"Féminisme pour les 99%" : la revanche des femmes

Elles seraient 99% à être mal représentées par des féministes "privilégiées". À travers le manifeste "Féminisme pour les 99%", trois professeures appellent à la création d'un mouvement pour redonner la parole aux femmes qui ne sont pas issues de la classe aisée et les inclure au cœur du débat social.

"Féminisme pour les 99%" : la revanche des femmes
© La Découverte

Pour une justice sociale et une meilleure visibilité des femmes qui ne font pas partie de la classe aisée, un collectif de femmes signe le manifeste Féminisme pour les 99 %. La philosophe américaine Nancy Fraser, la féministe italienne Cinzia Arruzza et l'historienne Tithi Bhattacharya, à l'origine de la grève internationale des femmes qui s'est tenue le 8 mars 2017 simultanément dans plusieurs pays, continuent leur combat pour l'égalité des genres et pour un féminisme inclusif et qui s'inscrit dans la sphère politique.
Pour elles, seulement 1% des femmes a pu constater une amélioration depuis les mouvements #MeToo et Time's Up et cette perception serait directement liée à leur classe sociale privilégiée. C'est pour les 99% de femmes restantes que Nancy Fraser et ses collègues veulent se battre. Elles souhaitent que le mouvement féministe soit plus engagé et ancré dans le dialogue politique d'aujourd'hui. Selon les auteures, les féministes ont tendance à aborder uniquement la place de la gent féminine par rapport à celle des hommes. Or, elle devraient prendre en compte les questions d'ordre écologique ou économique, car la figure féminine aurait un rôle à jouer sur ces terrains. 

"Féminisme pour les 99%" : un manifeste qui appelle à la mobilisation 

Onze thèses, trois femmes, un manifeste. Dans Féminisme pour les 99 %, Nancy Fraser, Cinzia Arruzza et Tithi Bhattacharya proposent de repenser le féminisme, mot utilisé à tort et à travers, en politique et sur les réseaux sociaux. Elles veulent lancer un mouvement pour clamer le ras-le-bol de celles que l'on n'entend pas ou que l'on refuse d'écouter et rappellent que la question du féminisme est très proche des contestations sociales et des problématiques économiques et écologiques de la société au plan large. Nos trois féministes demandent aux femmes de prendre la parole et de s'engager à leur côté pour changer la face de la société. 

Résumé : Logements inabordables, salaires de misère, systèmes de santé inexistants ou dysfonctionnels, catastrophe climatique, rejet des migrant·e·s, violences policières… on entend peu les féministes s'exprimer sur ces questions. Pourtant, elles ont un impact majeur sur la vie de l'immense majorité des femmes à travers le monde.
Les grèves des femmes qui se multiplient aujourd'hui en Argentine, en Pologne, aux États-Unis ou ailleurs s'emparent de ces problématiques et témoignent du fait que les revendications féministes ne sont pas isolées de celles d'autres mouvements. Et c'est tout l'enjeu de ce manifeste, inspiré par ces nouveaux mouvements féministes : face à un système néolibéral qui concentre toutes les aliénations, injustices et inégalités et instrumentalise certaines luttes sociales pour servir ses velléités impérialistes et engranger le plus de profits possible, le féminisme doit repenser son agenda théorique comme militant.
Trois des organisatrices de la Grève internationale des femmes s'engagent ainsi avec ce manifeste pour un féminisme véritablement inclusif, capable de faire converger l'anticapitalisme, l'antiracisme, l'écologie politique, l'internationalisme et l'anti-hétérosexisme : un féminisme pour les 99 %.

Féminisme pour les 99% (Ed. La Découverte) de Nancy Fraser, Cinzia Arruzza et Tithi Bhattacharya. Prix : 12 euros en version papier.