PPDA, 8 femmes l'accusent: "Il m'a épluchée comme un oignon", "C'était vraiment humiliant"...

"J'ai serré les dents et étouffé mes larmes" ou encore "Il a glissé une main dans mon soutien-gorge, puis l'autre dans ma culotte..." Alors que l'écrivaine Florence Porcel a porté plainte contre PPDA pour "viols", huit autres femmes ont témoigné dans Le Monde contre l'ancien roi du JT de TF1. Récits glaçants...

PPDA, 8 femmes l'accusent: "Il m'a épluchée comme un oignon", "C'était vraiment humiliant"...
© DE/SIPA

Après les accusations de viols de l'écrivaine Florence Porcel, ce sont huit femmes qui témoignent dans Le Monde pour épingler les comportements supposés de Patrick Poivre d'Arvor.
Pour l'une d'entre elles, qui a tenu à rester anonyme, les faits se seraient produits "chez lui à Neuilly (dans les Hauts-de-Seine, ndlr). Un petit coup vite fait mal fait, vraiment du troussage de domestique et j'étais la bonne".
"J'ai cédé. Mais j'ai serré les dents, et étouffé mes larmes. C'était vraiment humiliant. Je n'avais pas le choix, sinon je ne travaillais plus. Quand j'ai voulu que notre collaboration s'arrête, il a été vexé et cruel, et est allé dire à toute la rédaction que j'étais nulle", a-t-elle expliqué.

Hélène Devynck, "passée à la casserole" ?

Hélène Devynck, ancienne journaliste de LCI et ex-compagne d'Emmanuel Carrère, a, elle, tenu à témoigner sans dissimuler son identité. "En 1991-1993", elle dit être "passée à la casserole", alors qu'elle était l'assistante de PPDA.

L'écrivaine a récemment été convoquée par les enquêteurs de la brigade de répression de la délinquance aux personnes (BRDP) et a choisi de parler, de raconter sa version des faits. Mais elle préfère "s'en prendre plein la gueule", plutôt que de rester dans le silence plus longtemps.

"Le climat des années 1990 à TF1 était affreusement misogyne", a-t-elle déclaré. A l'époque, PPDA avait été hissé sur le pavois par la profession et les téléspectateurs. "On prévenait les filles quand elles arrivaient", s'est-elle d'ailleurs remémorée.

Toujours selon Le Monde, au moins trois autres femmes ont été entendues par les enquêteurs sur des expériences similaires. 

"Il a glissé une main dans mon soutien-gorge, puis l'autre dans ma culotte"

Une autre ancienne jeune journaliste a raconté avoir été approchée par l'ancien présentateur du JT de TF1 au "début 2003". "Il m'a lancé : 'Vous vous souvenez de la première fois que vous êtes entrée dans mon bureau ? Vous veniez me montrer une infographie et vous avez collé vos seins contre mon dos en passant derrière ma chaise'. J'ai bredouillé que je ne me souvenais pas de cela", s'est-elle d'abord souvenue.

Et d'ajouter, avec une précision déconcertante: "Il s'est levé brusquement, m'a enlacée par surprise, m'a embrassée, m'a renversée sur sa grande table, a glissé une main dans mon soutien-gorge puis l'autre dans ma culotte avant de l'introduire dans mon sexe pendant de longues minutes. J'ai essayé de me débattre doucement et de me dégager en murmurant que je ne voulais pas, que j'avais un petit ami, mais j'étais pétrifiée et je n'ai pas osé le repousser vigoureusement". 

La porte du bureau était ouverte, mais elle se serait empêchée de crier, de peur d'être entendue par le reste de la rédaction.

Après l'avoir finalement éconduit dans une lettre, la jeune journaliste aurait subi la vengeance de PPDA, qui aurait alors dénigré constamment son travail auprès de ses collègues. C'est aussi ce que raconte Hélène Devynck et d'autres femmes.

Une étudiante, "épluchée comme un oignon" ?

Une autre journaliste a fait part d'un témoignage glaçant: alors qu'elle était étudiante à la Sorbonne, PPDA se serait rendu à l'université à l'occasion d'une conférence-débat. A la fin de son intervention, la jeune femme aurait posé quelques questions au journaliste, qui lui aurait alors proposé d'assister au tournage du 20H. Comblée par cette opportunité, l'étudiante s'y serait rendue... mais aurait vite déchanté. 

Après le Journal Télévisé, PPDA l'aurait invitée dans son bureau et l'aurait poussée à avoir "un rapport sexuel". L'étudiante portait plusieurs couches de vêtements. "Il m'a épluchée comme un oignon", a-t-elle assuré.

Cécile Delarue : son témoignage déstabilisant

La journaliste Cécile Delarue a, elle aussi, rapporté un épisode troublant qui s'est déroulé lorsqu'elle était salariée chez TF1.

"On sort de la conférence. Il y a la rédaction en chef et des petits chefs. Et là il me fait, devant tout le monde : 'Vous êtes mariée ? Vous êtes fidèle ?' Je suis mortifiée. L'un des chefs me regarde et semble dire du regard : 'Ah, toi aussi tu y passes.' J'étais complètement humiliée".

Une chaise devant la porte

Une autre jeune femme a raconté que lors d'un salon littéraire dans un hôtel, elle avait pu rencontrer PPDA. Celui-ci lui aurait alors demandé si elle était mariée. Réponse négative. "Une belle femme comme toi, c'est étonnant, c'est dommage", aurait-il lâché.

Le soir, avant de remonter à sa chambre d'hôtel, elle aurait découvert un mot de la vedette de TF1, qui l'aurait enjoint à l'appeler. "Vers 2 heures du matin, le téléphone de la ligne fixe de la chambre de l'hôtel sonne. Je me dis : qu'est-ce que c'est que ce bordel ? Je décroche. Et là, j'entends : 'Laetitia, c'est Patrick'", s'est-elle souvenue. 

"J'ai fini par arracher le fil Vers 4 heures, il tambourine à ma porte. 'C'est Patrick, ouvre-moi, j'en peux plus'. Je faisais semblant de dormir, j'étais à pas de loup, sur la moquette, pour mettre une chaise devant la porte, au cas où", a-t-elle ajouté. Le lendemain, il aurait fait comme si de rien n'était.

PPDA : sa fille et sa secrétaire répliquent

Le Monde a contacté la plupart des anciens dirigeants de TF1 pour recueillir leur témoignage. Tous refusent de commenter, arguant que l'affaire judiciaire en cours ne leur permet pas d'en dire plus. 

Quant à l'une de ses secrétaires, Marie-Hélène Mille, elle croit en l'innocence de l'ancien journaliste de TF1, qui, selon elle, était déjà bien assez dragué à l'époque où il était au sommet : "Patrick recevait des dizaines et des dizaines de lettres, certaines avec des photos de femmes très suggestives, voire complètement dénudées, je le sais, c'est moi qui les ouvrais. Il recevait aussi des cadeaux divers et variés, qui allaient de gâteaux et chocolats jusqu'à des dentelles… C'était hallucinant".

Morgane, fille de PPDA, âgée de 40 ans, a également volé au secours de son père. "Aucun membre de ma famille n'a jamais été témoin d'un quelconque acte de violence ou déplacé", a asséné l'avocate. 

Enfant, elle a "été témoin de scènes extrêmement choquantes", mais pas comme l'on pourrait l'imaginer. Et d'expliquer: "Des femmes dormaient sur le seuil de notre porte, d'autres chantaient sous nos fenêtres ou s'amusaient à nous faire peur. (…) Certaines d'entre elles continuent à nous harceler, ma sœur et moi, pour qu'on leur obtienne des rendez-vous avec lui".