Ce couple du 92 est jugé pour avoir fait de Méthode un esclave

"Ils m'ont volé ma vie". C'est ainsi que résume Méthode Sindayigaya résume son calvaire. Durant 10 ans, il a été l'esclave d'un couple de hauts dignitaires burundais vivant sur le sol français et connu de la Justice pour des faits similaires.

Ce couple du 92 est jugé pour avoir fait de Méthode un esclave
© Valerii Sidelnykov

Derrière les belles demeures et les hautes fonctions respectueuses, la honte et la crasse. Un politicien burundais et diplomate à l'UNESCO et sa femme viennent d'être entendus au Tribunal d'Instance de Nanterre ce lundi 9 septembre pour "traite d'être humain", "travail dissimulé", "emploi d'un étranger sans titre" et "aide au séjour irrégulier". La Justice reproche à Gabriel et Candice Mpozagara d'avoir, durant dix années, réduit un homme en esclavage.
Méthode Sindayigaya débarque en France en avril 2008 pour ce qui ne devait être qu'un"voyage de trois mois" pour s'occuper du fils handicapé du couple, comme il le raconte à France Inter.
Mais très vite, le cauchemar commence : le couple confisque le passeport du jeune père de famille qui a laissé derrière lui femme et enfants, au Burundi. Selon ses dires, Méthode Sindayigaya devait faire le ménage, la lessive, le jardinage, la cuisine et s'occuper du fils autiste de "Madame et Monsieur", comme il les appellent encore, 19h par jour et 7 jours sur 7

Esclave durant dix ans, un homme retrouve enfin les siens

Payé une somme dérisoire (28 euros pour un mois de travail d'après un bulletin retrouvé par les avocats de la Partie civile), Méthode Sindayigaya doit son sauvetage à des ouvriers qui l'ont trouvé faisant le ménage dans le sous-sol, en juillet 2018, dans la maison de Ville-d'Avray (Hauts-de-Seine) du couple, d'après France Inter. Un premier signalement a été pourtant donné par des voisins, début 2018.
L'homme de 39 ans, qui ne devait parler à personne et ne mangeait que "les restes" de la riche famille, a raconté son calvaire à France Inter. "Je dormais à la cave, sous la chaudière à fioul avec le gaz et les fumées qui sortent".
Lorsque les autorités arrivent sur la pelouse des Mpozagara, Méthode Sindayigaya peut enfin souffler. Sa femme et ses enfants, à qui il avait caché sa mésaventure, l'ont rejoint en France et bénéficient du statut de réfugiés, après avoir été menacé de mort."Elle me demandait quand je reviendrais les voir, les enfants me demandaient quand j'allais revenir. Je leur disais : bientôt. Ils me disaient : on ne te croit pas, tu ne nous aimes pas. Ça me rendait très malheureux", explique-t-il à France Inter.  

Jugés pour esclavage moderne, ils crient au complot

Pour le couple Mpozagara, cette affaire est une "dénonciation calomnieuse, un complot". Pourtant, ces diplomates, qui présentent leur victime comme un "homme au pair", n'en sont pas à leur premier passage devant le Juge. En 2007, ils comparaissaient pour "avoir maintenu dans des conditions de travail et d'hébergement contraires à la dignité humaine"  deux orphelines de leur famille. A l'époque, Gabriel et Candice Mpozagara ont été relaxés après avoir fait appel. Espérons que cette triste histoire soit la dernière.