Money slavering : un rapport sado-maso où donner de l'argent fait jouir

C'est une nouvelle forme de plaisir sexuel qui prend La Toile d'assaut. Le principe du Money Slavering est que les hommes payent et couvrent leurs "dominatrices" de cadeaux pour atteindre l'orgasme. Mais là où l'argent afflue, les racoleurs ne sont pas loin... Zoom sur ce délire BDSM très juteux qui érige la femme au rang de reine sangsue et profiteuse.

Money slavering : un rapport sado-maso où donner de l'argent fait jouir
©  Andrey Kiselev

Groupes Facebook, petites annonces, comptes Twitter et Instagram : Internet pullule de hashtags et sites derrière lesquels des femmes proposent leurs faveurs à des "pigeons", des hommes qui se plient à leurs caprices et les comblent d'argent et de cadeaux. Quel genre de mâles pourraient bien répondre à ce genre d'exigences ? Ceux qui trouvent leur plaisir en étant dominés et piétinés par leurs "maîtresses" ou "princesses", bien souvent des demoiselles qu'ils ne connaissent que virtuellement.
Des femmes vénales ? Les "reines" du money slavering (esclavage financier en anglais) ne sont pas obligées d'offrir des faveurs sexuelles à leur "esclave" et avouent qu'il s'agit là d'un travail sérieux, de longue haleine où la confiance est le maître mot."On croit à tort que c'est facile, alors que c'est faux. Tu peux dire à un soumis de verser une fois de l'argent, mais si en échange il ne se passe rien, il ne reviendra pas une deuxième fois", assure Ibicella, qui se présente comme une humiliatrice au Huffington Post. 

Insultes, bondages et paiements en nature

Comment peut-on trouver du plaisir en donnant de l'argent à une inconnue ? La plupart du temps, les adeptes des pratiques sado-samochistes sont à la recherche de mauvais traitements. C'est dans la douleur et la domination de l'autre -ici des femmes- qu'ils trouvent leur plaisir. Traiter comme des bêtes, insultés et dépouillés de leur sous, les moneyslaves semblent proches du profil du cadre stressé, en manque de confiance, au physique peu avantageux et à la recherche de sensations. "L'angoisse de beaucoup d'hommes, c'est de ne pas réussir à faire jouir la femme. Je pense qu'ici, c'est aussi un jeu qui permet de s'assurer qu'on l'a bien fait jouir, d'une certaine manière", explique Sophie Cadalen, psychanalyste et écrivaine au site Open Minded

Il existe divers moyens de se faire plumer par sa domina :

Wishlists partagées, compte Paypal ou Pot commun à renflouer, le classique lèche-vitrines mais aussi paiement cash juste devant le distributeur de banque... les idées ne manquent pas !
En retour, l'esclave a le droit (ou peut se voir refuser, ce qui augmenterait son excitation) à une séance de bondage, des insultes, des photos nues partagées sur Internet... Theodora, dominatrice professionnelle américaine partage l'une de ses humiliations payantes au Huffington Post. "J'ai trois lignes téléphoniques : une ligne appelée "arnaque" où le soumis paie cent dollars la minute, une pour pouvoir me parler –quand ils veulent me demander la permission pour jouir, par exemple– qui varie entre trente et soixante-dix dollars la minute. Et enfin, une ligne "ignore" à dix-neuf dollars la minute. Ils m'appellent, mais je ne leur parle pas. Ils aiment être ignorés. Enfin, c'est un jeu… Même être ignoré est un jeu, il y a un échange."

Pour Divine Di, 24 ans et dominatrice américaine à côté de son travail, les récompenses prennent une autre tournure. "A un homme, j'ai pu lui donner le chewing-gum que j'étais en train de mâcher, ou encore le fouetter avec sa propre ceinture dans un coin. À un autre, je lui ai demandé de me suivre en rampant." 
Vous l'aurez compris, une bonne dominatrice se doit d'être créative. Mais, depuis, la crise est passée par là. Et ce qui était au départ un échange de bons procédés se transforme petit à petit en un business intéressant et ouvert à toutes.

Le moneyslavering ou l'eldorado des femmes oisives 

Aujourd'hui, le monde du moneyslavering connaît des évolutions du côté de la demande et de l'offre : les hommes sont moins généreux et les femmes, en plus d'être très nombreuses à "offrir leurs services" en quémandant cadeaux, argent, voyages, etc. semblent plus être en quête d'un sugar daddy qui paiera leurs courses qu'à la recherche d'échanges sexuels. Certaines se lancent dans l'aventure par curiosité mais surtout pour se faire de l'argent facilement."Ce qui nous intéresse n'est pas la psychologie de la chose mais l'argent qui coule" admet à NEON une dominatrice de 45 ans, qui a tenté l'expérience après avoir vu sa fille gâtée par des moneyslaves.
Une autre, âgée de 27 ans et originaire de Marseille, avoue avoir plongé dans cet univers pour remédier à ses problèmes financiers. "C'était soit je travaillais à la FNAC, soit je cherchais un truc facile...", lit-on dans le magazine. "Avant la crise, le moneyslavering était plus rentable. J'allais chercher mon mandat tous les jours. Tout ça a disparu [...] les soumis larguent 5 à 15 euros. C'est devenu du pigeonnage, de l'arnaque", continue-t-elle. Une triste réalité qui rappelle que là où certains paieraient pour être libres, d'autres sont prêts à humilier pour de l'argent...