Nelson Mandela, amoureux de la paix... et des femmes

Nelson Mandela, dont la vie fut accaparée par la lutte politique, n'a jamais réussi à mener une vie familiale "normale". Charmeur, il entretenait une joyeuse réputation de séducteur. En témoignent maintes idylles et trois mariages.

Icône de la lutte anti-apartheid, Nelson Mandela incarnait des valeurs d'autant plus universelles qu'il n'a jamais prôné ni religion ni idéologie. Juste un humanisme à l'africaine, profondément nourri de la culture de son peuple. Celui que ses compatriotes appelaient affectueusement "Madiba", de son nom de clan, aimait le sport -il fut boxeur amateur-, les costumes bien taillés, et la compagnie des femmes.
Ses actes, magnifiés par de semblables hommages, ont fini par créer autour de Mandela une sorte de culte qu'il n'a jamais souhaité. "L'un des problèmes qui m'inquiétaient profondément en prison concernait la fausse image que j'avais sans le vouloir projetée dans le monde", dit-il lui-même un jour à un journaliste: "On me considérait comme un saint. Je ne l'ai jamais été"."Sauf si vous pensez", ajouta-t-il non sans malice, "qu'un saint est un pécheur qui essaie de s'améliorer".

Né le 18 juillet 1918 dans le petit village de Mvezo, dans le Transkei (sud-est) au sein du clan royal des Thembus, de l'ethnie xhosa, le futur leader de la rébellion noire est prénommé par son père Rolihlahla: "Celui par qui les problèmes arrivent". C'est son institutrice, conformément à la pratique de l'époque, qui lui attribue arbitrairement le prénom de Nelson, à son entrée à l'école primaire.
Rebelle précoce, le jeune Nelson commence sa vie par deux ruptures: étudiant, il est exclu de l'université de Fort Hare (sud) après un conflit avec la direction. Peu après, il fuit sa famille, à 22 ans, pour échapper à un mariage arrangé. Et débarque, plein d'espoir, à Johannesburg la tumultueuse. C'est là, dans cette gigantesque, dangereuse mais excitante métropole minière, qu'il prend la pleine mesure de la ségrégation raciale qui segmente sa société.

Peu à peu, il se forge une conscience politique et un goût pour le militantisme qui vont l'éloigner de sa première épouse, Evelyn avec laquelle il a eu quatre enfants : deux filles (l'aînée est morte à l'âge de neuf mois) et deux garçons. Après le semi-échec de campagnes de mobilisation non violentes contre l'apartheid, son parti, l'ANC, est interdit en 1960. Mandela, arrêté à plusieurs reprises, décide d'engager le mouvement sur la voie de la lutte armée. C'est alors que le jeune homme fougueux se jette dans les bras d'une pétillante travailleuse sociale de 21 ans: Winnie. Les amant terribles convolent, puis vivent dans la clandestinité. Ensemble, ils ont deux filles : Zenani (Zeni) et Zindziwa (Zindzi). La benjamine n'a que 18 mois lorsque son père, capturé, est emprisonné en 1962, et bientôt envoyé au bagne terrible de Robben Island, au large du Cap. Pendant des années, sous un soleil de plomb, dans une poussière qui va endommager ses poumons à jamais, Mandela casse des cailloux et pense aux femmes de sa vie : sa mère chérie, ses filles adorées et bien sûr, la femme qu'il vénère : Winnie... Mais bientôt les tendres échanges épistolaires ne suffisent plus à la courageuse, mais aussi sulfureuse et jalouse épouse du leader charismatique... D'ailleurs, depuis sa prison, c'est à une autre que Mandela adresse ses courriers.
Romantique, il console Graça Machel la veuve du président du Mozambique qui vient de disparaître dans un accident d'avion. Divorcé de Winnie, il lui passe la bague au doigt en 1998, le jour de ses 80 ans, prononçant des mots touchants sur la grâce de tomber amoureux. C'est à ses côtés qu'il mène ses derniers combats comme l'accès aux traitements pour les malades du sida. Sans cesse à son chevet, Winnie et Graça ont accompagné le Prix Nobel de la Paix jusqu'à son dernier souffle.

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Nelson Mandela accompagné de  Graça Machel lors de la finale de la Coupe du monde de football, sa dernière sortie publique © SIPA