Attache-moi Mao : la Chine tord le cou aux fétichistes BDSM, et pourtant...

En Chine, une communauté amatrice de BDSM tente de survivre dans l'ombre des autorités. Dans ce pays, le bondage se pratique en huis clos, sur invitation ou dans l'intimité la plus stricte selon une enquête de Slate.

Attache-moi Mao : la Chine tord le cou aux fétichistes BDSM, et pourtant...
© Marketa Bendova

Si l'Europe peut se réjouir d'une chose, c'est de sa grande liberté, qu'elle soit expressive ou sexuelle. Dans l'Empire du Milieu, les fous de bondage qui aiment se faire du bien à l'aide d'une corde (au cou ou ailleurs), tentent de s'épanouir sexuellement et artistiquement, malgré les nombreuses descentes policières et interdictions de l'Etat. D'après l'enquête de Daniel Rechtschaffen, journaliste pour Slate et responsable des relations gouvernementales à la Chambre de commerce de Shanghai, de plus en plus de Chinois suivent des ateliers fétichistes en Chine.
Pour contrer les interdictions étatiques sur le net et dans les villes, les disciples du BDSM se cachent derrière le pendant artistique de la corde. Sur le site du magazine Slate, on apprend que cette communauté était clandestine jusqu'en 2017. Car aujourd'hui, il existe des "ateliers" où une initiée (dite rigger, celle ou celui qui ligote) saucissonne lentement ses clients (bunnys), de la tête au pieds, pour leur (et son) plus grand plaisir.

Le bondage, une pratique honteuse et condamnée, mais pas que...

Pratique sexuelle vue comme dépravée aux yeux des bonnes mœurs chinoises que l'Etat tient absolument à ordonner à son peuple, le bondage sort peu à peu de l'ombre dans lequel il s'accomplit. Ainsi, en août 2017, un Italien vivant en Chine depuis 10 ans, crée l'événement Tie-Up, un rendez-vous tourné autour de "l'art de la corde" organisé dans un bar lesbien de Shanghai, mais qui sert de point de ralliement à tous les fétichistes du coin.

"Les participants chinois ont commencé à partager ces rassemblements sur les réseaux sociaux; d'autres personnes du pays sont venues et elles ont vu que ce type d'événements pouvaient avoir lieu au grand jour. Pas besoin de se cacher en sous-sol, de porter un masque ou d'appliquer je ne sais quelle technique de dissimulation", explique-t-il à Slate. 
Pourtant, si ces ateliers-réunions en grande pompe ont vu le nombre de participants s'accroître (200 personnes étaient présentes pour les 1 an de Tie-Up en août 2018) l'organisateur Italien a vite freiné ses événements, après avoir fait l'objet d'une enquête policière
En Chine, une peine allant jusqu'à 5 ans de prison peut être donnée à toute personne soupçonnée d'"assembler une foule à fin d'activités obscènes", selon le Code pénal.
Malgré les pesantes menaces, l'Européen a repris ses activités."Je pense qu'aucun Chinois n'oserait monter une telle communauté, indique néanmoins une Chinoise adepte du bondage à Slate. En effet, l'organisateur d'événement ne risque qu'une révocation de son visa professionnel, trois fois rien comparé au danger qui plane au-dessus des Chinois et Chinoises fétichistes. "On pourrait perdre notre liberté", renchérit la jeune femme qui a souhaité garder l'anonymat. "Au moindre bruit bizarre, je me demande si les flics vont débarquer ou si un riverain va nous dénoncer."

Le Groupe 815, celui qui déroge à la règle 

Il existe pourtant une entreprise légale et transparente, à Tianjin (sud-est de Pékin) qui met en place des ateliers de bondage publics et payants (et soumis aux taxes!). Sous le nom de Groupe 815, ce sont des adeptes de l'art du bondage qui se réunissent, après -chose étonnante- avoir reçu un permis de rassemblement de la part des autorités !
Selon l'organisateur de Tie-Up, interrogé sur cette mystérieuse organisation par Slate, il semblerait que le Groupe 815 ne serait pas totalement inconnu des forces de l'ordre, mais il réussit là où d'autres échouent en suivant les règles étatiques.