Tentative de féminicide à Blois : Chloé, laissée pour morte, la police lourdement mise en cause

Alors que le 13 décembre dernier Chloé est laissée pour morte par son compagnon, celle-ci avait tenté de prévenir la police. En vain, puisqu'elle avait été dirigée vers la sortie du commissariat où elle n'a pas pu porter plainte. Voici le déroulement de cette journée de l'horreur.

Tentative de féminicide à Blois : Chloé, laissée pour morte, la police lourdement mise en cause
© ANDBZ/ABACA

Comme malheureusement beaucoup de féminicides, celui-ci aurait pu être évité. Et pour cause : Chloé, la victime, a tenté de prévenir les autorités compétentes du danger qu'elle encourrait. À Blois, cette jeune femme de seulement 24 ans a été victime d'une violence inouïe de la part de son compagnon. Pour mieux comprendre, nos confrères du Parisien ont pu recoller les morceaux de cette journée qui a été une succession de chances de se saisir de l'affaire et de protéger la jeune femme. 

Comment cette journée s'est déroulée ? 

Chloé est une jeune femme âgée de 24 ans. Celle-ci vient alors de se séparer de Marvin J, son compagnon âgé de 27 ans au lourd casier judiciaire. Le 13 décembre 2022, la jeune femme décide de mettre fin aux violences qu'elle subies et décide donc d'aller porter plainte au commissariat de Blois alors qu'elle vient également d'avorter de son ancien compagnon. En effet, celui-ci lui fait peur :  "harcèlement par SMS, menaces, tentative d'étranglement", détaille Le Parisien. Le matin du 13 décembre, on apprend que Marvin était déterminé à avoir des explications quant à leur rupture et a donc décidé de débarquer chez Chloé, à Blois, depuis Paris. La jeune femme, effrayée, informe sa mère au téléphone de la situation, qui lui demande de se rendre au commissariat

Alors que le couple se brouille à la vue de tous, une voiture de police passe et Chloé tend une première perche : "Dégage Marvin !", crie-t-elle. "À la vue des uniformes, il s'éloigne, non sans la traiter ostensiblement de folle et part s'acheter une bouteille de vodka…", précise Le Parisien. Elle décide donc de parler aux policiers municipaux des menaces et de la strangulation. Ces derniers lui rétorquent que sans traces de coups, ils ne pourront "rien faire de plus". La mère de Chloé tente, elle aussi, de parler à la police municipale, au téléphone, suppliant de mettre sa fille hors de danger. Les policiers municipaux restent constants. "Ce n'est pas la procédure" et en cas de danger, il faut appeler le 17. 

Plus tard, à 17h24, comme le précise Le Parisien, Chloé passe les portes du commissariat et en ressortira "trois minutes plus tard !". En cause ? Le major de police qui l'a reçue lui explique qu'une autre personne, victime de vol, est prioritaire et qu'il vaut donc mieux revenir le lendemain. "L'enquête interne a également établi que ce major, qui ne terminait son service qu'une heure plus tard, aurait pour habitude de renvoyer toute personne se présentant à partir de 17 heures…", révèle Le Parisien. Pour le moment, le major est mis à pied à titre conservatoire. 

Pourquoi les agents n'ont pas agi ? 

Chloé est donc ressortie bredouille, la peur au ventre et s'est résignée à rentrer chez elle, en tentant de répondre aux messages inquiets de sa mère.  "Pourquoi tu n'as pas porté plainte ? Tu ne pouvais pas maintenant ? Punaise, car il faut un rendez-vous ?", demande-t-elle, ébahie. "Ce soir, c'est compliqué. Je ne veux pas d'un rendez-vous bâclé". Chloé ne répondra plus à aucun message après ça.

Comme le précise le quotidien, sa mère qui continue de bombarder sa fille de messages décide de prendre sa voiture pour rejoindre sa fille, qu'elle trouvera inconsciente, deux heures après. Marvin sera d'abord posté devant chez Chloé jusqu'a 18h10 et la BAC était alors garé à proximité et a donc été témoin de la scène. "Aucune de ces deux femmes n'a été prise au sérieux par la police municipale alors qu'elles évoquaient un danger et qu'ils ont été témoins d'une altercation ! Pourquoi ne l'ont-ils pas accompagnée au commissariat ?, déplore Me Isabelle Steyer, avocate de la mère de Chloé. 

La mairie essaye de se justifier : la colère de l'avocate

Comment la mairie de Blois explique ce cruel manquement ? Elle estime que "le calme était revenu" et que ses agents étaient "déjà engagés sur une intervention d'aide à une personne vulnérable dans ce même quartier". Ils auraient, selon elle, "mesuré la gravité de la situation au regard des éléments en leur possession au moment de l'intervention et non des événements qui allaient se produire." Une explication qui n'est pas recevable pour l'avocate de la mère : "Dix minutes auraient suffi pour vérifier les antécédents de l'agresseur qui avait 14 lignes à son casier judiciaire. Dont une condamnation pour violences conjugales ! Personne n'a entendu ni protégé Chloé". Pour le moment, Chloé est toujours dans un état proche du coma