Une loi anti-IVG menace femmes et médecins même en cas de viol et d'inceste

L'Etat d'Alabama vient de voter l'interdiction de l'IVG, et ce, même en cas de viol ou d'inceste. Cette nouvelle loi, qui va être tranchée par la Cour Suprême, condamne patientes et médecins qui auraient recours à l'avortement à une peine de prison pouvant aller de 10 à 99 ans. Elle prendra effet dans six mois.

Une loi anti-IVG menace femmes et médecins même en cas de viol et d'inceste
© Scott Griessel

C'est un véritable bond en arrière pour les Américaines ! L'Etat d''Alabama, qui se situe sous la 'Bible Belt' (soit la 'Ceinture biblique', une frontière invisible qui sépare les états les plus puritains des autres) pourrait être l'endroit le plus restrictif en matière d'avortement. En effet, le 15 mai 2019, le Sénat a adopté une loi qui condamne patientes et médecins qui pratiqueraient l'IVG à une une peine de prison pouvant aller de 10 à 99 ans ! Les victimes de viol ou d'inceste ne sont pas épargnées. Seule exception : l'avortement pourrait être accordé à une femme dont la vie est en danger ou "d'anomalie létale" du foetus. 

"Toute vie est un cadeau de Dieu"

"Vous dites à ma fille : tu ne comptes pas dans l'Etat de l'Alabama… Les hommes peuvent te violer et tu auras ce bébé si tu tombes enceinte. Vous vous moquez des femmes de l'Etat d'Alabama [...] C'est une honte !", a déclaré, outré, Bobby Singleton, sénateur démocrate qui a pris la parole devant le Sénat. Malgré les déclarations des sénateurs démocrates 'pro-choice' (pour le droit à l'avortement) c'est le parti conservateur des Républicains, majoritaire au sein de cette assemblée (27 sièges sur 35) qui a eu le dernier mot.

De nombreuses femmes, habillées de capes rouges faisant référence à la série La Servante Écarlate ont scandé leur colère face à ce projet de loi. Le gouverneur de cet état très conservateur et religieux, Kay Ivey, a ratifié la loi anti-IVG en déclarant que "toute vie est un cadeau sacré de Dieu"

L'avortement, bientôt interdit aux Etats-Unis ? 

L'objectif des sénateurs républicains est de faire remonter cette loi à la Cour Suprême, qui tranche lorsque qu'un projet de loi d'un état fédéral vient contrer l'unicité du pays. Sur les 9 juges qui y siègent, 5 ont été choisi par Donald Trump pour leur traditionalisme et leur politique "pro-life" (anti-avortement). Le but final est de les faire revenir sur l'arrêt "Roe v. Wade", votée en 1973 qui protège le droit des femmes à disposer de leurs corps.
L'Etat d'Alabama figure, avec le Mississippi, l'Ohio et le Kentucky, parmi les lieux où les femmes n'ont pas le droit d'avorter sous peine d'être emprisonnées à perpétuité, et où les médecins pro-IVG n'ont plus aucune liberté. "Aucune de nous ne devrait accepter un avenir dans lequel nos filles et nos petites-filles auront moins de droits que nous n'en avons eus", a déclaré Hilary Clinton. 
Les Etats-Unis de Donald Trump sont-ils en passe de devenir un pays aussi durs que l'Argentine ou le Salvador en matière de droit à l'avortement