La Journée de la Femme d'Anne Hidalgo

Première adjointe de Bertrand Delanoë à la mairie de Paris, représentante particulière au sein de l'équipe de campagne de François Hollande, présidente de la commission de l'égalité femmes-hommes au sein de Cités et Gouvernements Locaux Unis, l'Andalouse au regard de braise a toujours eu à cœur d'imposer la parité en politique. Interview.

JDF : La Journée des Femmes : jour de fête, jour de grève, jour de guerre, jour de gloire ou bonjour tristesse ?

A.H : Un jour de fête car c'est toujours une journée lors de laquelle de nombreuses initiatives pour défendre les droits des femmes sont mises en avant, en France et dans le monde.

Quelle femme pourrait, selon vous, devenir l'emblème du 8 mars ?

J'aurais aimé vous dire Marianne mais la République française n'est pas encore paritaire. Je dirais donc plutôt Olympe de Gouges qui dit ceci dans la Déclaration des Droits de la Femme et de la Citoyenne : "La femme a le droit de monter sur l'échafaud ; elle doit avoir également celui de monter à la tribune".

 Quelle chanson pourrait en devenir l'hymne ?

A.H : " La femme est l'avenir de l'homme ", poème de Louis Aragon, magnifiquement interprété par Jean Ferrat. Une chanson éternelle.

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Anne Hidalgo © Anne Hidalgo

 Dans votre carrière, avez-vous parfois considéré votre féminité comme un " handicap " ?

A.H : Jamais, même si certains s'évertuent à faire des procès en crédibilité aux femmes.

 En 2012, ressentez-vous encore des injustices, des preuves de "déconsidération" au quotidien ?

A.H : Oui, le machisme et la bêtise qui le caractérise n'ont pas disparu. Mais après plus de dix ans en tant que Première Adjointe au Maire de Paris, les attaques se font forcément moins fréquentes.

Egalité des salaires, tâches domestiques, éducation des enfants, traitement médiatique... Après 40 ans de féminisme, quels sont, selon-vous, les combats qui restent à mener ?

A.H : Ils sont encore très nombreux. Sur l'égalité salariale entre femmes et hommes, des lois existent mais dans la réalité, il y a toujours un écart moyen des salaires de 27% à compétences égales. Là-dessus, il faut de la volonté politique et mon candidat, François Hollande, a la détermination nécessaire pour en finir avec cette injustice qui n'a que trop duré.

Quelle mesure concrète pourrait, en France, améliorer la condition de la femme ?

A.H : François Hollande a notamment pris l'engagement d'appliquer strictement l'égalité salariale entre femmes et hommes, en supprimant par exemple les exonérations de charges pour les entreprises qui persisteraient dans leurs discriminations. Il a également décidé de prendre à bras-le-corps la question des violences faites aux femmes, en renforçant notamment leur protection et en facilitant leur hébergement. Une autre mesure voulue par François HOLLANDE est de rendre réellement accessible à toutes le droit à l'avortement avec l'ouverture d'un centre IVG dans chaque hôpital. Enfin, pour veiller à l'application de ces mesures, il a décidé de remettre en place un ministère des Droits des Femmes.

Et de façon plus personnelle, plus intime, qu'est-ce qui vous donnerait le sourire ? (que votre mari se familiarise avec l'aspirateur, etc...)

A.H : Je n'ai pas à me plaindre en la matière : mon mari est un cordon bleu alors que je suis une catastrophe en cuisine. Alors, oui, chaque fois qu'il cuisine, cela me donne le sourire !

Exiger la parité, en politique notamment, imposer des quotas, n'est-ce pas là un aveu de faiblesse ?

A.H : Pas du tout. La loi Jospin sur la parité a permis de faire progresser la place des femmes dans les conseils municipaux, généraux et régionaux. A l'Assemblée nationale en revanche, les femmes restent encore trop peu nombreuses et c'est pourquoi François HOLLANDE a décidé d'aller encore plus loin s'il est élu président de la République : il supprimera les aides aux partis politiques qui ne présentent pas 50% de femmes aux élections législatives [NDLR : L'UMP ne présente que 28% de femmes aux prochaines élections législatives, à titre d'exemple].

Peut-on être pour l'égalité des sexes, mais jouer les séductrices ? Rester une grande amoureuse ?

A.H : Féministe et féminine, ce n'est pas contradictoire. Mon modèle est une femme libre et assumée plutôt que soumise et dominée.

Y a-t-il un évènement que vous souhaitez aborder ?

A.H : Depuis novembre 2011, je suis présidente de la commission de l'égalité femmes-hommes au sein de Cités et Gouvernements Locaux Unis, l'organisation qui réunit les maires du monde. J'y porte la parole et coordonne l'action des femmes élues locales, afin de renforcer leur rôle et leur participation. A ce titre, j'ai d'ailleurs rencontré la semaine dernière, Michelle Bachelet, l'ancienne présidente du Chili et à présent directrice d'ONU Femmes. Nous allons travailler ensemble pour identifier les femmes élues qui pourraient être les leaders de l'égalité femmes-hommes dans chaque pays, sur chaque continent, et mettre en place avec elles un plan d'action très concret.

Une actualité que vous voulez commenter parce qu'elle vous séduit ou vous hérisse ?

A.H. Je vous invite à découvrir la campagne de communication interne de la Mairie de Paris "Journée des Femmes : Les hommes en parlent " où des hommes défendent le besoin d'égalité femmes-hommes.

Et si vous étiez un homme ?

A.H : Je serais féministe et je saurais très bien cuisiner ;-)

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