GROSSOPHOBIE, insultes antirondes, fat-shaming : un nouveau sexisme XXL

Dans la fiction "Moi, grosse", diffusée le 15 mai à 21h sur France 2, Juliette Katz interprète une personne obèse, licenciée à cause de son poids. S'en prendre aux courbes voluptueuses ou tout simplement s'attaquer aux formes, n'est-ce pas là une atteinte à la féminité ? Bastion de la liberté d'expression, Internet est aussi le temple de la méchanceté gratuite. Célébrités comme anonymes sont victimes de grossophobie et de cyber-harcèlement. Louane, Bebe Rexha, Ayem Nour... Pourquoi les femmes sont-elles critiquées pour leur poids à une époque où nous tendons vers l'inclusion et l'acceptation de tous les corps ?

GROSSOPHOBIE, insultes antirondes, fat-shaming : un nouveau sexisme XXL
© Shao-Chun Wang

Insultes, moqueries : les femmes sont souvent les cibles de remarques d'ordre sexiste et grossophobe. Alors que certaines se servent de leurs différences pour faire bouger les choses, comme la pulpeuse Ashley Graham ou la top Winnie Harlow atteinte de vitiligo, les internautes se complaisent dans leur médiocrité. Louane, Bebe Rexha, Rihanna, Kelly Vedovelli (TPMP) : elles ont toutes été victimes d'insultes grossophobes et de "fat-shaming" sur les réseaux sociaux.
Dans une société où toutes les couleurs, religions, cultures et corps dévoilent peu à peu leur beauté et leur singularité, pourquoi les formes généreuses dérangent-elles ? 

Grossophobie sur les réseaux sociaux : à qui la faute ? 

En supprimant une photo à caractère dit "pornographique" sur laquelle on pouvait voir une jeune femme porter une culotte taille 54, Instagram et sa politique à deux vitesses ont défrayé la chronique. Pourquoi les clichés d'Emily Ratajkowski et de son postérieur bien ferme ne mériteraient-ils pas le même sort ? Le réseau social montre-t-il l'hypocrisie latente de notre société ? 
Accusé de grossophobie, Instagram a levé la suppression de la photo et un porte-parole de l'entreprise a fait savoir qu'il s'agissait d'une erreur. Si les capitons et bourrelets ne sont pas les bienvenus sur la Toile, c'est aussi le cas sur la planète Stars. À la télévision ou dans la sphère musicale, les rondeurs ne sont pas toujours bien accueillies. Mais à qui la faute ? 

Show-business et grossophobie : une comptabilité impossible ? 

Le corps des femmes serait-il encore enfermé dans des carcans du siècle dernier, écrasé sous le poids des diktats d'une société patriarcale et empêtré dans des fantasmes et mythes erronés ? Il faut croire que oui. Bien que les formes généreuses soient "en vogue", elles ne font pas non plus partie de "la norme". Preuve en est que des femmes comme Kim Kardashian qui"ont ce qu'il faut là où il le faut"  ne peinent pas à fasciner. Pour la jeune danseuse Lizzy Howell atteinte d'obésité, le salut se trouve dans le combat contre le regard des autres et la quête d'un rêve en dépit des cancans.
En janvier dernier, la chanteuse Bebe Rexha a été victime de grossophobie par des couturiers. Dans une vidéo Twitter, elle déclare : "Mon équipe a contacté de nombreux designers et beaucoup d'entre eux ne veulent pas m'habiller parce que je suis trop grosse. Si une taille 38-40 est trop grosse, et bien je ne veux pas porter vos p*tains de robes." 
En France, des artistes comme Héloïse Martin ou Louane ont été moquées, elles aussi, pour leur poids. La première, connue pour son rôle de Tamara dans le film éponyme, a été la cible de critiques des internautes lors de sa participation à Danse avec les stars 9.  Sur son compte Instagram, des personnes ont jugé que la pratique de certaines chorégraphies ne serait pas réalisable en raison de son poids. Des remarques crues qui ont blessé l'actrice "complexée par son corps", tout comme le personnage qu'elle incarnait. "Être ronde et faire du cinéma, ce n'est pas toujours simple" a-t-elle confié dans son portrait diffusé lors de l'émission. "Je n'ai pas l'habitude de jouer la séductrice. Il y a tout qui tremble partout. Mes rondeurs, j'ai l'impression qu'il n'y a que ça qui ressort lorsque je danse ! Mais j'ai envie de m'assumer et de ne pas avoir peur du regard des autres." 
Lors de la cérémonie des Victoires de la Musique, la chanteuse Louane a fait l'objet de plusieurs blagues sur son physique. Sa tenue a également été passée au crible par la Twittosphère. L'interprète de "Midi sur novembre" n'a pas répondu à ses détracteurs... et elle a bien raison ! 

Grossophobie à l'écran ou sur les réseaux sociaux : qui sont les accusés ? 

Les anonymes ne sont pas les seuls à lancer des piques grossophobes aux personnes aux formes généreuses. L'animatrice Valérie Damidot, qui a toujours été fière de son corps, accusait Cristina Cordula de grossophobie, en juillet 2018. Dans un article datant de 2015 et retrouvé par une internaute, la conseillère en images affirmait que les combinaisons estivales n'allaient qu'aux femmes minces. Ce à quoi Valérie Damidot a répondu, avec le franc-parler qu'on lui connaît : "On met ce qu'on veut ! Ronde pas ronde, stop à la dictature !"

Autre affaire, celle de la série Netflix Insatiable dans laquelle Debby Ryan incarne une jeune femme enrobée qui devient reine de beauté une fois ses kilos perdus. Des internautes "bienveillants" ont encensé les acteurs de la série, dont Alyssa Milano, les accusant d'être grossophobes. Une pétition pour annuler la série a récolté plus de 200 000 signatures ! Les acteurs se sont défendus en rappelant qu'il s'agissait d'une comédie."Nous ne faisons pas ça pour faire honte au surpoids. Nous voulons porter un regard aigü sur des systèmes dangereux et inadéquats qui mettent sur un pied d'égalité minceur et valeur", expliquait Debby Ryan sur Instagram.

Découvrez la fiction de Murielle Magellan, Moi, grosse, diffusée 15 mai 2019 à partir de 21h sur France 2. Le film sera suivi d'un débat animé par Julian Bugier qui donnera la parole à des hommes et à des femmes en surpoids, mais aussi à des médecins et psychologues qui les accompagnent dans leur combat contre la "grossophobie" et l'obésité.