Une femme perd l'enfant qu'elle portait, faute de place à la maternité

Une mère a perdu son bébé in utero, et incrimine la maternité parisienne où elle devait accoucher. Etat des lieux.

Le couple devait se rendre jeudi pour déclencher l'accouchement à la maternité Cochin-Port-Royal qui lui a finalement demandé de reporter le rendez-vous de quelques heures, mais à son arrivée il n'y avait plus de chambre libre, écrit le Parisien. Or, le couple affirme avoir informé la maternité sur le fait que le bébé ne bougeait pas beaucoup.
A force d'insister, le couple est dirigé vers les urgences plusieurs heures après, mais constatant que l'hôpital est débordé, il demande, en vain, à être admis dans un autre établissement. "Il a été dit à la patiente qu'elle pouvait retourner à son domicile", selon l'AP-HP qui s'est associée "pleinement à la douleur de la famille et au désarroi des personnels". Dans la nuit de jeudi à vendredi, le couple s'est rendu aux urgences, où le personnel hospitalier n'a pu que constater la mort in utero du bébé.
La maternité Port-Royal est réputée pour la prise en charge de la prématurité, des grossesses gémellaires et de toutes les grandes pathologies maternelles. Près de 6 000 naissances peuvent être assurées dans ses locaux modernes et flambant neufs, selon la maternité qui a rouvert ses portes en février 2012 après des mois de travaux.
Triple enquête. Une autopsie du foetus doit être pratiquée et une enquête a été lancée, selon le patron de la maternité, Dominique Cabrol, cité par Le Parisien. Évoquant un événement "très triste", le praticien reconnaît que la maternité était "en saturation totale" jeudi, et qu'il s'agissait d'un "problème structurel".
Le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire et la ministre de la Santé, Marisol Touraine, a de son côté appelé à "une enquête exceptionnelle", administrative et médicale, pour "faire toute la lumière" sur cette affaire, assurant qu'elle "veillerait" à ce que les parents puissent connaître la vérité.

"La France voit ses résultats périnataux se dégrader à chaque nouvelle enquête", estime de son côté le Collège national des Sages-Femmes de France (CNSF) qui demande "une prise en charge qui 'fait moins et mieux' pour les grossesses dites à bas risques et 'plus et mieux' pour les grossesses à hauts risques". "Si tous les moyens techniques n'étaient pas monopolisés pour toutes les femmes enceintes, les grossesses qui le nécessitent réellement pourraient en bénéficier en temps et heure !", dit le CNSF.

Il n'y a plus en France "d'indicateur fiable" pour ce qui concerne les enfants morts avant la naissance, informait la Cour des comptes dans son rapport de 2012. "La déclaration à l'état civil d'un enfant né sans vie est désormais laissée à la liberté des parents pour toute grossesse à partir de 15 semaines" et "l'enregistrement n'étant plus exhaustif" (...) "la France ne dispose plus de statistiques fiables pour la mortinatalité, seul pays européen avec Chypre dans cette situation". Pour l'institution, "cette lacune est d'autant plus préoccupante" que, selon le rapport Euro-Peristat de 2008, la France avait en 2004 le taux de mortalité avant la naissance le plus élevé d'Europe (9,1 pour 1.000). 

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