Le jour où Émilie Le Pennec, 16 ans, a marqué l'histoire de la gymnastique française

Aux Jeux olympiques d'Athènes en 2004, la jeune Émilie Le Pennec a remporté l'or olympique aux barres asymétriques. Une médaille qui est encore aujourd'hui la seule de toute l'histoire de la gymnastique artistique française féminine.

Le jour où Émilie Le Pennec, 16 ans, a marqué l'histoire de la gymnastique française
© Hahn-Nebinger-Zabulon/ABACA

27 secondes qui changeront sa vie. Le 22 août 2004, lors des Jeux olympiques d'Athènes, une jeune Française se présente en finale des barres asymétriques. Elles sont huit concurrentes à se disputer la médaille d'or de jour-là. Parmi elles, la Russe Svetlana Khorkina fait figure d'épouvantail avec déjà deux titres olympiques inscrits à son palmarès. Mais comme à chaque finale de ce sport à haut risque, tout peut arriver. Émilie Le Pennec, 16 ans, l'a bien compris. Née le 31 décembre 1987 en région parisienne, la petite fille fait ses premiers pas dans une salle de gymnastique à l'âge de 6 ans. Licenciée à l'US Créteil, elle s'entraîne à l'INSEP depuis seulement 3 ans, lorsque qu'elle est sélectionnée pour ses premiers Jeux olympiques à Athènes. Une compétition qu'elle prépare avec détermination. Son objectif : réussir un def, du nom de son créateur Jacques Def, un mouvement composé d'un lâché salto arrière tendu avec une vrille et demi. Si Émilie Le Pennec le réussit le jour J, elle pourrait bien prendre une longueur d'avance sur ses adversaires.

Prendre des risques

Après avoir terminé quatrième des qualifications, la gymnaste française est la sixième concurrente à passer en finale. Justaucorps blanc, chouchou rouge dans les cheveux dans lequel elle a caché le bracelet de sa meilleure amie pour lui porter chance, Émilie Le Pennec effectue ses différents rituels, salue les juges puis s'élance. Son def est placé au début de son programme. Son entraîneur, Yves Kieffer, se place alors à côté des barres pour rattraper son athlète en cas de chute. Mais Émilie Le Pennec ne tremble pas et réussit la figure avec brio. Le public ne s'y trompe pas. La jeune fille doit maintenant rester concentrée. 27 secondes se sont écoulées lorsqu'elle effectue sa sortie : "Elle est sur le podium avec ça !", clament les commentateurs de la compétition diffusée sur Canal +.

Une interminable attente

Avec une note de 9,687, Émilie Le Pennec prend la tête du concours. Sourire aux lèvres, elle tombe dans les bras de sa coéquipière et amie Marine Debauve. Deux concurrentes doivent encore lui succéder. Et la suivante s'appelle Svetlana Khorkina. Après ses sacres à Atlanta et Sydney, la Russe a l'avantage de l'expérience. Elle s'élance, réussit son élément le plus important puis… chute lors du suivant. Coup de tonnerre. Elle ne sera pas sur le podium. L'Américaine Terin Humphrey est la dernière à passer. Émilie Le Pennec ne la regarde pas. Après un mouvement réussi, mais moins difficile que celui de la Française, sa note s'affiche : 9,662 points. La gymnaste de l'INSEP vient de remporter le titre olympique et la première et seule médaille française féminine de toute l'histoire de la gymnastique. Dans les tribunes, ses parents sont en larmes. "J'étais dans ma bulle toute la journée et je me suis retrouvée happée dans un tourbillon", raconte Émilie Le Pennec, vingt ans après. "Je ne mesurais pas du tout la portée de ce moment, mais je savais ce que j'avais donné pour y être."

L'année suivante, la Française s'adjugera le titre européen sur le même agrès. En 2007, elle choisit de mettre fin à sa carrière après de multiples blessures. Émilie Le Pennec poursuit alors des études pour devenir kinésithérapeute, un métier qu'elle exerce encore aujourd'hui, tout en gardant un œil sur la gymnastique. Elle a notamment été consultante pour Canal + ou Eurosport lors des éditions suivantes des Jeux olympiques. Aura-t-elle la chance de commenter les exploits d'une future médaillée française cet été ? À suivre.