"Une femme" : cette page Wikipédia pointe avec humour une habitude sexiste
"Une femme". Mais quelle femme ? Lassé de cette dénomination des personnalités féminines dans les médias, une page Wikipédia satirique a été dédiée à cette habitude sexiste.
"Une femme est élue présidente de Lituanie". "Une femme remporte le Prix Nobel de physique ". "Une femme rédactrice en chef de The Economist". Mais qui est cette femme qui fait la Une de tous les journaux et s'accapare tous les mérites ? Cette "femme" est en réalité une multitude. Dalia Grybauskaitė, élue présidente de Lituanie en 2009, Elinor Ostrom, prix Nobel de l'Economie en 2009, Marissa Mayer, dirigeante de l'entreprise Yahoo depuis 2012, et bien d'autres encore. Elles sont là, elles existent et méritent que leurs noms soient associés à leurs exploits. Pourtant, dans la presse, elles restent simplement "des femmes". Une dénomination qui réduit ainsi toute leur identité à leur seul sexe féminin.
Pour dénoncer cette habitude sexiste, une internaute a décidé il y a quelques semaines de dédier à "Une femme" une nouvelle page Wikipédia satirique, répertoriée dans la catégorie "pastiches".
On y apprend qu'"une femme est une journaliste, dirigeante d'entreprise, chimiste, diplomate, économiste, pasteur, physicienne, directrice sportive, pilote de chasse et femme politique" et que "son activité scientifique lui a valu d'être récompensée par cinq prix Nobel". Un beau palmarès pour cette personnalité qui n'a pas de prénom, ni de nom de famille.
Les médias, symbole d'une invisibilisation des femmes
Alors qu'elles ne représentent déjà que 17% des personnalités médiatisées (selon un rapport de la plateforme Pressedd), lorsqu'elles sont mises en avant, les femmes se retrouvent "invisibilisées dans les titres, comme elles le sont dans la recherche scientifique ou dans l'histoire", dénonce Kvardek du, créatrice de la page, à Arrêt sur images.
La blague entre féministes est devenue une page pastiche de Wikipedia : "une femme" a aussi un nom et un prénom, rappelle-t-elle aux journalistes chargés d'éditer les titres d'articles de presse signalant son accession à un poste à responsabilité.https://t.co/dUUu9zmOAH
— Arrêt sur Images (@arretsurimages) June 11, 2020
Ainsi, même si cela part sans doute d'un bon sentiment, d'une envie de mettre en avant ces modèles féminins, et de montrer que, oui, le patriarcat recule, cette mauvaise habitude participe à l'invisibilisation des personnalités féminines. "C'est le fait que les vécus des femmes, les paroles des femmes, les pensées des femmes, le travail des femmes soient globalement occultés, 'silenciés' dans l'espace public", expliquait Lauren Bastide, fondatrice du podcast "La Poudre", à Brut.
Une expression "très révélatrice d'un biais sexiste", déclare Marine Perrin, porte-parole de l'association Prenons la une à Ouest-France. Et de constater : "On se voit mal dire 'Un homme devient maire de cette ville'".
Encore une période très faste pour Une femme .
— Guillaume Blardone (@gblardone) June 6, 2020
Félicitations à elle. pic.twitter.com/o7VBECkT5l
Encore elle.
— Caroline De Haas (@carolinedehaas) June 13, 2020
Une femme est partout.
Impressionnant. pic.twitter.com/mMdigMbkvx
Cette page Wikipédia, qui dénonce avec humour (et beaucoup de sarcasme) cette mauvaise pratique, a reçu un franc succès sur les réseaux sociaux. "Excellente page de Wikipedia sur la très renommée 'Une femme'", ou encore "Je découvre cette page, c'est juste génial", s'exclament les internautes. Un petit pas pour la femme, un grand pas pour la parité !