Couple : il y a 4 styles d'attachement, quel est le vôtre ?

Vous avez peur de l'abandon, dès que les choses deviennent sérieuses vous prenez vos distances, votre indépendance vous empêche de tisser des liens profonds ? Votre style d'attachement peut y être pour quelque chose...

Couple : il y a 4 styles d'attachement, quel est le vôtre ?
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Devenue tendance sur les réseaux sociaux, la théorie de l'attachement est conceptualisée par le psychologue John Bowlby qui a publié trois livres sur le sujet entre 1969 et 1980. Il a ainsi mis en évidence le rôle de la qualité des liens tissés par le bébé et l'enfant avec ses parents et l'impact sur son fonctionnement en grandissant. La psychologue Mary Ainsworth, sa collaboratrice, a repris ses travaux afin de définir les différents styles d'attachement. "Cela donne une grille de lecture compréhensible sur ce qu'il se passe dans les relations", nous confirme la psychologue clinicienne Laetitia Bluteau.

D'où vient notre style d'attachement ?

"Le cadre dans lequel l'enfant se développe va influencer son style d'attachement", débute Laetitia Bluteau. Ce qu'il ressent, comment il interprète les gestes et les mots de ses parents, comment ces derniers s'occupent de lui et répondent à ses besoins. "Si les parents sont perturbés, n'arrivent pas à répondre aux besoins du bébé, celui-ci va devoir s'adapter, il doit se mouler dans le mode relationnel de ses parents". L'attachement lui sert à maximiser ses chances de survie, "il va gagner un maximum de proximité en fonction de ce qui est disponible". Il maintient la proximité et apprend à faire fonctionner son lien pour être au plus proche de ses parents. En grandissant, ce style d'attachement va se faire ressentir dans tous les domaines dans lesquels il y a des relations, "mais il sera plus fort dans les relations amoureuses", ajoute la psychologue. 

Sécure, anxieux, évitant ou désorganisé ?

La psychologue Mary Ainsworth a défini quatre styles d'attachement : sécure, anxieux, évitant et désorganisé.

  1. L'attachement sécure : Souvent considéré comme le style d'attachement le plus "sain", il concerne les personnes qui ont grandi dans un environnement stable. "Les parents répondent suffisamment aux besoins de l'enfant, qui n'a pas de difficulté pour se lier aux autres", développe Laetitia. En grandissant, cela devient un adulte qui a confiance en lui et dans ses relations. "Il a la capacité de trouver du réconfort, de demander de l'aide, tout en étant autonome et en réussissant à trouver des solutions par lui-même". Un individu au type d'attachement sécure voudra passer du temps avec les autres pour entretenir ses relations, tout en prenant des moments pour soi et ses projets personnels. 
  2. L'attachement anxieux : "L'enfant avance dans un univers relationnel assez émotionnel, avec des parents un peu tourmentés, dans un cadre assez bruyant", met en évidence la spécialiste. Le bébé et le petit enfant déploient une hyper vigilance par rapport à la figure d'attachement afin de recevoir un maximum de proximité. "Des fois, tout va bien, d'autres fois non, il peut y avoir beaucoup de rire et de présence de la part des parents, puis plus du tout". En grandissant, l'enfant garde cette hypervigilance, il ne fait pas confiance et doute beaucoup, de lui et des autres. "La peur d'être abandonnée est très présente, la personne a l'attachement anxieux, pense qu'elle n'est pas capable de se débrouiller seule, elle dépend de l'attention". Dans les relations amoureuses, une dépendance se crée. C'est un style d'attachement qui crée beaucoup d'anxiété, de colère et de reproche.
  3. L'attachement évitant : Second style d'attachement insécure, il se met en place dans un contexte de désactivation de l'attachement. "Les parents sont peu réceptifs aux signaux du bébé, il peut y avoir une forme de négligence de l'aspect émotionnel, ils peuvent le laisser pleurer par exemple". Il y a alors un manque de chaleur dans la relation et de confort. L'enfant grandit en passant du temps seul, sans contact et sans stimulation. "Il devient un adulte très indépendant, avec une extrême autonomie, sans état d'âme émotionnel", conclut-elle.
  4. L'attachement désorganisé : Plus complexe, l'attachement désorganisé concerne les enfants qui ne savent pas réellement comment faire fonctionner la relation, à la différence de "l'attachement anxieux va faire du bruit, l'attachement évitant se débrouiller seul", souligne Laetitia. L'enfant grandit dans un paradoxe, entre son besoin d'être pris en compte pour activer l'attachement, et sa peur. "À l'âge adulte, c'est un mode d'attachement dans lequel il y a des aspects contradictoires. Par exemple l'envie de connecter et d'être en lien, et le dégoût quand une relation se présente, la mise à distance", rajoute Laetitia.

Connaître son style d'attachement permet de comprendre ce qui nous génère du stress

"Ces catégories ne sont pas étanches", souligne par ailleurs la psychologue. Connaître son style d'attachement permet de comprendre ce qui nous génère du stress. Cela vient expliquer certaines habitudes qui se répètent, on peut alors avancer dans ses relations. "Mes patients me disent que c'est comme une bouffée d'oxygène : cela donne de l'espoir de comprendre ce qui se passe, après des années à répéter les mêmes expériences dans les relations, en lien avec le système d'attachement". Dans un couple déjà établi, la combinaison anxieux-évitant peut être difficile puisqu'il y aura une grosse demande dans le travail de couple, la communication n'est pas simple entre une personne qui a besoin d'attention pour se sentir en sécurité et un qui préfère l'autonomie. "Toutefois, ce qui est positif, c'est d'être dans un couple dans lequel les partenaires ont décidé de prendre la responsabilité chacun, d'ouvrer sur cet attachement". Ainsi, il est possible d'améliorer sa relation sans remettre systématiquement la faute sur l'autre, en essayant plutôt de comprendre, d'arranger, d'améliorer et de sécuriser le lien. Si vous avez un style d'attachement anxieux, évitant ou désorganisé, il sera tout à fait possible de le modifier pour atteindre un attachement sécure. "C'est du travail personnel, mais aussi lié aux choix relationnels que l'on peut faire". Effectivement, le style d'attachement est stable dans le temps. Dès lors, si on veut que celui-ci se module et change, il est nécessaire de faire un travail sur ses relations. En fréquentant essentiellement des personnes qui ont des insécurités puissantes, il sera difficile de changer son style d'attachement.

Merci à Laetitia Bluteau, psychologue clinicienne.