Green Book, Roma, Olivia Colman, Rami Malek... : sacrés Oscars !

La 91e cérémonie des Oscars s'est tenue dimanche soir à Los Angeles et c'est "Green Book", la comédie fédératrice de Peter Farrelly, qui a triomphé. "Roma" d'Alfonso Cuaron et le biopic "Bohemian Rhapsody" se sont également distingués.

Green Book, Roma, Olivia Colman, Rami Malek... : sacrés Oscars !
© Chris Pizzello/AP/SIPA

Certains trouveront le prix ultime trop consensuel. Et pourtant, en accordant l'Oscar le plus prisé –celui du meilleur film– à Green Book de Peter Farrelly, l'Académie des Oscars a plébiscité une œuvre précieusement pacificatrice mais, et surtout, de très belle facture. Tandis que l'Amérique de Trump est plus que jamais fracturée dans sa chair, avec de forts regains de racisme dans certains de ses états, la victoire de cette comédie portée avec charme par Viggo Mortensen et Mahershala Ali –qui a également remporté sa seconde statuette pour le second rôle masculin, deux ans après Moonlight– revêt un caractère hautement apaisant. Pour rappel, l'opus en question, adapté d'une histoire vraie, relate l'amitié entre un pianiste noir et son chauffeur italien, engagé pour le conduire à une série de concerts dans le Sud ségrégationniste.
Le contexte actuel des Etats-Unis, où le mouvement #BlackLivesMatter est plus que jamais en branle et où les bavures policières font trop souvent la une, rend ce film encore plus nécessaire. Mais il serait presque erroné de résumer sa victoire à ce seul facteur. Green Book –d'après le titre du livre qui consignait la liste des hôtels pouvant accueillir les personnes de couleur pendant la ségrégation– brille aussi grâce à son écriture enthousiasmante et ses dialogues hilarants, qui mettent du baume au cœur et de l'espoir dans les esprits. Nick Vallelonga (dont c'est le récit et qui est campé à l'écran par Mortensen), Brian Currie et Peter Farrelly ont d'ailleurs fait main basse, assez logiquement, sur le prix du meilleur scénario original.

Roma, deuxième grand gagnant

"Ouf !", diront sûrement les haters de Netflix. Car oui, la plateforme américaine aurait certainement adoré, après le Lion d'Or au Festival de Venise, asseoir sa toute-puissance et voir Roma d'Alfonso Cuarón couronner de la plus haute distinction. Malgré tout, ce chef-d'œuvre, multi-récompensé depuis plusieurs semaines dans une cohorte de cérémonies, a raflé pas moins de trois prix. Forcément ému, Cuarón a reçu son second Oscar du meilleur réalisateur (après Gravity en 2014) des mains de son ami et concitoyen mexicain Guillermo Del Toro. Il s'est également adjugé celui du meilleur film étranger et de la meilleure photographie : là aussi, le mérite est total tant la lumière et le noir en blanc privilégié octroient une densité inouïe à son récit. Celui d'une famille de la classe moyenne de Mexico, au début des années 1970.

Du côté des comédiennes, la (belle) surprise a été de mise. "Glenn Close, vous avez été mon idole depuis tellement longtemps. J'aurais préféré que vous ayez cet Oscar ", a lancé la comédienne britannique Olivia Colman, sidérée d'avoir son trophée de la meilleure actrice dans les mains pour son interprétation stellaire de la reine Anne dans La Favorite de Yórgos Lánthimos (en larmes au moment du sacre de son actrice). Presque gênée aussi d'avoir damé le pion à Close, jusqu'ici nommée à 7 reprises et toujours repartie bredouille. L'Oscar du meilleur second rôle féminin a été par ailleurs attribué à Regina King, impériale dans le beau Si Beale Street pouvait parler de Barry Jenkins.

4 prix pour Bohemian Rhapsody  

Outre ses Oscars du meilleur montage son, du meilleur mixage son et du meilleur montage, Bohemian Rhapsody a permis à son interprète principal, Rami Malek, de soulever la statuette du meilleur acteur, coiffant au poteau le fabuleux Christian Bale sous les traits de Dick Cheney dans Vice (prix du maquillage). Extatique, Malek a lancé un "Je t'aime" à sa mère, présente dans la salle, et adressé un hommage à son défunt père avant de remercier le groupe Queen et son leader qu'il incarne à l'écran : Freddie Mercury. "C'est un moment monumental (…) Merci de m'avoir permis de jouer un rôle dans ce que vous laissez en héritage", a-t-il confié devant le tout-Hollywood. Une sacrée ascension vers les étoiles pour celui qui a d'abord connu la gloire dans la peau d'un hacker dans la série à succès Mister Robot.  

Autre gros événement de la soirée ? Le premier Oscar de toute la carrière de Spike Lee pour un film en particulier (il avait reçu en 2016 un Oscar d'honneur). Le réalisateur des cultissimes Malcolm X et Do the right thing a partagé le prix du meilleur scénario adapté pour BlackKklansman avec Charlie Wachtel, David Rabinowitz et Kevin Willmott. Un beau parcours pour son film politique et grinçant depuis ses débuts l'an dernier à Cannes, où il avait été salué par le Grand Prix du jury, présidé par Cate Blanchett. Le cinéaste a rendu hommage à sa grand-mère, qui s'est longtemps sacrifiée pour qu'il puisse étudier le cinéma et a profité de sa tribune pour évoquer le 400e anniversaire de l'arrivée des premiers esclaves noirs aux Etats-Unis.

Lady Gaga, un Oscar quand même

Elle y avait peut-être cru mais Olivia Colman a été plus forte qu'elle. Il n'empêche que la superstar Lady Gaga a, sans l'ombre d'un étonnement, obtenu l'Oscar de la meilleure chanson originale pour Shallow dans A Star is born. Tube planétaire qu'elle a entonné avec son partenaire à l'écran et réalisateur : Bradley Cooper. Ce fut d'ailleurs l'un des jolis temps forts de cette 90ème cérémonie.

Notez enfin que le blockbuster Black Panther, 9ème plus gros succès de tous les temps, s'est vu remettre trois prix –musique originale (l'absence de First Man dans cette catégorie reste une injustice criante malgré son prix des effets spéciaux), costumes et décors– et que Spider-Man : New Generation s'est imposé au rayon des films d'animation.

"Le palmarès de la 91e cérémonie des Oscars - JDF"