Et si le bruit faisait grossir ?

En matière de prise de poids, les sucreries et autres changements hormonaux ne sont peut-être pas les seuls à blâmer. Une étude menée par des chercheurs suédois a fait le lien entre surpoids et pollution sonore. De quoi reconsidérer sérieusement notre cadre de vie.

L’excès de sucre et les changements hormonaux ne sont peut-être pas les seuls facteurs entraînant une prise de poids. Selon une étude menée par des chercheurs suédois de l'institut Karolinska et dont les résultats ont été publiés dans la revue spécialisée Occupational and Environmental Medicine, le bruit et la pollution sonore pourraient aussi favoriser le surpoids, voire l’obésité. Les scientifiques ont ainsi fait le lien entre le bruit urbain, identifié selon trois sources (circulation routière, ferroviaire et aérienne) et les marqueurs relatifs à l’obésité.
Les chercheurs, spécialisés en médecine environnementale et moléculaire et en endocrinologie, ont suivi 5 075 hommes et femmes, âgés de 43 et 66 ans, entre 2002 et 2006. Chacun d’eux vivait à proximité de Stockholm, dans des zones semi-rurales à péri-urbaines. Tout au long de l’expérience, les participants ont rempli des questionnaires concernant leur mode de vie afin de recueillir des informations sur leur activité physique, leur niveau de stress ou la qualité de leur sommeil. Les médecins, eux, observaient l’évolution de leur tension artérielle, de leur rapport taille-hanche ainsi que de leur masse corporelle grasse.
Les résultats de l’étude montrent que l’exposition au bruit, quelle qu’en soit l’origine, accroît le risque de voir augmenter son tour de taille. Les Suédois qui vivent depuis plusieurs années à côté de routes, de lignes de chemin de fer ou à proximité d’un aéroport ont un tour de taille plus important que les autres. Pire : à chaque augmentation de 5 décibels, leur tour de taille gagnait en moyenne 0,21 centimètre. Pour les volontaires soumis aux trois sources de bruit, le risque d’augmentation passait même à 50%.

Cercle vicieux

Les scientifiques n’en tirent aucune relation de cause à effet, mais soulignent que le stress causé par l’exposition au bruit favoriserait la production de cortisol, une hormone chargée de la régulation des graisses dans l’organisme. La pollution sonore pourrait également perturber le métabolisme et les fonctions cardiovasculaires qui auront à leur tour un impact sur le sommeil. Or, des nuits agitées vont à leur tour modifier les dépenses énergétiques de l’organisme et favoriser l’appétit et le grignotage nocturne, autre facteur de prise de poids. Autant de raisons de râler contre la perceuse du voisin ou les travaux dans votre rue qui n’en finissent pas.
Les conclusions de ces recherches pourraient avoir des applications concrètes, en incitant par exemple les citadins à s’éloigner en périphérie des villes. Les problématiques liées au bruit sont sérieuses et les autorités sanitaires commencent à prendre la mesure du fléau. Selon l’Agence européenne de l’environnement, la pollution sonore tuerait indirectement 10 000 personnes par an dans l’Union Européenne.

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