3 bonnes raisons de se laisser emporter par FRANKIE avec Isabelle Huppert

Présenté en mai dernier en compétition au Festival de Cannes, "Frankie" marque la première collaboration entre le cinéaste américain Ira Sachs et la comédienne française Isabelle Huppert. Une rencontre réussie, baignée par la lumière du Portugal.

3 bonnes raisons de se laisser emporter par FRANKIE avec Isabelle Huppert
© SBS Distribution

Trois après le magnifique Brooklyn Village, lauréat du Grand Prix à Deauville en 2016, le cinéaste américain Ira Sachs, 53 ans, tourne loin de ses terres new-yorkaises en s'adjugeant les services d'une de nos plus grandes ambassadrices cinématographiques : Isabelle Huppert. Dans Frankie, présenté en mai dernier en compétition officielle à Cannes, l'immense actrice incarne… une actrice qui, se sachant gravement malade, réunit ses proches à Sintra, au Portugal, pour leur faire ses adieux. Une parenthèse à la fois douce et grave que le duo, inspiré et artistiquement complice, nous invite à investir. Voici trois bonnes raisons de rallier le Portugal.   

"FRANKIE // VOST"

Huppert impériale face à la mort

C'est en découvrant son film Love is Stranger qu'Isabelle Huppert prend l'initiative de contacter Ira Sachs. Sûrement a-t-elle aimé l'humanité avec laquelle le cinéaste new-yorkais brosse ses personnages, en les enveloppant de bienveillance et d'amour. La rencontre est chaleureuse et l'amitié de circonstance. Quatre ans plus tard, le metteur en scène offre à la comédienne un rôle sur mesure : celui d'une actrice très malade, sur le point de mourir, qui réunit ses proches à Sintra, au Portugal, pour prendre congé de l'existence. Recentrée, débarrassé de toute fioriture, son jeu est travaillé à l'os, simple, limpide, traduisant constamment l'intraduisible, ce qui se trame sous le silence, ce qui bruisse dans le sillage des souvenirs d'hier. De tous les plans, Huppert s'oublie et, dans ce délassement mental, elle laisse une porte ouverte. Laquelle permet de mieux saisir sa sensibilité à fleur de peau.    

Un cinéaste de l'épure

Ira Sachs n'a jamais été dans le mainstream. Aux personnages hollywoodiens, il préfère les timides, les solitaires, les outsiders. Ceux qui parlent en se taisant. Ceux qui nous pansent et nous élèvent dans leur trébuchement comme dans leur envol. Bien que son héroïne Françoise Crémont n'habite pas à Brooklyn et parle plutôt français, elle se greffe parfaitement à son univers. Il la façonne avec ce minimalisme et cette économie d'effet qui sont les fondements et les fondations de son cinéma. Pis, son épure est encore plus poussée ici puisqu'elle s'adapte à une temporalité de récit toute particulière. L'intrigue se déploie en effet sur une seule journée, lui offrant ainsi la possibilité d'embrasser des clairières théâtrales. Avec son directeur de la photographie, Rui Pocas, il s'est d'ailleurs inspiré du travail d'Éric Rohmer, notamment sur des films comme Pauline à la plage et Le Genou de Claire. Une façon d'instiller encore plus de vérité au propos.

Un lieu paradisiaque

Avec Isabelle Huppert, c'est le second acteur principal. Le décor de Sintra, ville portugaise sise au creux des collines de la Serra de Sintra, à 25 kilomètres à l'ouest de Lisbonne, fait office d'écrin parfait à la fin de vie de la protagoniste. Classé au patrimoine mondial de l'UNESCO, ce site, regorgeant de palaces, de couvents, de sanctuaires et de demeures de charme, n'est pas inconnu pour Ira Sachs puisqu'il y avait passé ses vacances avec sa mère et ses sœurs à l'âge de 14 ans. Dès les repérages, il a compris que l'endroit permet d'accompagner littéralement le récit à travers trois paliers qu'il a su identifier : "Le rez-de-chaussée, c'est Quinta de São Thiago, l'hôtel où la famille réside. Le 1er étage, c'est Pena Park, c'est-à-dire les jardins raffinés sous le château qui me paraissaient être un lieu absolument magique, comme une sorte d'Eden où l'on vient oublier le quotidien (…). Puis il y a le sommet, le sanctuaire de Peninha, qui inclut aussi bien la montagne que l'horizon", explique-t-il justement dans le dossier de presse.