"SEXE: doit-on se forcer ou pas ?": un féminin se joue du viol conjugal

Châtelaine, un magazine féminin canadien a publié au mois de février 2019 un article intitulé "Sexe: doit-on se forcer ou pas ?". Les réseaux sociaux se sont embrasés face aux propos tenus sur le désir dans la vie sexuelle d'un couple. Un sujet qui a déjà été traité plusieurs fois par la presse, mais qui alimente, selon les féministes, la culture du viol.

"SEXE: doit-on se forcer ou pas ?": un féminin se joue du viol conjugal
© belchonock

Un numéro du magazine québécois Châtelaine sorti en kiosque le 5 février 2019 s'est offert un bad buzz légitime. Quelques jours après la Journée Internationale des Droits des femmes, les internautes ont découvert l'existence de cette Une qui interpelle : Sexe: doit-on se forcer ou pas ? Le titre tendancieux a fait couler beaucoup d'encre notamment sur Twitter : "honteux de faire perdurer cette banalisation du viol conjugal" ou encore "Un non-sujet. Pas de question à se poser. Sauf : est-ce du journalisme que de créer ce genre de débat pourri ?". La colère des internautes a été suivie par la réaction choquée de Caroline de Haas, militante féministe fondatrice de l'association Nous Toutes. Elle a demandé au magazine canadien, "Vous vous foutez de nous ? " et a accusé le mensuel de propager la culture du viol.  Interrogée par L'Express, Caroline De Haas a expliqué : "En posant la question de cette manière, le journal sous-entend que la réponse à la question 'doit-on se forcer' pourrait être oui, Dans un monde dans lequel des millions de femmes subissent des viols conjugaux, c'est lunaire."

Châtelaine : un sujet journalistique devenu inacceptable en 2019 

Ce n'est pourtant pas la première fois que ce genre de sujet est traité sous cet angle dans les médias. Psychologies avait publié l'article "Faut-il se forcer un peu pour faire l'amour" en 2010. En 2013, ELLE  s'interrogeait "Faut-il se forcer à faire l'amour"  et récemment le site Madmoizelle  s'amusait "J'ai pas envie... dois-je me forcer ... ?". Cette grande colère montre que les mentalités ont évolué...
Pourtant difficilement défendable, le magazine Châtelaine a souhaité répondre à une lectrice en colère :"Nous sommes très désolées que notre titre de couverture vous ait blessé. Ce n'était pas l'intention. Notre article est tellement nuancé. Nous vous invitons d'ailleurs à le lire - la notion de consentement n'y est aucunement remise en cause, au contraire. Châtelaine est un magazine rigoureux et ne déroge pas aux règles de base du journalisme. Et ce reportage ne fait pas exception. Notre journaliste a interviewé des experts reconnus et fait aussi part d'études scientifiques à ce propos - son reportage est riche en infos et en nuances."
Lundi 11 mars, le titre de l'article en ligne sur le Web a été modifié Sexe: le devoir conjugal existe-t-il encore ? Une (petite) victoire.