"Le soir de mon mariage, j'ai tout avoué à ma mère, je ne pouvais plus faire semblant" (Charlotte, 29 ans)

Quand Hugo fait sa demande en mariage, Charlotte dit "OUI" sans hésiter une seule seconde. Pourtant, le soir du mariage, dans sa belle robe blanche, la jeune mariée craque.

"Le soir de mon mariage, j'ai tout avoué à ma mère, je ne pouvais plus faire semblant" (Charlotte, 29 ans)
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J'ai 29 ans quand je rencontre Hugo par le biais d'amis en commun lors d'un dîner. Ce n'est pas le coup de foudre immédiat de mon côté. Il a 15 ans de plus que moi et une vie plus dissolue que la mienne. Il vient tout de juste de divorcer et a un petit garçon d'un an en garde alternée… Un tableau qui ne me vend pas du rêve sur le moment. Mais je "lui tape dans l'œil" immédiatement et donc il déploie une énergie assez folle pour me séduire, dans les semaines qui suivent ce dîner. Son intelligence, son humour et son charisme finissent par me convaincre de tenter une histoire avec lui.

Après tout pourquoi pas ?

Je suis célibataire depuis quelques années et je vis assez mal cette solitude imposée. Les premiers mois filent rapidement au rythme de sa garde alternée, j'ai besoin de temps avant de rencontrer son fils qui est encore bébé. Évidemment, le fait de ne se voir qu'une semaine sur deux attise le désir, nourrit le manque et nos retrouvailles sont à chaque fois explosives. Ses 15 ans de plus lui assurent sexuellement une certaine expérience et je me réjouis chaque jour d'avoir tenté cette histoire avec lui si différente de celles que j'ai pues expérimenter auparavant. Au bout d'un an, j'accepte enfin de rencontrer son fils. Je me plonge au fil des semaines dans ce nouveau rôle de belle-mère qui me met assez mal à l'aise. Je n'arrive pas à me positionner et je me sens assez gauche face aux besoins de son enfant. Je n'ai, de mon côté, aucun désir de maternité et je me sens à certains moments démunie face à ce que je dois faire : changer une couche, faire un biberon, des câlins… Mon manque d'assurance dans mon rôle de belle-mère amuse au début Hugo mais très vite finit par l'agacer. Notre "phase de lune de miel" et de retrouvailles explosives une semaine sur deux laissent place à un quotidien moins glamour.

Je ne me sens pas à ma place, mais je suis amoureuse

Je continue à m'embarquer dans cette vie de famille malgré moi tout en gardant mon indépendance car je conserve mon appartement les 4 premières années de notre histoire. Cela me permet de me retrouver quand cette vie à 3 m'étouffe, de préserver mon indépendance et une certaine forme d'intimité. Au fil des années, Hugo commence à insister pour que je lâche mon appartement et que je vienne vivre chez lui, m'assurant que je pourrai conserver mon autonomie et que je ne serai pas obligée d'assumer pleinement mon rôle de belle-mère. Comme lors de notre rencontre, il finit par me convaincre. J'emménage donc chez lui et me retrouve un peu plus coincée dans cette vie de famille que je subis une semaine sur deux. La semaine où nous sommes solo n'a plus la même saveur qu'auparavant. Je suis un peu déçue mais Hugo m'assure que l'on va trouver nos marques. Je m'éloigne petit à petit surtout la semaine où son fils est présent. Je sors avec mes copines ou bien mes collègues et je déserte peu à peu le domicile conjugal.

Nos tensions et nos disputes se multiplient mais je dis "oui"

Nos tensions et nos disputes se multiplient mais Hugo prend les choses en main en m'organisant un week-end surprise à Rome, ma ville préférée. Au gré des pizzas et des balades, je retrouve mon amour, et je suis à nouveau séduite par Hugo, son amour et son charisme. C'est tout donc naturellement que lorsqu'il me fait sa demande devant un bon plat de pâtes, je n'hésite pas une seule seconde. Je n'envisage pas de le quitter ni l'avenir sans lui malgré les tensions du quotidien et cette vie de famille que je n'ai pas vraiment choisie. Je passe 6 mois à préparer ce mariage, entre le choix du traiteur, celui de la robe, je me perds dans cette organisation qui me fait occulter notre quotidien. Une semaine avant le jour J, je commence à faire des insomnies, j'ai parfois des montées d'angoisse mais je mets cela sur le coup du stress du mariage….

Le jour J, rien ne va

Le matin de la mairie, j'enfile ma robe avec mes témoins mais tout m'oppresse, je la sens serrée, elle me gratte, mes chaussures me font mal… Bref, rien ne va mais une fois de plus, je me dis que c'est normal. Au moment d'échanger nos vœux, j'ai l'impression que quelqu'un d'autre parle à ma place… J'ai envie de partir en courant mais je dis "oui" et j'enfile cette alliance. Au cocktail, j'échange quelques sourires, je me sens mal alors que cela devait être un jour de fête. Je fais semblant de me réjouir face à mon mari, la famille et les amis. Au milieu du repas, ma mère m'attrape dans un coin et me questionne. "Tu n'as pas l'air dans ton assiette… C'est le soir de ton mariage." Je lui avoue mes doutes et lui confie "je crois avoir fait une erreur" en fondant en larmes. Elle me dis de tenir bon, met mon comportement sur le dos du stress et m'assure, sans grande conviction, que ça ira mieux dans les jours à venir. Je prends sur moi ce soir-là et dans les jours suivants…

Il faut toujours écouter sa petite voix intérieure ! 

Mais mon malaise et mes angoisses demeurent. Un mois plus tard, j'avoue à Hugo mon erreur, celle de m'être embarquée dans cette vie dont je ne veux pas. Il a accepté ma décision sans chercher à me convaincre cette fois-ci. Nous avons divorcé sans heurts dans la foulée. Aujourd'hui, je n'ai pas de regret, car cela fait partie de mon caractère et j'ai vécu, malgré tout, une belle histoire. J'ai transformé ma robe de mariée en robe estivale. Mais je retiens tout de même une leçon de ce mariage raté : il faut toujours écouter sa petite voix intérieure !