Une grande entreprise française offre de nouveaux congés pour les femmes : combien et pourquoi ?

PMA, fausse-couche ou encore endométriose... Une enseigne de grande distribution met en place des jours d'absence pour les salariées concernées par ces questions. Un dispositif inédit en France.

Une grande entreprise française offre de nouveaux congés pour les femmes : combien et pourquoi ?
© ROMAIN DOUCELIN/SIPA (publiée le 19/04/2023)

C'est une annonce qui a fait grand bruit. Carrefour propose des congés aux femmes de son entreprise à partir de l'été 2023 pour des situations précises alors que la loi ne l'y oblige pas. Selon Alexandra Bompard, PDG de l'enseigne, interrogée par Le Parisien, cette petite révolution est faite pour "lever dans notre entreprise toutes les difficultés qui empêchent une réelle égalité entre les femmes et les hommes". Et d'ailleurs, l'entreprise espère que cette initiative en inspirera d'autres. "Octroyer des jours est un début, mais rien ne sera possible sans une véritable évolution des mentalités. Nous allons lancer une grande campagne de mobilisation, car les managers ne savent pas toujours ce que les femmes peuvent endurer", confirme le responsable.

Comment cela va se passer concrètement ?

Les femmes souffrant d'endométriose pourront bénéficier de douze jours d'absence par an, après avoir fourni un document attestant le handicap comme une carte d'inclusion ou une attestation d'invalidité délivrée par la Caisse primaire d'assurance maladie. Trois jours seront proposés pour celle ayant fait une fausse-couche et une journée après l'implantation d'un embryon dans le cadre d'une procréation médicalement assistée (PMA). Ces dernières devront se signaler auprès de leur responsable, mais le motif de l'arrêt ne sera pas inscrit sur les fiches de l'entreprise pour plus de discrétion.

Ce choix pourrait s'avérer gagnant pour tout le monde sur le long terme. Car ces nouveaux avantages rendent plus attractifs un secteur qui a du mal à recruter. En outre, ce dispositif permet de réduire le temps d'arrêt maladie. Afin de ne pas être pénalisées par les jours de carences, certaines sont obligées de s'arrêter plus de 8 jours, actuellement.

Vers un congé menstruel ?

Deux enseignes Biocoop de Villeurbanne ont déjà franchi le pas du congé menstruel. Timothée Saillard, le dirigeant des magasins, accorde un jour par mois aux employées qui ont des règles douloureuses. Il évoque un "arrêt menstruel car les salariés ne sont pas en vacances" dans Le Parisien. D'après nos confrères, "sur une quinzaine de salariés, dont la moitié est de sexe féminin, trois utilisent cette nouvelle souplesse depuis que l'expérimentation a été lancée en janvier". 

Ce patron souhaiterait que l'initiative soit généralisée par une loi pour des raisons d'organisation et aussi de coût : "Pour que cela marche, il est nécessaire de faire adhérer toute l'équipe à ce projet, car si une hôtesse de caisse doit s'absenter, il faut lui trouver un remplaçant au pied levé. Pour l'heure, c'est mon entreprise qui finance ces arrêts. Un cadre légal serait moins coûteux pour moi". Plusieurs pays ont déjà sauté le pas comme l'Espagne, le Japon, l'Indonésie, Taïwan, la Corée du Sud ou la Zambie. En France, seul le parti socialiste avait proposé un congé menstruel dans son programme pour l'élection présidentielle de 2022.