"Je suis en couple avec mon stagiaire pourtant ça ressemblait à une mauvaise idée"

Noémie est en couple quand elle rencontre Thomas, son nouveau stagiaire. Freinée par leur différence d'âge, elle tente de se raisonner. Mais l'alchimie est trop forte...

"Je suis en couple avec mon stagiaire pourtant ça ressemblait à une mauvaise idée"
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Dans notre boîte, les stagiaires sont des électrons libres. Quand Thomas a été embauché, j'étais occupée à droite à gauche parce que les effectifs étaient réduits. Je n'ai pas participé à son recrutement et j'ai dû lui adresser la parole pour la première fois trois semaines après son arrivée. La première fois, donc, j'ai été le voir afin d'obtenir des renseignements sur une mission qu'un collègue lui avait donnée à faire. Il n'a pas su me répondre sans bégayer, subjugué par mon immense beauté. Ça, c'est lui qui le romance aujourd'hui. Moi, je n'ai juste pas bien compris ce qu'il m'expliquait, alors j'ai sûrement froncé les sourcils avant de dire "OK".

J'étais avec mon mec depuis 6 ans

Ensuite, je suis partie en vacances trois semaines avec mon mec, avec qui j'étais depuis six ans. Petite précision, pas des moindres : mon mec bossait avec moi, au même endroit. Ça n'allait pas très bien dans notre couple. Enfin, si, ça allait bien, simplement on ne s'aimait plus comme un couple doit s'aimer. Bref, les vacances étaient très bien (tout de même), je suis rentrée avec un beau bronzage et des questions sur une potentielle rupture et la vie a repris comme avant. Quelques semaines plus tard, mon mec et moi avons rompu. Ensemble, nous avons fait le constat qu'on ne s'aimait plus et depuis trop longtemps pour que ça se rattrape. Je suis partie habiter chez une copine. Mon intérêt pour Thomas est né le jour où il m'a envoyé une chanson de rap. Il m'avait entendue parler de mes préférences musicales à la cantine. Il a visé juste. Jusqu'ici, je ne lui prêtais pas vraiment attention. Après ça, nous avons commencé à discuter de tout, de rien, et puis de plus en plus. Je suis une "fille aux relations longues" et toutes mes histoires ont démarré sur un feeling. Ça fait cucul la praline de dire ça mais je crois au truc de l'alchimie. Et là, avec Thomas, j'ai su qu'il y en avait une. Pourtant, je faisais tout pour me convaincre du contraire. Parce que c'était mon stagiaire, parce que je venais à peine de me séparer, et parce qu'il avait trois ans de moins que moi, soit une année de moins que mon petit frère, même si, plus que l'âge en lui-même, c'était la différence d'expériences dans nos vies qui me freinait.

"Couche avec lui pour voir"

Tout était réuni pour que ça ressemble à une mauvaise idée. D'ailleurs, quand j'en parlais avec mes copines, leurs conseils étaient "ne fais pas ça" ou "couche avec lui pour voir mais c'est tout", mais surtout "ne lui fais rien espérer". Mais je ne sais pas pourquoi, au fond de moi, un truc me disait que ça valait le coup quand même. Alors j'ai continué d'échanger avec Thomas. Évidemment, on ne disait rien à personne de ces échanges. J'étais charmée, toujours plus. Un jeu de séduction s'installait clairement. 

On mettait la luminosité de nos écrans au minimum, pour que nos collègues ne nous voient pas

On mettait la luminosité de nos écrans au minimum, pour que nos collègues ne voient pas à qui on était en train d'écrire. On faisait comme si on ne se connaissait pas plus que ça. Quand il entrait dans mon open space, il y avait un peu de gêne mais pas trop. Cette période était assez excitante. On se donnait rendez-vous dans des cages d'escaliers ou des recoins de rue pas très loin du bureau. On était un peu hors du temps et de l'espace. On arrivait à des soirées avec des dizaines de minutes d'écart pour ne pas éveiller les soupçons et on ne se parlait quasiment pas. On s'observait juste. Pour se dire bonjour, on était obligé de se faire la bise. Parfois, il me tapait carrément sur l'épaule en me souhaitant un bon week-end. Je me souviens aussi d'une collègue qui n'arrêtait pas de le chauffer, en ondulant devant lui, alors que j'étais juste à côté. Ça nous faisait rire.

"Tes déjà allé au restaurant ?"

Puis, on a commencé à se voir en dehors. A ce moment-là : je n'osais jamais lui proposer de faire des trucs, aller au resto, au cinéma, parce que je me disais qu'avec son salaire de stagiaire, il ne pouvait pas se le permettre. Je n'avais pas envie d'avoir le rôle de la vieille qui paie tout. Une fois, je lui ai même demandé : "Mais t'es déjà allé au restaurant ?". Il avait 26 ans à l'époque, il m'a donc évidemment répondu "oui". Toujours étant qu'il y a eu plusieurs dates pendant lesquels on a fait que marcher. Une nuit, on a parcouru Paris dans tous les sens, presque 10 kilomètres... Avec le recul, c'est beau mais un peu ridicule. Aucun de nous deux n'a eu l'idée de se poser dans un bar, ce que font les gens normaux. Il ne savait pas vraiment comment aborder la chose. D'après ce qu'il dit, je suis "la fille qu'il a toujours cherchée, physiquement et mentalement". Il ne pensait juste pas que cette fille serait sa supérieure hiérarchique. Mais bon, il était plus "libre" que moi. Il venait d'arriver dans la boîte, il ne connaissait personne autant que moi, il s'en foutait. Et iI ne venait pas de se séparer : sentimentalement, il était plus léger. Il attendait que je sois prête, même s'il ne pouvait pas vraiment deviner où j'en étais, malgré tous les signaux. Naturellement, c'est lui qui a fait le "premier pas". Mais j'ai forcé ce premier pas. Nous nous sommes retrouvés pour un concert. C'est là que Thomas m'a embrassée. Nous sommes rentrés séparément.

La première fois c'était dans sa chambre étudiante

La première fois que nous avons couchés ensemble, c'était chez lui. Il vit dans un studio de 17 m2 au 6e étage. Je l'avoue, quand je suis entrée, je me suis dit "putain, j'ai bientôt 30 ans et j'ai mis un terme à une relation de six ans pour me retrouver avec un mec qui vit dans une chambre étudiante". Mais finalement, ça s'est bien passé. La première fois, lui a eu cette pensée de "je couche avec ma cheffe", comme après le premier baiser. Mais moi, jamais. Dans l'action, en tout cas, jamais je ne me suis pas pris en pleine figure qu'il était mon stagiaire. Quand son stage a pris fin, il a été appelé pour bosser ailleurs. J'ai fini par l'annoncer aux autres au travail, il y a eu deux réactions : "Je ne sais pas pourquoi, j'en étais sûr(e)" et "C'est vraiment cool".

Que du positif

Que du positif. Bien entendu, une des premières personnes à qui je l'ai dit a été mon ex. Je ne voulais pas qu'il l'apprenne par quelqu'un d'autre. Il l'a très bien pris, m'a répondu que Thomas avait vraiment l'air d'être un mec bien, avant d’enchaîner avec un "Je ne sais pas pourquoi je te dis ça, ça devrait m'énerver". Aujourd'hui, ça fait deux ans qu'on est ensemble et ça se passe merveilleusement bien. Je ne sens aucune différence d'âge ou de génération. On habite toujours chacun chez soi. Après ma rupture et mon passage chez une copine, je voulais me retrouver un peu toute seule. Et puis, finalement, c'est bien comme ça. Lui est toujours dans sa "chambre étudiante". C'est toujours sportif pour y monter, mais une fois en haut, c'est confortable. Et ça entretient le souvenir...