Mariée (et heureuse), j'ai craqué en juillet pour mon guide de haute montagne

Nous sommes en juillet, en pleine canicule et j'erre comme une âme en peine dans mon appartement parisien à la recherche de la moindre parcelle d'air frais. Ce que j'aime, c'est la vie citadine, trépidante, le shopping, pas la montagne, encore moins l'effort physique. Pourtant, il y a une semaine, j'ai connu l'ivresse des cimes dans les bras d'un randonneur diablement sexy... et j'ai trompé mon mari !

Mariée (et heureuse), j'ai craqué en juillet pour mon guide de haute montagne
© Gleb TV -123RF

En vacances depuis deux jours je dois attendre encore 10 jours que Christian, mon conjoint depuis 13 ans, daigne abandonner ses dossiers urgents et ses responsabilités de directeur de la communication d'une maison de disque pour profiter d'un séjour en Grèce bien mérité.
Si j'ai posé mes vacances avant les siennes, c'est pour profiter d'un Paris qu'on m'annonçait désert et d'un compagnon moins occupé en cette trêve estivale. Mais force est de reconnaître que la capitale qui se vide de toutes mes copines n'est plus très séduisante et que Christian a à peu près autant de temps me consacrer que Donald Trump à sa chère Melania.

Après avoir bullé dans un bain quasi froid, je m'apprête à aller m'écrouler dans mon canapé histoire de me replonger dans les 8 saisons de Game of Thrones quand mon téléphone sonne. C'est Sophie ma sœur qui s'inquiète de ne pas avoir de mes nouvelles. 
"Que fais-tu la semaine prochaine ?". "Pas grand-chose ou alors si peut être Paris Plage", lui réponds-je l'air narquois. "Pourquoi ne viens-tu pas dans les Pyrénées avec Maëlle, Coralie et moi ? Nous avons décidé de nous attaquer à une randonnée en haute montagne", me lance provocatrice ma sœur qui me sait peu sportive et surtout pas contemplative pour un sou.
"Pourquoi pas ?" me dis-je dans mon for intérieur, piquée au vif. Après tout Christian ne s'apercevra pas de mon absence et montrer à ma sœur que je suis capable de supporter des ampoules et d'affronter de vulgaires cailloux est en soi un vrai défi.

"Un refuge c'est, pour moi, un véritable lieu de perdition"

Deux jours plus tard, ma motivation n'est étrangement plus aussi grande quand je me retrouve face à un monstre de roches et d'arbres qui semble me narguer. "Euh partez devant, je vais y aller doucement histoire de trouver rapidement mon second souffle", lance-je à Sophie, Maëlle et Coralie qui se moquent de moi avec autant de discrétion qu'un éléphant dans un magasin de porcelaine. Adepte de la marche nordique, le trio infernal m'a déjà donné un surnom : la voiture balai.
Seul Hugo daigne retenir son sourire. Hugo c'est notre guide, celui qui va nous faire découvrir les joies de la montagne et surtout nous emmener jusqu'à un refuge. Un refuge…. Dès que ma sœur a prononcé ce mot lors de mon arrivée à la gare j'ai cru défaillir…. Dans les souvenirs de l'habituée aux grands hôtels que je suis, un refuge c'est un véritable lieu de perdition, un camping de montagne ou résonne les ronflements des randonneurs et règne une persistante odeurs de pieds ! Il faut dire que j'ai été marquée par les Bronzés font du ski et que depuis je me suis promis de ne jamais mettre la pointe des mes pieds vernis (et pas malodorants) dans un lieu pareil.
Sauf que mise devant le fait accompli je n'ai eu que deux options : soit me trimballer un sac à dos lourd comme un premier jour de soldes avec tout le nécessaire pour camper à la belle étoile soit accepter de passer une nuit en collectivité. Maugréant comme je sais si bien le faire, je finis par accepter la mort dans l'âme et grâce aux arguments de Hugo.

Il faut dire qu'il sait y faire pour me rassurer le guide chevronné. A 32 ans, Hugo n'a pas vraiment le profil du montagnard aguerri, mais connait les Pyrénées comme sa poche. Élevé aux grains et au grand air, ce célibataire pas endurci joue les moniteurs de ski en hiver et les guides en été.
Grand prince, il accepte de ralentir le pas pour marcher avec moi et laisse les trois inséparables partir à l'assaut du sommet. Si j'ai bien du mal à respirer normalement et que mes muscles se rappellent à mon bon souvenir à chaque mouvement, je m'accroche et gravis peu à peu les pentes qui s'enchaînent. Patient et doux, Hugo m'encourage sans en faire trop et me donne un petit coup de pression quand il me sent sur le point de redescendre en courant.
La pause sandwich nous donne l'occasion d'en savoir plus l'un sur l'autre et je découvre un homme qui n'est pas seulement adepte de la green attitude, mais qui est aussi passionné par l'Asie et qui a surtout le regard qui frise quand il jette les yeux sur moi alors que je me sens poisseuse et engoncée dans mon short et que j'obsède sur mon épilation des mollets.

"Mon coeur se mettre à battre plus vite"

Je dois avouer qu'il commence à me faire un certain effet et mon cœur se met à battre plus vite. Nous repartons quelques minutes plus tard à l'assaut de cette satanée montagne et nous arrivons au refuge en fin d'après-midi. Installées depuis deux bonnes heures, Sophie, Maëlle et Coralie sont attablées avec un groupe d'Italiens et semble à peine remarquer ma présence. Je rêve de prendre une bonne douche mais je comprends vite que nous ne sommes pas à l'hôtel !
Le dîner est un peu trop bruyant à mon goût car nous sommes nombreux dans le refuge... Je m'isole rapidement avec Hugo pour continuer notre discussion. La nuit est tombée et la fraicheur aussi. Il me propose son pull et me frotte légèrement les épaules pour me réchauffer: je sens un frisson me parcourir l'ensemble du corps comme si j'étais traversée par un courant électrique.
Hugo sent immédiatement mon trouble et tente de me prendre la main mais je m'écarte et décide de retrouver le groupe dans le refuge. J'ai déjà eu une aventure d'une nuit avec un collègue lors d'un séminaire, il y a un an, et j'ai tellement culpabilisé que je me suis jurée de ne pas céder de nouveau à la tentation.
Je décide d'aller m'écrouler sur mon lit de fortune, mais au bout de quelques minutes je réalise que la nuit risque d'être courte : les Italiens chantent à tue-tête dans la pièce d'à côté et les quelques randonneurs qui ont aussi décidé de dormir se retourne bruyamment pour trouver le sommeil. 
Au bout de 10 minutes de soupirs et de jurons étouffés, je rejoins l'extérieur dans l'espoir de prendre un peu l'air à défaut de trouver le sommeil. Surprise je tombe nez à nez avec Hugo qui a choisi d'installer une tente face au pic du Balaïtous. "J'ai besoin parfois de me retrouver seul et j'ai moi aussi un peu de mal avec l'ambiance dortoir", reconnait-il en souriant alors que je m'étonne de sa tentative de fuite.
Je décide de m'asseoir à côté de lui et de l'écouter me décrire la grande Ourse dont j'avais presque oublié l'existence. L'obscurité nous entoure rapidement tandis que nos congénères continuent à s'égosiller non loin de nous.

"Nous passons une nuit torride alors que la température l'est nettement moins !"

J'ai encore un peu froid mais épuisée par la journée et grisée par le sentiment de liberté, je me blottis contre mon compagnon d'infortune.
Je ne sais pas comment ni surtout pourquoi mais quand nos lèvres se rencontrent je n'ai plus aucun scrupule et encore moins de retenue. Isolés du monde, dans une tente minuscule, nous passons une nuit torride alors que la température l'est nettement moins !

Quand je me réveille, j'ai la sensation étrange d'être parfaitement en communion avec la nature alors que d'ordinaire je ne me sens bien que sur le bitume.

Un café préparé avec les moyens du bord achève de me conforter dans l'idée que cette parenthèse hors du temps m'a fait un bien fou. 

Ma sœur et ses amies qui ont encore du mal à supporter les excès alcoolisés de la veille me trouvent étrangement une mine superbe et surtout la jambe légère quand elle me voit dévaler les pentes pour repartir.
Avant de rejoindre nos voitures, je fais un clin d'œil à Hugo. Je ne lui ai pas parlé de Christian mais je crois qu'il a compris : l'alliance sans doute.

Nous n'avons pas échangé nos numéros de portables. C'est mieux ainsi. Hugo restera dans un coin de ma tête et la preuve vivante que la montagne, ça vous gagne !