62 % de féminicides au domicile familiale, 20 % devant les enfants...

Le parquet général de la Cour d'appel d'Aix-en-Provence a mené une étude pour tenter de comprendre et éradiquer les homicides conjugaux. Dérèglements du système judiciaire, prise en charge trop lente des plaintes des victimes, arme utilisée, antécédents de violences... : voici les 5 points à retenir.

62 % de féminicides au domicile familiale, 20 % devant les enfants...
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Si la conclusion sonne comme une évidence, il fallait néanmoins la prouver de manière officielle et chiffrée. C'est maintenant chose faite grâce au travail du parquet général de la Cour d'Appel d'Aix-en-Provence qui s'est penchée sur "29 dossiers de meurtre ou tentative de meurtre commis par des conjoints ou ex-conjoints, entre le 1er janvier 2018 et le 9 septembre 2019", selon Franceinfo.
Ce travail titanesque met en avant les points suivants, qui permettent de mieux comprendre et d'appréhender les féminicides mais aussi les violences conjugales dans leur globalité car, sur les 29 dossiers révisés, trois concernent "des femmes ayant tué leur conjoint ou ex-conjoint".  

  • Les auteurs d'homicide sont connus des forces de l'ordre

En effet, le rapport annonce que 55 % des auteurs d'homicide ou de tentative avaient des antécédents judiciaires de menaces ou violences sur conjoint, sous la forme d'une enquête en cours (43 %), d'une procédure classée sans suite (25 %) ou d'un suivi judiciaire (31 %)

  • Violence récurrente

Les antécédents de violences sont également mis en avant pour démontrer que le passage à l'acte n'a rien d'anodin et découle d'un passé trouble. Comme l'annonce la magistrate Isabelle Fort, qui a analysé ces dossiers : "L'homicide ou la tentative est la suite d'un comportement violent récurrent". Et pour cause, son travail a démontré que près de 80 % des auteurs avaient, en effet, déjà commis des violences répétées sur leur conjoint (70 %) ou sur un ex-conjoint (10 %). 

  • Les victimes se murent dans le silence

Au sein de ce panel de 29 cas, un tiers des victimes n'a pas porté plainte. 

  • Des témoins de poids
    Dans la grande majorité, la famille et les proches étaient au courant des faits de violence de ce conjoint avant le passage à l'acte (90%). Quant aux enfants, ils sont souvent témoins de ces violences : 20% des meurtres ou tentative de meurtre d'un de leur parent se sont déroulés devant les enfants.
  • Dans 62% des cas, le meurtre ou la tentative de meurtre se déroule au domicile familial pendant ou après une séparation. Concernant l'arme utilisée, l'arme blanche et l'arme à feu sont en tête de liste. 

Quant au profil du conjoint violent dressé par cette étude, il est assez trouble car les 29 auteurs de crimes sont âgés de 21 à 78 ans, ce qui signifie que les violences conjugales concernent toutes les générations. Sur les 17 cas de meurtres contenus sur les 29 dossiers étudiés, 6 accusés se sont suicidés juste après leur geste dont un en prison.