Frottis obligatoire pour les professeures

Fonction publique. Dans la région la plus riche du Brésil, à Sao Paulo, les femmes doivent joindre à leur CV les résultats d'un frottis du col de l'utérus, condition requise pour obtenir un poste d'enseignant.

Plus qu'un diplôme, un certificat médical. Le Secrétariat de l'Education de l'Etat de Sao Paulo ne lésine plus sur les moyens pour trouver la "perle rare" pour l'éducation des jeunes Brésiliens.
Le site internet Ultimo Segundo a livré les critères plus qu'étranges -voire inhumains-, de l'Education Nationale pour la sélection des futurs professeurs : une santé de fer, aucune trace d'un potentiel cancer, ou encore "mieux" : la virginité (qui signifierait zéro MST).
Les demandeuses d'emploi de plus de 40 ans doivent se presser aux portes des centres de mammographie, tandis que les chômeurs masculins se font examiner la prostate. Pire encore, les jeunes femmes vierges sont sommées de livrer leur intimité sur un plateau d'argent, en joignant à leur curriculum vitae un certificat qui prouve leur pucelage... Au préalable fait par un médecin. Après tout, c'est d'une logique imparable : une femme qui souhaite se préserver pour offrir son corps à l'homme aimé doit bien évidemment livrer ses informations les plus secrètes à l'Etat et au médecin qui l'ausculte.
 "Les inspections de santé sont prévues pour assurer au-delà de la compétence technique, la capacité physique et mentale des candidats à garder leur travail pour une moyenne de 25 ans", a tenté le Secrétariat de l'administration publique de Sao Paulo, tant bien que mal, de légitimer l'impensable, via un communiqué. 

"Le comble de l'absurdité", a contesté une jeune femme, obligée de faire ce test plus qu'intrusif pour espérer obtenir le poste désiré. Dans un pays comme le Brésil, où le christianisme est la religion prédominante, beaucoup de femmes préservent leur virginité et sont donc confrontées à ces lois arbitraires.
Pour la militante des droits des femmes brésiliennes, Ana Paula de Oliveria Castro, c'est "une information très intime qu'une femme a le droit de garder pour elle", insistant sur le fait que ces nouvelles règles dictées par l'Etat de Sao Paulo "viol(ent) le droit des femmes". Le Secrétariat national pour la défense des droits des femmes a renchéri : elles violeraient le principe de "dignité humaine".
On regrette la méritocratie.

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Les femmes brésiliennes qui veulent enseigner dans l'Etat de Sao Paulo doivent subir des examens gynécologiques. © archideaphoto / Fotolia