Les Français, ces pessimistes heureux
Si beaucoup d'enquêtes nous décrivent comme les champions du pessimisme en Europe, il y aurait une explication culturelle à cet état de fait.
Des lendemains qui chantent ? Les Français n'y croient pas. D'après un sondage CSA pour BFMTV, seuls 43% d'entre eux se disent optimistes pour leur avenir personnel. Ils sont aussi à peine 23% à croire en l'avenir de leur pays.
"La probabilité qu'un Français se dise 'très heureux' est ainsi inférieure de 20% à la moyenne des citoyens européens. Nous sommes pessimistes sur l'avenir du pays et du monde, mais aussi quand la question nous concerne personnellement", raconte Claudia Senik, auteure de L'économie du bonheur, au Nouvel Observateur.
D'après l'économiste, les Français seraient dépassés par la réalité du monde. "Je crois que les Français ont encore un peu en tête le temps où leur pays occupait une place de tout premier ordre dans la marche du monde. Il y a du désenchantement à se dire que la France n'est plus cette nation à la source de l'universalisme, mais un petit pays, dont l'influence se réduit. (...) Cela contribue au sentiment d'une perte d'identité dans un monde globalisé", rapporte-t-elle au Parisien.
L'étude menée par l'institut américain Pew Research Center en septembre dernier confirme ces résultats puisque 48% des sondés estiment que la situation économique de leurs pays va se dégrader dans les douze mois à venir. Pire, la France serait un pays aussi morose que le Liban et la Palestine. Nous sommes seulement battus par les Grecs qui culminent avec 53% de pessimistes.
Claudia Senik pointe un trait culturel hérité de la pensée cartésienne : "On se moque beaucoup des Américains souriants et de leurs 'That's great ! Wonderful !', parce que nous sommes la civilisation du doute et de l'esprit critique. Un Français ressent une certaine fierté à conserver de la distance vis-à-vis des choses- une manière de dire :'On me la fait pas'." En bref, nous sommes pessimistes et fiers de l'être.
