est bien là la force du long-métrage en question : parler d'une forme de gravité avec une revigorante légèreté.    

VOUS N'AVEZ ENCORE RIEN VU d'Alain Resnais

En voici un scénario original ! Antoine d'Anthac (Denis Podalydès), un auteur dramatique fameux, convoque par-delà sa mort l'ensemble de ses amis ayant interprété sa pièce Eurydice. Soit autant de comédiens qui vont devoir visionner la captation de ladite œuvre par une jeune troupe baptisée la compagnie de la Colombe. Vous n'avez encore rien vu, qui marque la neuvième collaboration entre le cinéaste Alain Resnais et l'actrice Sabine Azéma, est en réalité la fusion de deux pièces de théâtre emblématiques de Jean Anouilh. Une idée suggérée par le scénariste Laurent Herbiet, qui lia à l'écriture Eurydice et Cher Antoine ou l'amour raté. Au casting ? Mathieu Amalric, Pierre Arditi, Jean-Noël Brouté, Anne Consigny, Anny Duperey, Hippolyte Girardot, Michel Piccoli, Lambert Wilson ou Michel Willermoz… Rien que ça ! Ici, on parle de la mort en célébrant la vie et la création artistique dans un geste plein de malice et de charme.