Suicide d'une famille : Qui étaient les jumelles Nasrine et Narjisse ? Que craignait le père polytechnicien ?

C'est une véritable tragédie qui s'est produite à Montreux, en Suisse : 5 Français d'une même famille se sont jetés par le balcon de leur appartement situé au 7e étage. Il s'agirait d'un "clan survivaliste" qui ne "sortait que la nuit". Leur identité a été dévoilée ainsi que leur étrange obsession. Professions remarquables, "Appartement bunker", "5 mn d'intervalle" entre chaque saut... De nouveaux éléments font surface.

Suicide d'une famille : Qui étaient les jumelles Nasrine et Narjisse ? Que craignait le père polytechnicien ?
© Cyril Zingaro/AP/SIPA

Un drame terrible qui trouble la tranquillité de la ville de Montreux, en Suisse romande. Quatre membres d'une même famille décédés en se défenestrant du 7e étage de leur appartement. Il s'agissait du père de famille de 40 ans, son épouse de 41 ans, sa sœur jumelle, et leur fille de 8 ans. La cinquième personne, leur fils de 15 ans, avait été héliporté dans un état grave et est désormais dans un état "stabilisé", a indiqué la police locale. Sa chute avait été amortie par un palmier. Dans l'émission Sept à Huit, l'on découvre le 24 avril que le père de famille, polytechnicien, se prénommait Eric David. Sa femme et la sœur jumelle de celle-ci se prénommaient, elles, Nasrine et Narjisse Gama Feraoun.

Qui étaient les membres de la famille ?

Un voisin s'est d'ailleurs souvenu du comportement étrange du père de famille: "Il avait toujours la tête baissée. Il ne répondait même pas aux 'bonjour'. Il se sentait gêné, il devenait rouge, ça arrivait même qu'il ait des petites gouttes de sueur sur le front, il était vraiment mal à l'aise. Quand on les voyait, ils étaient vraiment 'normaux', ils rigolaient entre eux, discutaient entre eux, mais dès qu'il y avait quelqu'un d'autre qu'eux cinq, c'était le silence".

Mais Narjisse Gama Feraoun, contrairement à son beau-frère, était très appréciée de son entourage. L'ophtalmologue, qui travaillait aux Hôpitaux Universitaires de Genève, faisait même l'unanimité auprès de ses patients. "C'était quelqu'un de très brillant, de joyeux, rayonnant. Tout le monde l'appréciait beaucoup. Elle ne se plaignait jamais de rien, elle n'avait aucun mot méchant sur personne. C'était vraiment une chic fille", a assuré l'un d'entre eux.

La famille, obsédée par le vaccin contre la Covid-19

Malgré tout, un sujet obsédait les sœurs jumelles: le vaccin contre le coronavirus. "Elles partaient du principe que tous les vaccinés, à partir de deux ans, normalement, ils allaient mourir", s'est souvenu auprès de Sept à Huit un serveur qui avait l'habitude de les voir dans le café dans lequel il travaille. 

Pour les sœurs jumelles, "il y allait commencer à y avoir du pillage, des gens qui commencent à voler, à devenir fous, à s'attaquer les uns les autres". Le clan a donc veillé a avoir "des médicaments en réserve, avoir de l'eau potable, et puis un plan de secours avec une communauté. Dans ce cas-là, il faudrait quitter les villes pour aller dans la forêt".

La piste d'un suicide collectif privilégiée

Désormais, la piste d'un suicide collectif se précise. Selon les premiers éléments de l'enquête, le père de famille aurait notamment enjambé la balustrade avec sa fille dans ses bras. Le site officiel de l'État de Vaud précise que l'intervention d'un tiers est écartée. L'enquête "laisse supposer que toutes les victimes ont sauté du balcon les unes après les autres" dans un intervalle de cinq minutes, précise la police du canton de Vaud qui a découvert un escabeau sur le balcon.

Pourtant, sur le papier, les membres de la famille menaient de brillantes carrières et étaient loin d'être marginalisées par la société. Le père de famille était diplômé de Polytechnique, apprend-on sur son profil Linkedin, et avait travaillé au sein de différents ministères, notamment à Bercy et au Quai d'Orsay. Puis, il avait intégré une entreprise suisse et s'était ensuite installé à son compte.

Quant à sa compagne, elle était dentiste, mais son autorisation d'exercer lui avait ensuite été retirée. Sa sœur jumelle était, elle, ophtalmologue et travaillait à la Clinique de l'œil à Sion.

Famille défenestrée : les gendarmes venaient de se présenter au domicile

La famille aurait été plongée dans un isolement extrême et serait passée à l'acte quelques minutes après que les gendarmes se soient présentés avec un mandat d'amener, en rapport avec la scolarité du fils, effectuée à domicile. Après avoir frappé à la porte, avoir eu un échange avec une personne leur demandant de se présenter, les gendarmes n'ont plus rien entendu. Dans l'impossibilité de pénétrer dans l'appartement et d'exécuter leur mission, ils ont donc quitté les lieux. En parallèle, le drame se jouait. En outre, le père de famille n'aurait pas répondu aux courriers de contrôle que les autorités avaient envoyés ces derniers mois.

Un "clan survivaliste" ?

Selon Le Parisien, qui a recueilli des témoignages du voisinage, la famille évitait tout contact avec d'autres personnes et ne sortait que la nuit. Plus de la moitié de l'appartement était d'ailleurs rempli de colis, notamment des conserves de nourriture, des bouteilles d'eau et des médicaments. Le domicile est décrit par le quotidien local comme "un appartement aux airs de bunker et fenêtres calfeutrées (...) laissant penser que ce clan évoluait dans un milieu survivaliste". La somme de 30 000 euros a été retrouvée. 

Les jumelles avaient pour habitude de se promener habillées d'une "longue cape verte", selon BFMTV.

Autre détail intrigant: sur la porte de l'appartement, l'on pouvait apercevoir un morceau de bois, sur lequel il était écrit: "Jesus is the reason for the season", en référence à une chanson de pop-rock chrétien évangélique.

L'incompréhension règne à Montreux. Cette paisible ville au bord du Lac Léman est plus habituée à faire parler d'elle pour ses festivals de jazz et d'humour que pour ses faits divers. Et pourtant... En fin de matinée du 24 mars, c'est la Police vaudoise via Twitter qui évoque ce terrible accident: "Drame à Montreux: Jeudi 24 mars, cinq personnes d'une même famille sont tombées dans le vide depuis leur balcon situé au 7e étage d'un appartement à Montreux".