Mort de Katherine Johnson, pionnière de l'espace
Certains n'avaient peut-être jamais entendue parler d'elle avant de regarder "Les Figures de l'Ombre". Katherine Johnson, mathématicienne et afro-américaine, a dédié sa vie à la recherche aérospatiale au sein de la NASA. Elle s'est éteinte le 24 février, à l'âge de 101 ans.
Le 24 février 2020, Jim Bridenstine, l'administrateur de la NASA, a rendu hommage à une "héroïne de l'Amérique, une pionnière dont l'héritage ne sera jamais oublié". Katherine Johnson s'est éteinte à l'âge de 101 ans. Mathématicienne afro-américaine, elle faisait partie des quelques femmes noires qui ont joué un rôle décisif dans la conquête de l'espace. Elle a notamment participé au premier vol orbital autour de la Terre et au programme Apollo, permettant d'envoyer des hommes sur la lune.
Son personnage, ainsi que celui de ses collègues, a inspiré le film Les Figures de l'Ombre, de Theodore Melfi, sorti en 2017 et pour lequel les actrices Taraji P. Henson, Janelle Monàe et Octavia Spencer s'étaient glissées dans la peau de ces femmes au sein de la NASA des années 1950.
Katherine Johnson : une contribution extraordinaire aux premiers vols dans l'espace
Katherine Johnson, qui a intégré la NACA (ancien nom de la NASA) en 1953, a d'abord travaillé en tant que calculatrice avec d'autres femmes noires, pour effectuer les calculs à la main dont les ingénieurs avaient besoin. En pleine Amérique ségrégationniste, les équipes de couleur subissaient la discrimination au quotidien, généralement séparées de leurs collègues blancs. En 1958, Katherine et son équipe ont été intégrées à d'autres divisions de la NASA pour contribuer au premier programme de vol spatial habité des États-Unis. Elle a alors élaboré les calculs pour le vol d'Alan Shepard, le premier homme américain à aller dans l'espace.
Le rôle crucial de la scientifique a notamment été mis en lumière dans l'une scène des Figures de l'Ombre, au moment où John Glenn s’apprêtait à tenter le premier vol orbital autour de la Terre. Il avait alors confié à Katherine Johnson la tâche de vérifier les calculs de l'IBM en déclarant : "Si elle dit que tout est bon, alors je suis prêt à y aller".
Un parcours exemplaire dans une Amérique ségrégationniste
La jeune femme avait montré très tôt des compétences cognitives poussées et des aptitudes en mathématiques. Elle a terminé le lycée à 14 ans et a obtenu son diplôme à l'âge de 18 ans. Après avoir enseigné les mathématiques dans une école noire de son État de naissance, en Virginie-Occidentale, elle a intégré le Comité consultatif national pour l'Aéronautique en 1953. Elle était alors mère de 3 enfants nés d'un premier mariage.
Tout au long de son parcours à la NASA, Katherine Johnson a fait preuve de courage face à la discrimination et a montré son talent dans ses postes successifs. Elle a quitté l'agence gouvernementale en 1986, après plus de trente ans de service.
En novembre 2015, Barack Obama lui a remis la médaille de la liberté pour avoir contribué au succès de la mission Apollo.
À la sortie du film lui rendant hommage en 2017, Katherine Johnson était la seule des protagonistes à être encore vivante. Son nom a été gravé cette même année au sein de l'Agence spatiale américaine et un centre de recherches informatiques de la NASA a été baptisé à son nom.