Frigide Barjot, égérie déjantée des anti-mariage gay

Tête de gondole de la Manif Pour Tous, Frigide Barjot affirme que son mouvement présentera des candidats aux élections municipales de 2014. Qui est cette ancienne humoriste qui a promis du "sang" à François Hollande (avant de se raviser) et comparé la France à une "dictature" ?

Chevelure blond bébé, silhouette de Barbie et tenues rose layette, la figure de proue des opposants à l'union homosexuelle en France, va "investir le terrain électoral".
"Sous une forme et une appellation qui restent à définir, nous allons présenter des candidats dans les villes dont les élus n'ont pas joué le jeu", a déclaré Frigide Barjot dans les colonnes de Corse-Matin. Tout en précisant: "Et ne comptez pas sur moi pour vous en dévoiler la liste, ce sera une surprise..."
Frigide Barjot affirme également au quotidien que la manifestation nationale du 26 mai à Paris "ne sera que la première d'une nouvelle ère" : "Elle agrégera bien d'autres doléances contre la politique du gouvernement de François Hollande, notamment tout ce qui touche à la famille, au problème de l'euthanasie", annonce-t-elle.
Est-ce alors le début d'un Tea Party français ? "On ne boit pas de thé, on boit du café", botte en touche l'ex-comique au look de poupée.

De son vrai nom Virginie Merle épouse Tellenne, cette quinquagénaire au maquillage flashy se décrit comme une "catho déjantée", loin des stéréotypes de la droite conservatrice. Rejetant toute homophobie, elle rappelle son engagement en 1999 pour le Pacte civil de solidarité, premier contrat d'union libre. "On peut être pour l'amour homosexuel sans changer les structures du mariage", confie-t-elle à l'AFP, accusant le gouvernement de "nier la reproduction humaine pour inventer une nouvelle filiation".

Cabaret. Issue d'un milieu très conservateur, diplômée de Sciences Po, provocatrice née, celle que la presse surnomme la "papiste destroy" fut longtemps la coqueluche des soirées parisiennes. La diva fréquentait à l'époque le Banana Café, "était fun, faisait le grand écart sur le piano, chantait et nous faisait rire", regrette le patron du bar. Rockeuse de charme, elle se produisait parfois sur scène avec son groupe les Dead Pompidou's, lorsqu'elle n'écrivait pas les discours de... Charles Pasqua.

Dans les années 80 et 90, Frigide Barjot, surnom calembour en référence à l'actrice Brigitte Bardot, animait avec son mari Basile de Koch (frère de Karl Zéro) le groupe Jalons qui parodiait médias et monde politique et crée des pastiches de journaux. 

Icône gay déchue, elle dit avoir trouvé la foi et reçu la lumière à la mort de Jean-Paul II, s'autoproclamant "l'attachée de presse de Jésus". Auteure de Confessions d'une catho branchée, elle a d'abord attiré l'attention des médias en prenant la défense de Benoît XVI, fortement contesté pour avoir levé les excommunications de quatre évêques traditionalistes. Puis, en jouant les actrices secondaires dans deux films d'Onteniente.

Presque célèbre. Frigide Barjot n'aura pas réussi à éviter la radicalisation d'un mouvement contre le mariage gay qu'elle voulait "joyeux, festif, pacifique et familial". Serait-elle prête à se lancer en politique ? C'est chose faite, à Paris, en 2008, dans le XVe arrondissement. Elle était n°10 sur la liste de droite dissidente menée par Gérard d'Abboville. Et si cette reine de la com' visait la capitale ?

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Frigide Barjot,  © SEVGI/SIPA