Un an après #MeToo, non, non, rien n'a changé... vraiment ?

Elles sont 63% à déclarer que rien n'a changé, un an après #MeToo et Time's Up. Quel regard les Françaises et Français portent-ils sur la question de l'égalité et son évolution ? L'agence Kantar pour la Fondation des Femmes et "Femme Actuelle" à publié un baromètre démontrant que les hommes et les femmes n'ont pas la même perception de l'évolution de la société.

Un an après #MeToo, non, non, rien n'a changé... vraiment ?
© racorn /123RF

Où en sont les inégalités hommes-femmes, selon les Français ? Une enquête, menée sur Internet par l'agence Kantar pour la Fondation des Femmes et Femme Actuelle, vient d'être publiée. Reposant sur un panel de 1005 personnes, cette étude prend la température, un an après le mouvement #MeToo. Sexisme, droits des femmes, inégalités, confiance, violences : les hommes constatent une amélioration de la situation des femmes, tandis qu'elles se plaignent d'une lente évolution voire d'une dégradation.

Égalités hommes-femmes : pour 40 % des hommes, la situation s'est améliorée

Selon l'étude, les hommes sont plus nombreux à déclarer que l'égalité entre les deux sexes a "atteint un niveau satisfaisant". En effet, ils sont 76 % contre 62 % de femmes à penser que l'égalité hommes-femmes dans l'espace familial s'est améliorée. Dans les espaces publics, elles sont 45 % à ressentir une évolution contre 56 % d'hommes. Au niveau professionnel, seulement 28 % des femmes sondées témoignent d'une amélioration en terme d'égalité entre les sexes, contre 40% des hommes.
Par rapport à l'année dernière, 63 % des femmes ne voient pas de changements concrets en France. Pour 17 % d'entre elles, la situation des Françaises s'est même dégradée. Leurs homologues masculins ne sont pas du même avis puisqu'ils sont 51 % à penser que la situation des femmes s'est améliorée.

Inégalités et sexisme au travail : l'écart grandit entre les deux sexes

En ce qui concerne le sexisme dans la sphère professionnelle, elles sont 62% à déclarer que la situation des femmes est moins bonne que celle des hommes pour ce qui touche à la possibilité de trouver un emploi, contre 48% de la gent masculine. Sur le risque de harcèlement, 78% des femmes et 70% des hommes admettent que la situation des femmes est plus complexe.
Avoir des enfants peut constituer un frein à la carrière d'une femme pour 79% des sondés. Mais seuls 27 % pensent que cela est vrai pour la carrière d'un homme. À propos du sexisme, 36% des sondées déclarent en avoir été victimes au moins une fois au travail ou lors d'un entretien, contre 9% des hommes. 

Égalités hommes-femmes : les femmes n'ont pas foi en la justice

Au niveau de la confiance dans les services publics (police, justice), les chiffres sont surprenants : la gent féminine, en grande partie, n'a pas foi en ces institutions, en matière de violences faites aux femmes. Elles sont 76% à déclarer qu'il est difficile de porter plainte en cas d'injures sexistes et de harcèlement de rue. Les sondées pointent également du doigt les complications lors d'un dépôt de plainte : elles sont 74% à évoquer la peur de ne pas être crue ou que leur parole soit mise en doute. La difficulté de prouver les faits peut également faire obstacle pour 70% des femmes.  

Égalités hommes-femmes : ce que les Français(e)s veulent 

Les Français(e)s savent ce qu'ils veulent : 57 % des sondés pensent que les violences conjugales doivent être la thématique prioritaire sur laquelle il faut agir, devant les violences sexuelles (55 %) et l'égalité salariale (33 %).
Un point sur lequel la plupart des sondés s'accordent : 95 % des Français souhaitent que les agresseurs coupables d'agressions physiques ou sexuelles soient punis plus sévèrement.
En matière de droits des femmes, 39% des sondées demandent une revalorisation financière des métiers féminins et 33% veulent que les citoyens soient formés à réagir de la bonne façon, face au harcèlement de rue en tant que témoin et/ou victime.