Liberté sexuelle : l'Iran interdit la contraception définitive

La nouvelle décision du gouvernement iranien sur la contraception définitive sonne comme une nouvelle entrave aux libertés sexuelles individuelles...

"La liberté des uns s'arrête là où commence celle des autres". Cette phrase de John Stuart Mill, trop souvent usurpée, s'applique au nouveau projet de loi du Majlis iranien. Le Parlement veut interdire la contraception définitive pour relancer la natalité en République Islamique d'Iran, ce grand pays du golfe Persique. Dans le collimateur de ce texte de loi, la vasectomie pour les hommes, la ligature des trompes pour les femmes, mais aussi la baisse du budget consacré au planning familial, d'après l'agence de presse Irna.
Le Guide suprême de la révolution islamique, qui occupe la place la plus importante de l'Etat iranien, s'est récemment inquiété de la chute de la natalité. Après la révolution de 1979, les femmes avaient en moyenne 6,8 enfants, tandis qu'aujourd'hui, ce taux de natalité s'est effondré à 2 enfants par femme

En mai dernier, l'ayatollah Ali Khamenei, avait incité son peuple à "adopter un comportement nataliste pour renforcer l'identité nationale", mais aussi (et surtout) lutter "contre les aspects indésirables du mode de vie occidental". A croire qu'avoir le droit de jouir de son propre corps, le choix de procréer ou avoir recours à la contraception serait un mauvais modèle à suivre, venu de l'Occident, pour les conservateurs iraniens.

Deux visions s'affrontent alors de plus en plus dans ce pays persan : celle des réformateurs, à l'instar du président de la République Hassan Rohani, et celle des conservateurs, majoritaires dans le Conseil des gardiens, qui détiennent les clés du pouvoir aux côtés de l'ayatollah qui les nomment. "Le rôle principal de la femme est d'être une mère", a prêché Saïd Jalili en juin 2013, sur un plateau de télévision iranien consacré aux problèmes sociaux du pays. A travers ce discours répétitif observé chez les conservateurs, cette nouvelle mesure qui s'ajoute à la politique nataliste, démarrée il y a peu, peut être vue comme une volonté de cantonner la femme à son rôle de mère et de procréatrice afin de la rendre prisonnière de ce rôle et de son propre corps...
Malgré tout, dans un pays où les dentelles et les tchadors se côtoient, la jeunesse n'est pas en reste de contestations et aspirent encore et toujours plus à la liberté. Le préservatif a de beaux jours devant lui, donc.

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La liberté sexuelle de nouveau entravée en Iran... ©  javarman/ Fotolia