Droit à l'IVG : bafoué aux US, élargi au Royaume-Uni en pleine crise du Covid-19

Plusieurs états américains ont pris des mesures pour empêcher les avortements pendant la crise du coronavirus. Pour les associations et sociétés savantes, les autorités se servent du Covid-19 pour faire passer de force l'idéologie anti-avortement. Au Royaume-Uni, le gouvernement facilite l'accès aux pilules abortives...

Droit à l'IVG : bafoué aux US, élargi au Royaume-Uni en pleine crise du Covid-19
© TNS/ABACA

Menés par le Texas, plusieurs États du Sud et du centre des États-Unis ont décidé de classer les interruptions volontaires de grossesse dans la liste des interventions médicales interdites pendant la pandémie de coronavirus. Selon les gouverneurs des régions concernées, ces procédures seraient considérées comme "non urgentes".

Le Texas interdictit d'avorter pendant la crise du Covid-19

Pour les défenseurs du droit à l'avortement, la mesure représente une "instrumentalisation" de la crise sanitaire à des fins idéologiques. Les associations ont saisi d'urgence les tribunaux pour que les cliniques pratiquant les avortements puissent rester ouvertes.

Dans un premier, la justice leur a donné raison. Le 30 mars, trois juges fédéraux ont séparément bloqué les décisions du Texas, de l'Ohio et de l'Alabama, en rappelant que le droit à l'IVG avait été reconnu par la Cour Suprême des États-Unis en 1973. Puis la Cour d'Appel a suspendu "provisoirement" le blocage de la mesure "afin de donner suffisamment de temps à la Cour pour examiner" les arguments des parties. L'État du Texas peut donc interdire les IVG, de façon temporaire.

Fuites vers d'autres états, avortements clandestins.... 

La décision est incompréhensible selon les spécialistes du pays. Pour Skye Perryman, un responsable du collège américain d'obstétrique et de gynécologie, l'impossibilité pour des femmes de mettre fin à une grossesse non désirée "peut avoir un impact profond sur leur vie, leur santé et leur bien-être". Certaines femmes vont "voyager dans d'autres États au risque de s'exposer ou de propager le coronavirus", d'autres vont "essayer d'avorter par leurs propres moyens" a expliqué Alexis McGill Johnson, universitaire et avocate en faveur de la justice sociale.

A l'inverse, le Royaume-Uni facilité l'accès à la pilule abortive

Au Royaume-Uni où un quart des établissements de consultations pour les grossesses ont fermés, le gouvernement facilite l'accès aux pilules abortives sans se rendre au préalable dans une clinique.

"Nous mettons à jour nos directives afin que les femmes qui ont besoin de recourir à un avortement jusqu'à 10 semaines et qui n'ont pas accès à une clinique puissent utiliser des pilules abortives chez elles ", a annoncé un porte-parole du ministère de la Santé et des Affaires sociales le 30 mars dernier.

Une décision saluée par Jonahan Lord, directeur médical de Marie Stopes UK : "La décision du gouvernement d'autoriser les femmes en Angleterre à prendre les pilules abortives à domicile pendant la crise de Covid-19 montre qu'on apprécie à la fois la santé des femmes et celle du travail acharné du personnel soignant spécialisé dans l'avortement, qui a continué à fournir des soins de santé essentiels, malgré la pandémie". 

Les femmes qui souhaitent mettre fin à leur grossesse recevront les deux pilules nécessaires après avoir échangé avec un médecin par téléphone ou télé-consultation. La mesure sera appliquée de façon temporaire, pendant deux ans maximum ou jusqu'à la fin de la crise sanitaire.