Affaire de la Josacine empoisonnée : la mère d'Emilie brise le silence

En 1994, la petite Emilie, 9 ans, décède, supposément empoisonnée, alors qu'elle était en week-end chez des amis. Vingt-cinq ans après les faits, l'homme qui a été condamné pour le crime, clame toujours son innocence. Quant à la mère de la fillette, elle est persuadée que la lumière n'a pas été faite sur cette affaire...

Affaire de la Josacine empoisonnée : la mère d'Emilie brise le silence
© Corinne Tanay - ANDERSEN ULF/SIPA

Les faits remontent au 11 juin 1994, alors que la petite Emilie Tanay, âgée de 9 ans, passe le week-end chez Sylvie Tocqueville, mère de son camarade de classe Jérôme. La petite fille meurt empoisonnée par du cyanure. À l'époque, c'est Jean-Marc Deperrois, amant de Sylvie Tocqueville, qui est accusé : il aurait cherché à empoisonner un flacon de sirop de Josacine afin d'assassiner l'époux de la jeune femme, mais n'aurait pas envisagé l'éventualité que la petite Emilie prenne ce sirop à la place de l'homme. Condamné à 20 ans de prison, Jean-Marc Deperrois n'a cessé de clamer son innocence, même après sa libération en 2006, après 12 ans de prison. 
En 2016, Corinne Tanay, mère de la fillette, décide de confronter l'homme qui a (supposément) brisé sa vie. Celui-ci est impassible : il continue d'assurer qu'il n'est pas l'auteur du crime et qu'il a "payé pour quelque chose qu'il n'a pas fait".

Au terme d'une multitude de questions, auxquelles Jean-Marc Deperrois répond sans relâche, et après avoir épluché le dossier et découvert de multiples incohérences, Corinne Tanay finit par envisager la terrible possibilité que l'homme qui a été mis derrière les barreaux pour le meurtre de sa fille… ne soit pas le réel coupable. "L'idée qu'un homme ait passé 12 ans de sa vie en prison pour un crime qu'il n'aurait pas commis me révolte", confie-t-elle selon France Info

Emilie, morte empoisonnée : la piste de l'accident domestique
Dans son ouvrage La Réparation Volontaire, publié le 14 novembre aux éditions Grasset, la mère d'Emilie se montre intriguée par le comportement des époux Tocqueville qui avaient notamment laissé les urgentistes "soigner Émilie à l'aveugle".

Par ailleurs, en 2003 le chroniqueur judiciaire au Monde, Jean-Michel Dumay, avait découvert des enregistrements de conversations téléphoniques suspects. Dans l'une d'elles, l'un des amis du couple, Denis Lecointre, opérateur dans un laboratoire de la société pharmaceutique Oril, lâche à l'époux de Sylvie Tocqueville : "Tu vas passer à la télé avec ton produit que tu as mis dans la Josacine. De toute façon, on est bien clairs, on ne s'est pas vus aujourd'hui." Le journaliste émet alors la piste d'un accident domestique camouflé.

Les zones d'ombre de cette affaire restent nombreuses. "Celui qui peut exiger ou envisager un procès, c'est Jean-Marc Deperrois. Il me semble que Jean-Marc Deperrois a quelques éléments", a expliqué la mère de la petite Emilie, qui se dit aujourd'hui "épuisée".