Amazon licencie des salariées... parce qu'elles sont enceintes

Amazon est connu pour ses conditions inhumaines de travail. Alors que 7 femmes ont porté plainte contre ce géant du net en 4 ans pour avoir été licenciées à cause de leur grossesse, l'entreprise américaine ne remet pas sa politique en question et collectionne près de 2 790 plaintes en 2018.

Amazon licencie des salariées... parce qu'elles sont enceintes
©  Ken Wolter

Le géant Amazon fait partie de ces entreprises qui regardent leur chiffre d'affaire avec la plus grande attention. Avancer avec un caddie que l'on doit remplir très vite à mesure que le client passe sa commande, tout placer dans un carton et vite expédier le tout : le modèle de l'entreprise est tel que les salariés sont constamment pris dans une course contre la montre. Debout, à courir dans les allées d'un entrepôt gigantesque et sous surveillance, il y a mieux comme condition de travail... Depuis son arrivée en France, en 2010, le géant de la vente a été plusieurs fois critiqué pour les conditions de ses employés qui ne semblent pas s'être améliorées. Le magazine CNET a dévoilé que 7 femmes ont lancés des poursuites judiciaires ces quatre dernières années contre Amazon. Ces anciennes travailleuses déclarent avoir été virées parce qu'elles étaient enceintes. 

Licenciées parce qu'elles allaient trop souvent aux toilettes

Sept procès et sept femmes victimes de conditions de travail déplorables et honteuses. Beverly Rosales est l'une d'entre elles. À CNET Magazine, elle confirme la pression et l'acharnement de son manager, alors qu'elle lui a annoncé sa grossesse. "Quand j'allais aux toilettes, elle m'attendait pour me réprimander", a-t-elle témoigné.
Sur une journée de travail de 10 heures, payée 15 dollars de l'heure, la jeune femme affirme n'avoir le droit qu'à 30 minutes de pauses accumulées en dehors de celle du déjeuner. Elle souligne également que les toilettes les plus proches se situent à 5 minutes de marche de l'entrepôt, à San Bernardino en Californie. "Après cela, j'ai décidé de me retenir toute la journée parce que je ne voulais pas être renvoyée". Et pour cause ! Ses nombreux allers et retours aux toilettes lui sont reprochés par son manager, qui y voit un frein à sa productivité et donc un manque à gagner pour l'entreprise.
Après deux ans chez Amazon, Beverly Rosales est licenciée courant novembre. "Amazon veut faire sortir le plus de produits possibles", explique celle qui a poursuivi son ex-employeur en Justice dès janvier 2019 et dont le procès se tiendra en juin. "Amazon s'intéresse plus aux chiffres qu'à ses employés", rétorque-t-elle.

Beverly Rosales est loin d'être un cas isolé. En novembre 2015, Amber Sargent avertit son employé que le médecin lui a déconseillé de monter sur les échelles qui permettent d'atteindre des produits stockés en haut des étagères et de porter des cartons pesant plus de 10 kgs. Des contraintes qui, selon elle, ont poussé Amazon à la mettre en arrêt de travail forcé.
D'après son avocate, elle n'a pas été payée durant plus d'un mois et, lorsqu'elle appelle son manager pour connaître l'avancée de sa situation, ce dernier lui demande de patienter et lui assure que le nécessaire sera fait. Au mois de décembre, lorsqu'elle retourne enfin au travail, la future maman est toujours affiliée au même département et son employeur lui demande d'accomplir des tâches que son médecin lui interdit. Un mois plus tard, elle est virée à son tour.
En 2011, Cathleen Stewart, enceinte également, fait les frais de la méchanceté de ses supérieurs. Elle annonce attendre un enfant à ces derniers et dépose une note de son médecin au service des Ressources Humaines, qui dit qu'elle doit se rendre plusieurs fois par jour aux toilettes. Ce à quoi le DRH répond, selon les documents de la Cour :"Moi aussi, j'aimerais me rendre plusieurs fois aux toilettes".
Ce n'est pas la seule remarque douteuse à laquelle Cathleen est confrontée. Alors qu'elle tarde un peu au petit coin, un manager lui dit qu'"être enceinte n'est pas une excuse pour être en retard". 

Une bouteille pour faire pipi

En avril 2018, un écrivain se fait embaucher par Amazon pour y témoigner des conditions de travail. Durant cette expérience dans un entrepôt britannique du géant américain, il écrit que les employés, de peur de se faire pénaliser (ou pire) ont mis en place un système de bouteille faisant office de... toilettes. 

Amazon nie, persiste et signe

Le géant dément formellement les accusations qui pèsent contre lui. "Il est absolument faux qu'Amazon aurait licencié des employées parce qu'elles étaient enceintes. Nous sommes une entreprise égalitaire", a déclaré une porte-parole à CNET .
"Nous travaillons avec nos employés pour accommoder leurs besoins médicaux, incluant les nécessités de grossesse. Nous soutenons également les nouveaux parents en offrant divers bénéfices de congé maternité." La Commission américaine pour l'égalité des chances en matière d'emploi a enregistré, en 2018, 2 790 plaintes de discriminations à l'égard de femmes enceintes contre Amazon.