Libido des politiques : dictature du sexe et exercice du pouvoir

Dans "Le Poulain", film de Mathieu Sapin, en salles le 19 septembre, désir sexuel et désir politique se côtoient. De Henri IV à Dominique Strauss-Kahn, les grands dirigeants sont réputés pour leur sexualité exacerbée et leurs innombrables conquêtes. Penchons-nous sur ce passionnant et croustillant sujet...

Libido des politiques : dictature du sexe et exercice du pouvoir
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Dans Le Poulain de Mathieu Sapin, le 19 septembre au cinéma, sexe et politique s'entremêlent… comme depuis la nuit des temps (ou presque). De Louis XIV à Jacques Chirac, en passant par Napoléon, nos grands hommes affichent une libido à toute épreuve. L'appétit sexuel est-il proportionnel au pouvoir ? Comment expliquer les liens étroits entre sexe et politique ?

"La volonté d'acquérir davantage de pouvoir n'a souvent d'égale que celle de conquérir toujours plus de partenaires", explique le psychanalyste Jean-Pierre Friedman.  Selon l'auteur de l'ouvrage Du pouvoir et des hommes, la recherche du pouvoir par les ambitieux est motivée par un besoin impérissable de séduire, dominer et obtenir un statut social qui permettrait d'assouvir ses besoins sexuels plus facilement. Autrement dit, le moteur du pouvoir… c'est le sexe. 

"L'aphrodisiaque suprême"

Consciemment ou inconsciemment, les hommes avides de puissance se serviraient de celle-ci comme d'une arme de séduction. Au-delà de la conquête du pouvoir, ce qui importerait serait la conquête amoureuse, ou du moins celle du plaisir des sens. Car le pouvoir peut agir comme réel stimulant sexuel. Il peut rendre attirant un être qui nous aurait totalement laissé de marbre, eut-il exercé une autre fonction. "D'abord, séduire un homme puissant, c'est se prouver qu'on a de la valeur. D'autre part, coucher avec lui, c'est s'approprier la force qu'il symbolise", détaille la sexologue Catherine Solano auprès de La Vie. Henry Kissinger, ancien secrétaire d'État des États-Unis, assénait : "Le pouvoir est l'aphrodisiaque suprême."

Ainsi, Henri IV, qui avait pourtant la réputation de dégager une odeur désagréable, enchaînait les conquêtes. Nobles, paysannes, bourgeoises : le roi de France comptait 73 maîtresses à son actif, selon la rumeur populaire. Quant à Jacques Chirac, il était surnommé "dix minutes, douche comprise". Et n'oublions pas (dans ce contexte) le maréchal Pétain qui aurait gardé une vie sexuelle active jusqu'à... ses 87 ans. 

La mégalomanie du pouvoir

Les hommes politiques ont en commun un certain narcissisme. Pour se lancer dans la difficile conquête du pouvoir, il faut souvent faire preuve d'une redoutable force de caractère qui peut aller de paire avec une sexualité exacerbée. Les êtres à l'ambition débordante seraient caractérisés par leur penchant prononcé pour les plaisirs charnels. "Faire de la politique nécessite une certaine violence symbolique. Il faut se battre pour exister, voire écraser les autres. Ce comportement dominateur peut devenir une façon de vivre. Certains n'arrivent plus à faire la différence entre conquête du pouvoir et conquête sexuelle", explique Catherine Solano. 

D'autre part, l'accès au pouvoir des politiques conforte ce sentiment de puissance et de narcissisme déjà présent, ce qui renforce d'autant leur hypersexualité. Un cercle "vicieux", donc. Reste que l'accès aux fonctions suprêmes peut favoriser le développement d'une mégalomanie chez l'homme de pouvoir. Cet orgueil démesuré peut le conduire à agir en dépit de la morale et exercer, par exemple, des violences sexuelles sur ses subordonné(e)s. Une manière d'asseoir davantage sa puissance en toute impunité, puisqu'il disposerait d'une immunité sociale due à son rang. C'est ainsi que Dominique Strauss-Kahn a dégringolé de l'échelle sociale, en 2011. À l'époque directeur du FMI, en passe de devenir président de la République, l'ancien ministre des Finances était persuadé que quelques minutes d'extase ne pouvaient nullement saborder sa carrière... Il a préféré satisfaire sa libido dans la chambre de l'hôtel Sofitel de New York... que d'accéder au pouvoir suprême.

Conquête amoureuse ou conquête du pouvoir ?

On pourrait également arguer que le jeu de la séduction et celui de la conquête du pouvoir obéissent aux mêmes codes. Pour électriser les foules comme pour charmer l'objet du désir, il faut être convaincant, séduire, faire preuve d'éloquence et se montrer sous son meilleur jour. L'homme politique est donc un éternel séducteur. François Mitterrand, malgré un cancer de la prostate, refusa d'abandonner ses fonctions et s'est maintenu en exercice jusqu'à son dernier souffle. Vouloir diriger, commander la chose publique, guider les foules est inéxorablement lié à un désir de plaire.