Gérard Depardieu, mis en examen pour viols : SMS et vidéos sèment le trouble

Que s'est-il réellement passé en août 2018? Alors que Gérard Depardieu est accusé de viols par l'actrice Charlotte Arnould, l'acteur demande l'annulation de sa mise en examen et nie en bloc les allégations. Mais la décision a été rendue le 10 mars: selon Le Parisien, Gérard Depardieu est bien mis en examen pour viols et agressions sexuelles. Me Hervé Temime, avocat de Gérard Depardieu n'a pas souhaité s'exprimer sur la décision, pour l'heure. Quant à l'avocate de Charlotte Arnould, Me Carine Durrieu-Diebolt, elle a souligné une "décision importante": "Dans ce dossier tous les magistrats, la juge d'instruction, l'avocat général et les trois magistrats de la cour d'appel, ont estimé qu'il existait des indices graves et concordants qui laissent à penser que monsieur Depardieu a bien commis les viols et agressions sexuelles dont il est accusé".

D'après Le Parisien, tout commence la journée du 2 août. La comédienne en herbe croise l'acteur dans le VIe arrondissement de Paris, alors qu'elle se trouve avec sa mère, Blaisette, qui est l'épouse d'un vieil ami de Gérard Depardieu. Celui-ci connaît la jeune femme de 23 ans depuis qu'elle est bébé. Il existe même une photo sur laquelle le mastodonte de la comédie tient dans ses bras la petite Charlotte, alors qu'elle est un bambin. Ce 2 août 2018, tous les trois se mettent à discuter, Charlotte Arnould lui fait savoir qu'elle rêve de devenir une grande actrice. L'échange prend fin. 

Charlotte Arnould ne voulait pas être aidée par Depardieu

Après leur rencontre, la mère de la jeune femme, Blaisette, contacte l'acteur afin de lui faire part de sa joie de l'avoir revu, toujours selon Le Parisien. Lui, la rappelle. Tous deux se mettent à discuter de tout, de rien, mais surtout de la jeune Charlotte Arnould et de sa carrière. Blaisette demande alors au comédien de dispenser quelques conseils professionnels à sa fille.

Au début de sa carrière de comédienne, Charlotte Arnould n'a jamais sollicité l'aide de Gérard Depardieu. Elle souhaitait se faire une place par elle-même dans l'univers très fermé du septième art… et avait plutôt relevé le pari jusqu'ici. A l'époque, elle vient d'intégrer le Laboratoire de l'acteur d'Hélène Zidi et d'obtenir un rôle dans la comédie musicale Passion, mise en scène par Fanny Ardant.

Charlotte Arnould dénonce des attouchements et une pénétration digitale

Gérard Depardieu ne se fait pas prier pour contacter Charlotte Arnould. Le 9 août, il l'appelle et lui propose de passer chez lui afin de "discuter de ses cours avec Hélène Zidi", raconte Le Parisien. Au début de l'entrevue, la discussion reste strictement professionnelle. "Nous avons discuté professionnellement comme cela cinq minutes, avant qu'il me dise de m'approcher de lui pour qu'il regarde le maquillage de mes yeux", a confié au quotidien local la plaignante. 

A cet instant, Gérard Depardieu aurait glissé sa main sous les vêtements de la jeune femme et l'aurait l'attouchée, selon les propos de Charlotte Arnould. Il aurait ensuite procédé à une pénétration digitale, tandis que l'actrice en devenir serait restée "tétanisée". Puis, il l'aurait embrassé… avant que la femme de ménage ne survienne et l'interrompe. A l'époque, la jeune femme n'a aucune expérience sexuelle. Sujette aux troubles du comportement alimentaire, elle garde les séquelles d'une anorexie qu'elle a combattue de longues années.

Gérard Depardieu a "senti une curiosité qui l'a poussé à aller plus loin"

Entendu par la police judiciaire, Gérard Depardieu affirme, lui, que Charlotte Arnould était "pleinement consentante". "J'ai senti dans son regard et son comportement une curiosité et une entente qui m'ont poussé à aller plus loin. Il va de soi que si j'avais senti la moindre résistance ou opposition, elle n'aurait pas eu besoin de dire un mot, j'aurais arrêté immédiatement", a-t-il expliqué avant de préciser: "M'ayant dit qu'elle était vierge, je n'ai à aucun moment voulu pratiquer une pénétration digitale".

Ce 9 août 2018, Gérard Depardieu fait ensuite visiter son jardin à Charlotte Arnould, la faire entrer dans une chambre et lui demande de s'allonger sur le lit. Là, le comédien aurait de nouveau attouché la jeune femme et lui aurait fait un cunnilingus sans son consentement. "J'ai eu la sensation d'être morte. J'ai regardé le plafond, je n'ai rien senti (…). Je ne me possédais plus, j'étais incapable de bouger", s'est-elle souvenue selon Le Parisien.

Charlotte Arnould, "traumatisée"

A ce moment, Gérard Depardieu lui demande si elle "ressent du plaisir". "Elle m'a dit non, alors j'ai arrêté", a-t-il assuré. "Dévastée", la jeune femme aurait alors quitté le domicile de l'acteur. Depardieu l'aurait ensuite appelée pour lui demander s'il ne l'avait pas "traumatisée". 

Le 13 août 2018, Gérard Depardieu lui propose de se rendre à nouveau chez lui, afin de parler plus amplement de sa formation à la comédie. Il lui avait conseillé de travailler le rôle d'Armande, dans Les Femmes Savantes, pièce de Molière. "Mon intention de me rendre chez lui, c'était de lui dire ma façon de penser et mon dégoût de son comportement. J'avais l'intention de lui dire qu'il m'avait traumatisée, volé quelque chose de précieux et d'irrécupérable", a-t-elle expliqué, toujours selon Le Parisien.

Charlotte Arnould, "tétanisée" face à l'acteur

Mais à nouveau, Gérard Depardieu aurait pénétré digitalement la jeune femme, selon ses propos. "J'étais comme un robot, (…) une loque sans réaction. Devant lui, je suis hypnotisée, tétanisée sous son emprise", a-t-elle assuré. L'acteur, lui, a continué d'affirmer qu'il la pensait consentante: "Imposer un acte sexuel est pour moi quelque chose d'inconcevable et d'insupportable". Puis, le 25 août 2018, Charlotte Arnould décide de porter plainte contre l'acteur.

Troublants messages et images de vidéosurveillance

Au cours de l'enquête, les vidéos de la caméra de surveillance de l'Atelier, pièce principal de l'hôtel particulier du comédien, sont découvertes. Sur les images, les enquêteurs aperçoivent la jeune femme, plutôt "décontractée" et même souriante, même en quittant le domicile. Mais aucune caméra n'est installée dans les endroits où la plaignante a dénoncé les faits présumés. 

Ce sont ensuite des messages troublants que découvrent les enquêteurs. Dans l'un d'eux, daté de quelques jours après le deuxième viol supposé, la jeune femme répond à Gérard Depardieu, qui souhaitait prendre de ses nouvelles: "Mon doux Gérard, j'ai appris la scène et j'espère la travailler avec vous bientôt".

Le 19 août, elle lui laisse un message vocal dans lequel elle s'excuse de ne pas avoir répondu à son appel et réaffirme sa volonté de chanter Barbara à ses côtés, au Cirque d'Hiver (à l'époque, il y avait prévu une série de concerts en novembre 2018).

Charlotte Arnould : "la mort qui l'habite"

Mais ces messages représentent "l'inverse de sa pensée", a assuré la plaignante auprès des enquêteurs. "J'avais besoin d'expulser le mal-être en moi, la mort qui m'habite (…) Je n'avais pas envie d'y croire encore. J'étais dans le déni, la sidération, la dissociation. Je n'ai pas pris conscience de la gravité des faits", a-t-elle expliqué, citée par Le Parisien.