Tlamess, Adam, Papicha : le Maghreb en star à Cannes

Le Maroc, l'Algérie et la Tunisie viennent réchauffer le Festival de Cannes 2019 ! Trois longs-métrages et un film d'animation, adaptation d'un livre de l'écrivain Yasmina Khadra sont en lice cette année. Zoom sur ces productions et leurs réalisateurs, qui content leur pays.

Tlamess, Adam, Papicha : le Maghreb en star à Cannes
© Copyright Ad Vitam

 Trois films dont deux réalisées par des femmes, un autre par un homme et un film d'animation qui reprend l'histoire des Hirondelles de Kaboul de l'écrivain algérien Yasmina Khadra : voilà le palmarès 100% maghrébin du 72e Festival de Cannes. Avant de découvrir ses pépites en salles, faisons les présentations. 

Adam de Maryam Touzani

(Un Certain Regard) : Abla est une jeune veuve qui habite la médina de Casablanca. Pâtissière, elle essaye de joindre les deux bouts avec sa fille de 8 ans. Un jour, une jeune femme, Samia, enceinte jusqu'aux dents, frappe à sa porte : la campagnarde compte faire adopter son enfant après l'accouchement. "Abla a perdu le goût de la vie depuis que son mari est mort. Les deux femmes vont faire un véritable chemin intérieur de réapprentissage, en allant l'une vers l'autre", déclare Maryam Touzani au HuffPost Maghreb. 

  • De quoi ça parle : D'une rencontre qui va bouleverser la vie des héroïnes, de la condition de la femme dans un Maroc certes moderne, mais qui a encore du mal à voir au-delà des traditions.
  • Le casting : Porté par un casting essentiellement féminin dont la sublime Lubna Azabel, le film porte néanmoins le nom d'un homme. "Celui du premier homme, l'homme qui doit aussi se questionner parfois et revenir à l'origine. C'est aussi pour moi une façon de rappeler qui porte la vie finalement : la femme. Chaque nouvelle vie, qu'elle soit masculine ou féminine, est portée par une femme. C'est donc une réflexion pour questionner la place de l'homme et celle de la femme dans nos société".  
  • Un mot sur la réalisatrice : Maryam Touzani signe ici son premier long-métrage. Ancienne journaliste, elle est mariée à Nabil Ayouch, lui aussi réalisateur (Razzia, Ali Zaoua, What Lola Wants et le brûlant Much Loved) et a récemment témoigné de la difficulté de parler de certains sujets à travers un film dans le royaume alaouite.  

Papicha de Mounia Meddour 

(Un Certain Regard) : Nedjma, jeune étudiante algéroise, a 18 ans. Elle rêve de devenir styliste mais la situation politique du pays, en proie aux attentats (cf. les Années Noires) n'est pas pour l'aider. Quand tombe la nuit, elle se rend dans les boîtes de nuit de la ville pour vendre ses créations aux "papichas" les jeunes Algéroises branchées. Malgré la guerre civile qui gronde et la menace des extrémistes, Nedjma compte bien organiser son défilé de mode. 

  • De quoi ça parle : D'une jeune femme qui suit ses rêves malgré la peur, du bras de fer entre l'art et l'obscurantisme religieux. 
  • Le casting : Frais et jeune avec la talentueuse franco-algérienne Lyna Khoudri (Les Bienheureux, Luna), Meriem Medjkane, Shirine Boutella, Zahra Doumandji, Yasin Houicha (Divines, Le Brio).  
  • Un mot sur la réalisatrice :  Mounia Meddour a le cinéma dans le sang. Fille du réalisateur Azzedine Meddour, elle signe plusieurs documentaires et reportages et a réalisé un court-métrage Edwige, récompensé dans plusieurs festivals dont Cannes en 2012. Marié à Xavier Gens, qui a notamment produit le film d'action Hitman, Papicha est son tout premier long-métrage. Deux autres projets sont en cours de travail. 

Tlamess d'Ala Eddine Slim

(Quinzaine des Réalisateurs) : Au coeur du désert tunisien un soldat répondant au nom de S, vient de perdre sa mère : il a donc droit à une semaine de permission. Il décide de déserter les rangs.  Une course-poursuite s'amorce dans le village où il se cache, jusqu'aux hauteurs montagneuses. Quelques années plus tard, F s'installe avec son mari dans une luxueuse villa. Lorsqu'elle apprend qu'elle est enceinte, elle décide de s'engouffrer dans la forêt voisine. Elle ne reviendra jamais. 

  • De quoi ça parle : De l'errance, des peurs qui ponctuent nos existences et nos choix. 
  • Le casting : Hétéroclite. Abdullah Miniawy, un musicien égyptien fait son baptême du feu auprès de l'actrice tunisienne, Souhir Ben Amara et de l'acteur algérien, Khaled Benaissa.
  • Un mot sur le réalisateur : Ala Eddine Slim est le seul réalisateur tunisien à figurer dans la liste de la Quinzaine cette saison. Son tout premier film, The Last Of Us a été salué par la critique et récompensé en 2016 à la Mostra de Venise, notamment. Ala Eddine Slim a la fâcheuse manie de ne donner à ses héros q'une simple lettre à la place d'un patronyme complet. Autre récurrence : son goût pour les personnages solitaires, exilés ou à la recherche d'eux-mêmes. 

Les Hirondelles de Kaboul de Zabou Breitman et Elea Gobbé-Mévellec

(Un Certain Regard) : Mohsen et Zunaira sont deux jeunes afghans. Ils s'aiment et veulent créer quelque chose ensemble, malgré la guerre qui décime leur pays. Un jour, Zunaira se fait arrêter par les Talibans, son geôlier, Atiq, la voit sans sa burqa et tombe amoureux d'elle. Il fera tout pour la retrouver...  

  • De quoi ça parle : D'un amour qui se veut être plus fort que la haine, de l'espoir de jeunes personnages face à la répression des Talibans qui interdisent toute sorte de liberté et de plaisir, même celui de rire... 
  • Le casting : Zita Hanrot, Simon Abkarian, Hiam Abbas... Tous ces talents confirmés prêtent leurs voix à cette adaptation poignante du livre éponyme de Yasmina Khadra, sorti en 2002. 
  • Un mot sur les réalisatrices : On ne présente plus Zabou Breitman, actrice touche-à-tout qui passe ici derrière la caméra. Avec Elea Gobbé-Mévellec, qui donne vie et couleurs au Kaboul des années 90 grâce à ses dessins superbes, elle réalise un film d'animation beau et nécessaire.