Pippa Bacca, histoire tragique d'une artiste mariée, violée, étranglée et assassinée

Elle voulait montrer la solidarité humaine et rallier les peuples sous la blancheur de sa robe de mariée, symbole de paix. Giuseppina Pasqualino di Marineo, dite Pippa Bacca, était une artiste engagée. Peu avant son assassinat, en 2008, elle prend le large avec son amie Silvia Moro pour une aventure qu'elle veut salvatrice et pleine de rencontres. Leur projet "Brides on tour" a pour objectif de réunifier les peuples sous la même bannière : celle de la paix.

C'est ce périple que Nathalie Léger retrace au fil des pages de La robe blanche (Ed. P.O.L), un "petit mémorial de mots" dans lequel elle retrace l'histoire de Pippa. Une manière de redonner vie à cette artiste en quête de liberté, dont l'unique arme était son art. 

Pippa Bacca : une robe de mariée comme signe de paix et de fraternité

Habillées de robes de mariées et munies d'une caméra, les deux artistes sillonnent l'Europe en auto-stop. Elles partent de Milan le 8 mars 2008 pour rejoindre Jérusalem via des pays en proie aux conflits comme l'ex-Yougoslavie, la Slovénie, la Syrie. Malheureusement, ce projet artistique et humain, qui devait faire l'objet d'une exposition à la fin de ce long voyage, connaît une fin macabre. Alors que les amies se séparent à Istanbul, en Turquie, pour se retrouver au Liban quelques jours plus tard, la police turque fait une sinistre découverte...

Pippa Bacca, victime de l'horreur humaine

Dans une forêt située non loin d'Istanbul, le corps nu de la combattante de la paix est retrouvé en état de décomposition, le 11 avril 2008. Violée avant d'être assassinée, la trentenaire avait été prise en auto-stop à Gebze, ville industrielle bordée par la mer de Marmara, par un homme connu des forces de l'ordre pour des faits de vol. Après avoir tout avoué, l'individu est condamné à 30 ans de réclusion. La dépouille de Pippa Bacca est ensuite rapatriée en Italie. Elle est inhumée à Milan, à la basilique de San Simpliciano, en présence d'une foule bouleversée. Les funérailles de l'artiste italienne rassemblent près de 2 000 personnes dont le maire d'Istanbul et la ministre italienne de l'Egalité des chances. En Turquie, cette violente histoire choque la population et ranime le débat sur les droits de la femme dans le pays. 

L'artiste Silvia Moro et les proches de Pippa Bacca décident de rendre l'oeuvre de Pippa Bacca pérenne en mettant sur pied l'exposition qu'elle souhaitait, avec la robe de mariée qu'elle portait durant ses voyages. 

Pippa Bacca, héroïne des temps modernes 

Cette bouleversante épopée qui a marqué les esprits, tant en Europe qu'en Eurasie, fait l'objet de plusieurs adaptations. En Turquie,  en 2010, la réalisatrice Bilgos Elmas tourne le documentaire My letter to Pippa. Dans ce dernier, la cinéaste, vêtue d'une robe noire, parcourt le même chemin que l'artiste italienne, depuis l'endroit où elle a été retrouvée morte jusqu'à la frontière syrienne. En France, en 2012, le cinéaste et plasticien Joel Curtz rend hommage à cette femme engagée. Dans La Mariée, il dévoile les images inédites tournées par Pippa Bacca lors de son périple. Le film obtient plusieurs prix en France et en Italie.

Dernier hommage et pas des moindres, le site internet de Pippa, où elle partageait ses travaux, est toujours en ligne. Une manière de montrer que son art est immortel.