Laëtitia Guapo : "Les JO de Tokyo sont le pire souvenir sportif de ma carrière"

L'été prochain, elle espère décrocher la plus belle des médailles lors du tournoi de basket 3x3 des Jeux olympiques de Paris 2024. Laëtitia Guapo, 28 ans, y consacre toute son énergie et sa folle endurance. Ambassadrice Garmin, la sportive se confie sur ces mois décisifs avant le jour J.

Laëtitia Guapo : "Les JO de Tokyo sont le pire souvenir sportif de ma carrière"
© Equipe AURA La Plagne 3x3

Connaissez-vous le basketball 3x3 ? Ce sport urbain, au programme des Jeux olympiques depuis 2020, a des règles quelques peu différentes de son homologue, le basketball 5x5. Ici, deux équipes de trois joueuses s'affrontent sur un demi-terrain, avec un seul panier, durant 10 minutes (excepté si l'une des deux équipes atteint les 21 points avant le coup de sifflet final). Du 30 juillet au 5 août prochain, la place de la Concorde sera le théâtre du tournoi olympique de Paris 2024. Parmi les huit équipes féminines sélectionnées, la France tentera d'aller décrocher l'or. Pour ce faire, la fédération française de basket a mis en place pour la toute première fois un groupe de huit joueuses professionnelles entièrement dédiées à la préparation de l'événement. Parmi elles, Laëtitia Guapo, 28 ans, originaire de Clermont-Ferrand. Du haut de son 1,82 m, celle qui a remporté la coupe du monde et la coupe d'Europe de 3x3 en 2022 compte bien tout donner pour compléter son palmarès. Rencontre.

Journal des Femmes : Quelle place avait le sport dans votre famille ?
Laëtitia Guapo : 
Je viens d'une famille très sportive. Ma mère faisait du basket, mon père pratiquait le football. Mes grands-parents ont aujourd'hui 78 et 76 ans et ils font encore 240 km de vélo chaque semaine. J'en suis très fière. Mais même si tout le monde est actif, je ne viens pas d'une famille qui connaît le haut niveau. Ça n'a pas été facile, au début, de comprendre comment cela fonctionnait. Et si mes parents m'ont toujours soutenue, ils ont aussi tenu à ce que je poursuive mes études. Plus jeune, ma mère m'avait fait signer une attestation sur l'honneur pour que j'obtienne un diplôme en parallèle du basket. Mais ils sont très fiers de mon parcours et viennent me voir en compétition dès qu'ils le peuvent. Ils étaient présents à Vienne lors de la dernière coupe du monde et c'était même la première fois que mon père prenait l'avion. 

Pourquoi avoir choisi le basket ?
J'ai commencé le basket à l'âge de 8 ans. Dans mon village, il n'y avait pas beaucoup d'autres sports. Ma maman et mes copines en faisaient, c'était un sport en salle. J'adore l'esprit d'équipe que l'on y trouve, le fait que mes coéquipières soient un peu ma deuxième famille. Et les émotions que ce sport fait vivre, qu'elles soient positives ou négatives. 

Quelle est votre principale qualité sur le terrain et ce que vous aimeriez améliorer ? 
Je peux faire la différence grâce à mon endurance. Dans les trois dernières minutes d'un match, quand tout le monde est mort, je sais que j'en ai encore sous la semelle. C'est une qualité que je travaille, mais je pense qu'il y a aussi une part d'innée. Mon père courait le 10 km en moins de 30 minutes. Petite, il m'emmenait courir avec lui et ne me laissait jamais gagner. Concernant ce que je veux améliorer, je dirais mon tir extérieur. Le basket reste un sport d'adresse. 

Depuis septembre 2023, vous avez intégré le groupe de 3x3 professionnel en vue de Jeux olympiques de Paris 2024. Pourquoi était-il important pour vous d'en faire partie ? 
Pour ne pas avoir de regrets. Quand on m'a proposé cette opportunité, j'ai compris que la fédération française de basket mettait tout en œuvre pour remporter l'or aux Jeux olympiques de Paris. À Tokyo en 2021, nous sommes repartie-s avec la médaille en chocolat. Elle reste encore bien coincée en travers de la gorge. Le 5x5 et le 3x3 sont très différents et c'est top de pouvoir se concentrer sur les spécificités de la discipline.  

Laëtitia Guapo à l'entraînement © Garmin

Qu'avez-vous appris de cette première expérience olympique à Tokyo ? 
Si on ne participe pas à des Jeux olympiques, on ne peut pas comprendre ce que c'est. Je veux revivre cette expérience, même si paradoxalement, cette compétition est aussi le pire souvenir sportif de ma carrière. J'y suis allée pour gagner une médaille et j'ai dégringolé de plusieurs étages en finissant au pied du podium. Ça a été difficile de faire le deuil de ce tournoi. L'année d'après, nous sommes devenues championnes du monde et je ne pouvais rêver d'une meilleure manière de rebondir. Tokyo m'a appris que même si on est à terre, il est toujours possible de se fixer de nouveaux objectifs et de travailler pour les atteindre. Cette coupe du monde est ma plus grande fierté alors qu'un an auparavant, j'étais dévastée par notre défaite aux Jeux olympiques. 

Vous rêvez de prendre votre revanche aux Jeux olympique de Paris ?
J'ai d'abord pour objectif personnel de faire partie de l'équipe qui disputera le tournoi. Même si la France est déjà qualifiée, nous ne connaissons pas encore le nom des quatre joueuses qui seront sélectionnées pour Paris 2024. Nous sommes encore huit actuellement. Les prochains mois seront décisifs, mais quoi qu'il arrive, nous serons toutes présentes dans le groupe jusqu'à l'entrée des filles au village olympique. C'est un véritable travail d'équipe. Celles qui ne seront pas sélectionnées resteront partenaires d'entraînement. Et si je fais partie des quatre membres de l'équipe finale, je donnerai tout pour aller chercher la plus belle des médailles. Nous la méritons. 

Qu'est-ce que cela représente pour vous de jouer à domicile ?
C'est incroyable. On sent déjà l'effervescence monter. J'ai eu la chance de me rendre dans les locaux de Paris 2024 dernièrement et j'ai pu essayer les tenues que l'on portera pendant la compétition. C'est un petit pas supplémentaire qui me donne encore plus envie d'y être et de représenter la France. 

À quoi vont ressembler les prochains mois pour vous ? 
Nous allons continuer cette préparation olympique en alternant des stages, un peu partout en France, et des semaines de "décharge". Cela change beaucoup du basket traditionnel, car ces semaines-là, nous gérons nos entraînements en solo. Plus nous nous rapprocherons de l'échéance, plus nous allons enchaîner les stages. Plusieurs tournées et matchs de préparation sont également au programme. 

Vous êtes ambassadrice Garmin. Comment la marque vous aide dans votre quotidien de sportive ? 
Au basket, nous n'avons pas le droit de porter une montre sur le terrain. Comme il s'agit d'un sport de contact, cela peut être dangereux. Je porte donc une ceinture cardio pour enregistrer mes activités et je pose ma montre sur ma gourde, au bord du terrain. En revanche, pour la musculation, les shoots ou la course à pied, j'utilise les modèles Fenix 7 Pro ou Forerunner 265S. Au basket 3x3, nous travaillons beaucoup avec la data. Cela m'aide énormément de voir mon rapport d'activité quotidien ou hebdomadaire pour ajuster ma charge de travail. Je suis très heureuse de ce partenariat. Lorsque j'ai commencé le sport, je rêvais de représenter une marque comme Garmin. 

Qu'est-ce que le sport apporte à votre vie ? 
Le sport, c'est vraiment toute ma vie. J'ai beaucoup de chance. J'ai une famille qui m'a montré la voie en m'inculquant cette hygiène de vie, j'ai un compagnon qui est aussi basketteur de haut niveau avec qui je peux partager ma passion. Je n'imagine pas ma vie sans sport. Plus jeune, je me disais que j'aurais des enfants tôt, mais pour l'instant, je ne me vois pas du tout arrêter. Après cette carrière de basketteuse, j'aimerais même me reconvertir, pourquoi pas dans l'athlétisme, un sport plus souple en termes d'organisation. Je veux continuer à vivre ces émotions fortes.