Viols, avortements forcés, humiliations sexuelles : le calvaire des femmes musulmanes en Chine
D'après une enquête du Washington Post, les femmes issues des minorités kazakhes et ouïghoures subissent des agressions sexuelles, des mutilations, des viols, des avortements forcés... Un sordide moyen de les empêcher d'enfanter.
"Ils ont coupé mon fœtus sans anesthésie", a raconté Gulzira Mogdyn, 38 ans, au Washington Post. Le journal américain a publié une vaste enquête sur la condition des femmes kazakhes et ouïghoures en Chine. Parmi elles, Gulzira, qui a subi un avortement forcé. Selon son témoignage, en 2018, elle a été retenue dans la région du Xinjiang, territoire autonome de Chine, alors qu'elle avait installé l'application WhatsApp sur son téléphone pendant un séjour au Kazakhstan, son pays natal. Elle a ensuite été placée en résidence surveillée et a été examinée contre son gré par des médecins. Ces derniers se sont aperçus que Gulzira était enceinte de 10 semaines, de son quatrième enfant, et l'ont fait avorter de force un mois plus tard. Elle a expliqué au journal américain qu'elle souffrait encore de complications.
Femmes musulmanes en Chine : humiliations sexuelles, viols
Gulzira n'est pas la seule. La journaliste américaine Amie Ferris Rotman, correspondante à Moscou, a recueilli plusieurs déclarations de femmes musulmanes ayant trouvé refuge de l'autre côté de la frontière, au Kazakhstan, qui ont vécu de nombreuses situations similaires.
Les témoignages sont glaçants : certaines affirment avoir été violées ou témoins de viols, assurent qu'on leur a implanté des contraceptifs contre leur gré alors qu'elles étaient emprisonnées. D'autres relatent des humiliations sexuelles, racontent qu'elles ont été filmées sous la douche et contraintes de se laver avec une sauce pimentée. Ces sévices sont un moyen de les empêcher de procréer.
Femmes musulmanes en Chine : l'horreur mise sous silence
Pour répondre aux questions de la journaliste du Washington Post, les autorités chinoises l'ont renvoyée vers le "plan de lutte contre le terrorisme". Un document mentionnant les actions en matière d'éducation et de formation, accompagné d'une note railleuse à l'intention de la correspondante. "Vous ne poseriez pas de telles questions si vous aviez lu attentivement le livre blanc", a pu lire Amie Ferris Rotman.
Le fléau est mis sous silence depuis 2017 en Chine, où 1 à 3 millions de musulmans seraient détenus dans "des camps de rééducation" d'après divers rapports américains et plusieurs groupes défenseurs des droits de l'Homme.