Pourquoi les femmes fuient-elles les sites et applis de rencontres ?

Si le marché de la séduction ne s'est jamais aussi bien porté que durant cette dernière décennie, les créateurs d'applis et sites de rencontres font face à un problème. Les femmes boudent Meetic, Tinder et consorts. Un réel manque à gagner pour les développeurs, qui peuvent néanmoins se tourner vers la communauté LGBTQI, friande de coups de coeur sur Internet.

Pourquoi les femmes fuient-elles les sites et applis de rencontres ?
© neydt

Qu'y avait-il bien avant que les sites et applications ne deviennent légions ? Difficile de se souvenir du temps où l'ont passaient par des agences et ou les petites annonces faisaient le travail, au XIXe siècle. "Les agences matrimoniales proposent leurs services aux familles aisées pour servir d'intermédiaires. Elles se rémunéraient sur la dot si l'appariement réussissait", explique Marie Bergstrom, chercheuse à l'Institut National des Etudes Démographiques au Point. Pour les moins fortunés de l'époque, il suffisait de poster une annonce dans la presse afin d'informer les lecteurs qu'on avait une fille à marier. Il fallait néanmoins avoir quelques sous de côté, ce service étant payant... Depuis, le Web est passé par là. A l'aune des années 90, les premiers sites de rencontres apparaissent aux Etats-Unis comme Match.com en 1995, et en France avec Netclub.fr en 1997 et Amoureux.com en 1998.
Aujourd'hui, si les sites et applis ont su se spécialiser pour se démarquer (rencontres extra-conjugales avec Gleeden, une rencontre par jour avec Once), le secteur souffre tout de même d'une pénurie : les utilisateurs ont du mal à trouver... des candidates à l'amour. Déçus, ils quittent les sites/applications. Mais où sont les femmes en quête d'aventure(s) en ligne ?   

Insultes, machisme : les sites et applis de rencontres, un terrain glissant pour les femmes ?

D'après l'auteure de Les Nouvelles Lois De l'Amour (La Découverte), Marie Bergstrom ces nouveaux espaces de rencontres s'expriment et reproduisent les inégalités de genre que l'on retrouve dans la société, tant hors-ligne (premier rendez-vous par exemple) qu'en ligne. En effet, certains supports proposent des formules payantes ou semi-payantes qui, le plus souvent, ne ciblent que la gent masculine. Ainsi, selon une étude de l'INED datant de février 2016, chapeautée par la chercheuse, 45% des hommes déclarent avoir déjà souscrit à une offre de ce type contre seulement 18% des femmes.
"Les services de rencontre sont pensés pour les hommes, qui constituent 80 % des utilisateurs. Les applications gagnent de l'argent lorsqu'ils restent le plus longtemps connectés", annonce Antoine Géraud, créateur d'Abricot.co à nos confrères du Point. Mais si les femmes sont une denrée "rare" pour les développeurs, c'est pour une autre raison. Selon Marie Bergstrom, les femmes se mettent en couple plus tôt que leurs homologues masculins, ce qui explique qu'elles ne cherchent pas l'amour (ou autre chose...) sur Internet. 
Autre réalité à ne pas omettre, et qui pourrait expliquer ce phénomène, c'est le comportement de certains utilisateurs. Insultes, envoi de photos inappropriées : bien qu'elles ne paient pas pour s'inscrire, les femmes sont agressées gratuitement, comme le dévoile les comptes Instagram ByeFelipe et A Girl On Tinder.

Coups d'un soir, relations extraconjugales, mais peu de passion et d'unions sur la Toile 

Si côté utilisation, les hommes utilisent (un peu) plus les sites de rencontres que les femmes (35% contre 23% chez les 26-30 ans, 24% contre 18% des 31-35 ans, 19,5% contre 13% des 36-40 ans), moins de 9% des sondés se sont mis en couple, entre 2005 et 2013, grâce à une rencontre via Internet. Sur l'ensemble de la population, ce chiffre tombe à 2% ! La réputation des sites et applis n'est plus à faire : il est connu que les utilisateurs se servent de ce biais pour des rencontres occasionnelles et flirts, comme l'avouent 70% des utilisateurs.
Autre fait intéressant, les couples hétérosexuels se rabibochent plus facilement via les canaux virtuels : 10% des unions qui se sont formées entre 2005 et 2013 étaient des unions ultérieures, tandis que "seules 5 % des premières unions proviennent des sites" nous apprend le rapport de l'INED.  

Les couples homosexuels trouvent davantage leur bonheur via leur écran

Ces nouveaux modes de rencontre semblent avoir trouvé grâce aux yeux des personnes homosexuelles, qui peuvent souffrir de discriminations dans la vraie vie ou se voir confrontées à des difficultés de par leur orientation sexuelle. D'après l'étude de l'INED, une personne homosexuelle sur 3 a trouvé son partenaire grâce à Internet.