Aurélien, 39 ans : "Je suis vendeur en animalerie, pacsé et triton"

Avez-vous déjà entendu parler du mermaiding ? C'est un sport venu tout droit des Etats-Unis qui consiste à nager comme une sirène... ou comme un triton ! Aurélien fait partie des Français passionnés par cette pratique intrigante. Il raconte ses deux années dans la peau ou plutôt les écailles d'un poisson. Témoignage.

Aurélien, 39 ans : "Je suis vendeur en animalerie, pacsé et triton"
© Aurélien

Le mermaiding est une pratique sportive et esthétique qui n'est arrivée en France que très tardivement. D'origine américaine, ce phénomène a su séduire un grand nombre de femmes et d'hommes. L'engouement est tel qu'une véritable école de sirène a ouvert ses portes à Marseille en 2015. Des queues de poisson colorées, une maîtrise impressionnante de l'apnée, un mouvement du bassin sensuel et énergique... Être une sirène est une discipline rigoureuse et une vraie passion pour beaucoup.
Aurélien est devenu triton il y a deux ans. Lorsqu'il a entendu parler du mermaiding, il s'est immédiatement jeté à l'eau. Il nous explique précisément en quoi consiste sa passion et ce qui l'émoustille dans le fait de nager avec une queue couverte d'écailles. Un esprit libre qui a su mettre un peu de magie dans sa vie. 

"J'ai découvert ce phénomène en regardant des vidéos sur Youtube"

Je m'appelle Aurélien, j'ai 39 ans et je vis en Charente, en pleine campagne. Je suis vendeur dans une jardinerie au rayon animalerie. Je suis pacsé et je suis triton depuis deux ans. Je pratique donc le mermaiding. Pour vous expliquer simplement, je dirais qu'il s'agit du fait de pouvoir nager comme une sirène. C'est un sport avant tout. En tant que triton, je nage avec une mono-palme en apnée. Il y a, au-delà de la palme, un rajout esthétique qui est le costume, composé essentiellement d'une queue de sirène avec une nageoire. 
Je suis tombé sur un créateur américain qui faisait de magnifiques nageoires en silicone… C'est comme ça que j'ai véritablement commencé à être intéressé. J'ai toujours été très attiré par le milieu aquatique à la base : j'ai toujours nagé et adoré l'eau… En cherchant plus profondément sur Internet, j'ai commencé à trouver des éléments plus précis sur le mermaiding. Cette pratique en était à ses débuts en France : quelques tritons français et sirènes françaises commençaient à avoir un peu de reconnaissance et de visibilité… Par la suite, j'ai trouvé des groupes sur Facebook et des personnes avec lesquelles j'ai sympathisé.

"J'aime cette idée de changer les codes"

© Orianne Koziell

Ce qui me plaît le plus dans cette pratique est son côté un peu fou ! À la base, je suis quand même quelqu'un de timide... Lorsque je suis dans mon apparat de triton, beaucoup de personnes s'interrogent et se montrent curieuses et j'aime cette idée de changer les codes et faire connaître le procédé de la chose. Mes proches me connaissent bien donc ils sont habitués à mes idées un peu loufoques… Ils l'ont plutôt bien pris. J'en ai parlé à mes amis et à mon compagnon. Toutefois, je ne suis pas très fervent des sorties pour rejoindre d'autres sirènes et tritons et faire des rencontres… Cette année je participe néanmoins au concours Mister Triton 2019 qui a lieu au centre aquatique de Val d'Europe le 30 juin. 

"Le concours Mister Triton c'est avant tout pour me surpasser" 

J'ai commencé à avoir des connaissances petit à petit dans ce milieu… Je connais notamment celui qui a créé ce concours et c'est lui qui m'en a parlé. J'ai trouvé l'initiative intelligente car c'est une façon de faire connaître le mermaiding au monde et surtout aux Français ! Comme je suis aussi quelqu'un de réservé, je pense que cela peut me permettre de m'ouvrir d'avantage et de me surpasser. Le bémol, c'est qu'il est très difficile pour les tritons de s'entraîner... Beaucoup de piscines refusent notre présence, surtout en province. Je sais que dans certaines grandes villes cela commence à venir, mais les permissions restent exceptionnelles. Souvent, si on veut vraiment s'entraîner avec notre costume, on le fait dans la nature. À la belle saison, nous plongeons dans les rivières, les étangs ou dans la mer...

© Aurélien

" Une nageoire entièrement en silicone, cela peut monter à quelques milliers d'euros" 

Cette passion commence à prendre pas mal de place dans mon quotidien. Cet amour pour le mermaiding vient d'une vraie admiration pour le monde aquatique. J'ai adoré un grand nombre de films ou dessins animés qui parlent des fonds marins ou du mythe de la sirène. Pour l'instant, je le vis exclusivement comme une passion subsidiaire, mais on verra ce que l'avenir m'apportera… Concernant ma queue de triton, je l'achète sur Internet. Il y en a en tissu, en latex ou en silicone. La nageoire en tissu reste très abordable… Toutefois, si l'on souhaite se payer une nageoire entièrement en silicone, cela peut monter à quelques milliers d'euros. Dans ce cas, c'est du sur-mesure et le matériel utilisé est complètement bio et n'a aucun impact sur l'environnement.

"Le regard des autres importe peu lorsqu'on est passionnés"

Sur les réseaux sociaux, j'ai déjà eu quelques réactions un peu violentes à mon égard... Mais en général je ne subis pas de moqueries. Les gens me regardent de loin d'un air intrigué. Je pense qu'ils sont avant tout interloqués et donc intéressés... C'est plutôt positif ! 
On parle un peu plus du mermading ces dernières années… Mais il faut dire que la France a un train de retard sur les pays anglo-saxons... C'est une vision de la vie différente ! Beaucoup de gens craignent la nouveauté… Mais il ne faut pas avoir peur de se lancer. Il ne faut absolument pas réfléchir et se laisser aller. Rester ouvert d'esprit est un bon moyen pour commencer le mermaiding. Il ne faut pas oublier que c'est une façon de montrer de quoi l'on est capable. Le regard des autres importe peu lorsque l'on est passionné. Cela peut sembler bizarre de prime abord mais le mermaiding permet quand même de développer une estime de soi et de faire quelque chose d'original que les autres ne feront pas forcément.