"Génération pyjama" : le Télétravail, secret de productivité et de bonheur des salariés ?

Le télétravail augmente la productivité de 22 % et 1 salarié sur 4 a renoncé au présentiel... Si certains sont las de l'isolement et du boulot à la maison, d'autres ne sont pas retournés au bureau depuis un an... et ils en sont HEU-REUX ! Panorama.

"Génération pyjama" : le Télétravail, secret de productivité et de bonheur des salariés ?
© lightfieldstudios / 123RF

Voilà plus d'un an qu'une partie des salariés sont enfermés entre les quatre murs de leur logement. Et si le télétravail permettait de gagner en productivité? C'est la conclusion d'une récente étude de l'Institut Sapiens, qui précise que la productivité des salariés en télétravail a augmenté de 22 %! Ce gain serait notamment dû à la baisse des "distractions et perturbations" que les travailleurs peuvent rencontrer au bureau tels que les bruits environnants ou les longues pauses café...
De surcroît, le salarié n'ayant pas besoin de se rendre sur son lieu de travail, il peut utiliser le temps du trajet pour effectuer des tâches supplémentaires, se reposer davantage, glaner de précieuses minutes de sommeil supplémentaires, et être en meilleure forme!

Le fait de travailler chez soi permet également de se responsabiliser et de gérer son emploi du temps à sa façon. 

Le télétravail, fardeau ou soulagement ?

Mais les avantages susmentionnés ne sont valables que si le salarié est suffisamment encadré. Dans le cas contraire, la productivité chuterait de 20 %

Le télétravail est donc un outil à manier avec précaution... et il ne convient pas à tout le monde!

Rappelons qu'en novembre 2020, un sondage Harris indiquait que 32% des salariés vivaient mal le télétravail

Pour autant, selon une enquête publiée en février par l'Observatoire de la digitalisation, 1 télétravailleur sur 4 ne ressent plus le besoin de travailler en présentiel.
Environ 1 sur 10 n'en ressent même "pas du tout" le besoin.

A chacun sa vision du télétravail.

"Je peux voir ma fille grandir"

"Le télétravail me rend mille fois plus efficace (...) J'apprécie de cuisiner, d'être chez moi dès que ma journée est terminée", a par exemple confié au Huffington Post Alice, qui travaille pour plusieurs médias.

Quant à Peyo, père de famille et salarié dans une entreprise de grande distribution, il s'est réjoui: "Je peux voir ma fille grandir. Le fait d'être à la maison me permet de relayer ma femme qui est en congé maternité. Elle peut enfin se reposer. Ce serait très compliqué pour nous deux si je venais à retourner au bureau"..

Chaque soir, avant le couvre-feu de 18h, il s'accorde une promenade avec sa fille et son épouse. Un luxe qu'il n'aurait pas pu s'accorder s'il effectuait ses tâches en étant physiquement présent.

"Je vivrais très mal un retour au bureau"

Quant à Diane, elle se sent plus "épanouie" depuis qu'elle travaille seule et ne souhaite pas retourner au bureau de sitôt.

"Franchement, je le vivrais très mal. J'ai mes nouveaux repères, chez moi, qui me conviennent très bien. J'ai peur de ne plus savoir m'y prendre ailleurs, avec du monde", a confié cette salariée d'une Start-up qui se sent désormais "davantage productive dans le travail".

Quant à Philippe Beaudoin, 62 ans, il est heureux d'être "quasiment à 100 % en télétravail", comme il l'a expliqué au Monde.

"Depuis six mois, j'ai dû me déplacer deux fois maximum. Le télétravail, ça ne marche pas si mal. Même pour les contacts avec la clientèle, on est en visioconférence", a détaillé ce consultant et commercial chez Dalibo, une entreprise de services informatiques.

Urbains, cadres, jeunes : qui préfère quoi ?

Selon l'étude de l'Observatoire de la digitalisation, les salariés des "professions intermédiaires" sont moins enclins à revenir travailler au bureau (37 %) que les cadres, qui sont 18 % à souhaiter rester en télétravail. "On retrouve la même différence par niveau de revenus et de diplôme. Plus il est bas, moins les salariés éprouvent le besoin de revenir", a précisé au Monde Emile Leclerc, directeur d'études d'Odoxa.

Des différences sont également à noter en fonction du lieu de résidence. Environ 37 % des habitants des campagnes ne souhaitent pas le retour au bureau, contre 25 % des habitants des villes.

Environ 18 % des jeunes de 18 à 24 ans qui sont à 100 % en télétravail n'estiment pas avoir besoin de retourner travailler sur site, Ils sont 35 % chez les 50-64 ans.

Le risque d'une "génération pyjama"

Les jeunes sont d'ailleurs de plus en plus nombreux à entamer leur expérience dans une nouvelle entreprise... à distance. Et n'ont pas le temps de prendre leurs marques, connaître leurs collègues ou comprendre ce que l'on attend d'eux.

En outre, le risque est d'engendrer, à long terme, une véritable "génération pyjama", comme l'a expliqué Laurence Breton-Kueny, vice-présidente de l'Association nationale des DRH, lors des 11es Rencontres pour la santé au travail, qui se sont tenues... à distance!