Une ambassadrice d'Arabie Saoudite aux E-U, de la poudre aux yeux ?

La princesse Reema bint Bandar al Saoud vient d'être nommée ambassadrice d'Arabie Saoudite à Washington. Jamais une femme n'avait occupé ce poste avant elle ! Mais cette nomination qui intervient dans un contexte tendu serait uniquement un coup de com'... Explications.

Une ambassadrice d'Arabie Saoudite aux E-U, de la poudre aux yeux ?
© LENIN NOLLY/SIPA

Pour la première fois dans l'histoire, c'est une femme qui a été choisie par le dirigeant de l'Arabie Saoudite pour être ambassadrice à Washington. Dans un contexte très tendu entre les deux pays notamment après le meurtre de Jamal Kashoggi et les débats sur le conflit yéménite, la princesse Reema bint Bandar al Saoud a été propulsée à la tête de l'ambassade. Cette nomination est sans nul doute poussée par des arrières pensées de la part du prince héritier Mohammed Ben Salman... et pas une véritable et soudaine envie de féminisme ou même d'égalité des sexes... 

Nommée une femme : une stratégie avant tout politique 

Le prince héritier a engagé plusieurs réformes allant dans le sens d'une modernisation de l'Arabie saoudite et cette nomination participe à faire ce que Clarence Rodriguez appelle "un coup de com'". Correspondante à Riyad durant 12 ans et auteure de "Révolution sous le voile" aux Éditions First, elle explique dans Paris Match que Riyad tente de faire oublier le meurtre de Jamal Khashoggi qui a terni les relations entre les deux pays. La princesse Reema bint Bandar al Saoud succède au prince Khaled ben Salman, fils du roi Salman et frère du prince héritier, qui avait pris ses fonctions en 2017, et se retrouve désormais ministre de la Défense. Cette femme d'affaires a fait ses études en Amérique et dirige un magasin de luxe. Elle considère que "promouvoir les femmes sur le marché du travail est une évolution pas une occidentalisation", d'après Paris Match. En la nommant ambassadrice, le prince héritier veut renvoyer une image moderne du pays et se racheter auprès de son plus grand allié. 

Une ambassadrice, une avancée pour les droits des femmes, vraiment ? 

La princesse, très influente, est avant tout connue pour son engagement dans le combat pour les droits des femmes. En 2017, Reema bint Bandar al Saoud avait déjà été nommée dans le milieu politique au Conseil des ministres à la présidence de la Fédération saoudienne des sports communautaires. Elle déclarait alors: "autoriser des femmes dans les stades, autoriser des femmes à conduire, c'est très bien, mais les femmes au volant, ce n'est pas la panacée des droits des femmes". Clarence Rodriguez remarque aussi que la princesse ne s'est pas exprimée pour défendre en 2018 les militantes Saoudiennes enfermées et torturées en prison... Sa nomination est donc un progrès social relativement limité offrant avant tout une belle vitrine au royaume Saoudien. La révolution féministe en Arabie Saoudite n'est pas pour aujourd'hui.