Tâches domestiques : #MeToo et nettoyage ne font pas bon ménage

Les inégalités liées aux tâches ménagères persistent toujours en 2019. Mais ont-elles diminué depuis le mouvement #MeToo ? C'est ce qu'a analysé François Kraus, directeur du pôle "Genre, sexualités et santé sexuelle" et expert à la Fondation Jean Jaurès grâce à plusieurs études de l'Ifop et Consolab.

Tâches domestiques : #MeToo et nettoyage ne font pas bon ménage
© Валерий Качаев/123RF

Les femmes à la cuisine, s'occupant de la maison et des enfants attendent que leurs maris rentrent du travail, éreintés par la journée. Qui n'a jamais entendu ce cliché macho et sexiste ? S'il parait très désuet, il est malheureusement encore bien réel. Le balai, l'aspirateur, les repas, les courses... Les tâches domestiques sont bien souvent effectuées par les femmes. A l'heure du mouvement #MeToo qui dénonce le harcèlement sexuel, mais aussi la charge mentale qui pèse sur les femmes et les mères de famille, François Kraus, directeur du pôle "Genre, sexualités et santé sexuelle" a publié en partenariat avec la Fondation Jean Jaurès une analyse sur la répartition encore trop inégales des tâches ménagères en France et en Europe grâce aux chiffres d'une enquête Ifop et Consolab, sortie le 2 octobre.

Déjà en 1980, les Françaises assuraient 69% des missions du quotidien sur 71% de leur temps total. En 2011, l'évolution était mince : les femmes assuraient toujours 64% des activités domestiques au sein de leur foyer. 

Répartition des tâches ménagères : un problème européen

Le phénomène n'est pas seulement français, il est européen. Près d'une Européenne sur deux (49 %) signale qu'elle en fait "beaucoup plus" que son conjoint actuel, tandis que seulement 4% des femmes de l'UE affirment en faire moins que leur compagnon. Et les inégalités se creusent en fonction de la nationalité : elle sont plus fortes dans les pays méditerranéens, plus attachés aux vieux clichés de la femme au foyer. Ce sont les Italiennes qui sont le plus touchées par ces clivages. 69% d'entre elles déclarent s'occuper le plus des tâches ménagères et décrochent la triste première place du podium. Elles sont suivies par les Allemandes et les Françaises ex aequo avec 44%. 

© Fondation Jean Jaurès

Qui fait quoi à la maison ? Un sujet de disputes et crises de couple

Ces inégalités persistantes jouent sur la vie du couple. De moins en moins acceptées, elles sont une source de conflit : près d'une Française sur deux admet qu'il lui arrive de se disputer avec son conjoint au sujet des tâches ménagères. Et ces querelles sont même en hausse... 48 % rapportent des disputes à ce sujet en 2019, contre 46 % en 2009 et 42 % en 2005. 

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Etude Ifop avec Consolab du 11 au 15 avril 2019, auprès de 5 026 Européennes dont 1 004 Françaises, 1 021 Espagnoles, 1 000 Italiennes, 1 004 Allemandes et 1 001 Britanniques.