Contestations en Iran : L'actrice Hengameh Ghaziani arrêtée sans voile, polémique à la Coupe du monde, l'équipe de foot en cause...

Elle a été arrêtée la tête haute. Comme de nombreuses autres femmes depuis maintenant plusieurs mois, l'actrice iranienne a décidé de risquer sa vie pour défendre le droit des femmes dans son pays. Elle a posté samedi 19 novembre 2022 sur Instagram une vidéo d'elle, sans voile, en pleine rue. Elle a été interpellée dimanche, ainsi que sept autres personnalités.

Contestations en Iran : L'actrice Hengameh Ghaziani arrêtée sans voile, polémique à la Coupe du monde, l'équipe de foot en cause...
© Instagram/hengamehghaziani

Les yeux dans les yeux, Hengameh Ghaziani a décidé de défier le pouvoir. Dans une vidéo publiée samedi sur Instagram et visionnée près de 500 000 fois, l'actrice iranienne s'est affichée sans foulard, en pleine rue, en soutien au mouvement de contestation déclenché par la mort en détention de la jeune étudiante de 22 ans, Mahsa Amini. Elle a été arrêtée dimanche par les services de sécurité, a annoncé un média officiel. Elle risque sa vie... Au moins 342 manifestants ont été tués dans la répression du mouvement, selon Iran Human Rights (IHR) et au moins 15.000 personnes ont été arrêtées.

Hengameh Ghazian se filme les cheveux non voilés : son "dernier message" ?

La vidéo, filmée dans ce qui semble être une rue commerçante, montre Hengameh Ghaziani les cheveux détachés et regardant fixement l'objectif. L'actrice se retourne ensuite pour faire une queue-de-cheval, comme le font d'autres femmes avant d'aller manifester. La femme de 52 ans indique en légende, avec une triste lucidité, qu'il s'agit peut-être là de son "dernier message". "À partir de maintenant, quoi qu'il m'arrive, sachez que comme toujours je suis avec le peuple iranien jusqu'à mon dernier souffle", ajoute-t-elle.

Selon l'agence officielle de presse Irna, son arrestation s'est faite au motif d'avoir incité et soutenu les "émeutes" et communiqué avec des médias d'opposition. Ces dernières semaines, l'actrice avait vivement critiqué la répression du mouvement de contestation, accusant les autorités d'avoir tué des enfants et des jeunes lors des manifestations.

Sept autres personnalités iraniennes arrêtées en Iran

Simultanément à son arrestation, sept autres personnalités du cinéma, de la politique et du sport, ont été interpellées par le gouvernement iranien pour avoir publié des contenus "provocateurs" en soutien au mouvement de contestation, a annoncé l'agence de l'autorité judiciaire. Parmi elles, l'entraîneur du club de football Persepolis FC, Yahya Golmohammadi, qui avait reproché la semaine dernière aux joueurs de l'équipe nationale de ne pas "porter la voix du peuple opprimé aux oreilles des autorités", après la rencontre de la sélection iranienne avec le président Ebrahim Raïssi. Deux ex-députés réformateurs, Mahmoud Sadeghi et Parvaneh Salahshouri, ont aussi été arrêtés pour avoir appuyé ouvertement le mouvement de contestation.

Celui-ci a débuté en septembre dernier, après le décès de Mahsa Amini, une Kurde iranienne de 22 ans arrêtée par la police des mœurs pour avoir enfreint le strict code vestimentaire obligeant notamment les femmes à porter le voile en public.

Coupe du monde au Qatar : le courage de l'équipe d'Iran

Autre forme de revendication pour la liberté en Iran : lors du match opposant l'équipe iranienne à celle anglaise, lundi 21 novembre pour son entrée dans la Coupe du monde football, les joueurs iraniens ont refusé de chanter leur hymne national, gardant le silence sur la pelouse...  

"Dès que les premières notes de l'hymne ont résonné, des sifflets aigus sont venus du virage des 3 000 supporters iraniens, mêlés à des cris, alors que quelques supporters brandissaient des pancartes Woman, Life, Freedom (Femme, Vie, Liberté), le slogan des manifestants. À la fin du match (6-2 pour l'Angleterre), quelques supporters iraniens ont scandé " Mort à Khamenei ", le guide suprême de la révolution islamique, mais certains d'entre eux ont fait état de la présence d'agents venus de Téhéran, avec la collaboration de la police locale", rapporte L'Equipe sur son site.