Ce pays référence en matière de droit à l'avortement serait sur le point de reculer. Selon un projet de loi, les Espagnoles ne pourront plus avorter qu'à deux conditions : en cas de risque pour la santé de la mère ou de grossesse résultant d'une agression sexuelle.
Ce vendredi 20 décembre, l'exécutif espagnol a adopté un avant-projet de loi restreignant celle de 2010 qui prolongeait l'avortement jusqu'à quatorze semaines de grossesse, et vingt-deux semaines en cas de malformation du foetus. Si le nouveau texte est approuvé au Parlement, cette pratique ne sera plus considérée comme un droit et ne deviendra possible qu'à deux conditions : en cas de danger pour la vie de la future maman ou de grossesse résultant d'une agression sexuelle. Dans ce deuxième cas, la femme devra avoir auparavant déposé plainte pour viol. Il faudra désormaisdeux rapports médicaux au lieu d'un. Les professionnels de la santé pourront faire objection de conscience autant sur le diagnostic que sur l'intervention elle-même, ce qui, dans un pays aussi catholique que l'Espagne, ouvre la voix à de nombreux refus de la part des médecins.
"Un retour 30 ans en arrière"
L'Espagne reviendrait de ce fait à la législation de 1985 alors qu'en 2010, le socialiste José Luis Rodriguez Zapatero avait fait évoluer la loi, plaçant ainsi l'Espagne en tête des pays les plus libéraux en matière de droit à l'avortement. Les associations féministes et de gauche ont appelé à la mobilisation. Environ 2000 personnes auraient déjà manifesté jeudi soir.
Najat Vallaud-Belkacem se dit "choquée"
Au gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem se dit "choquée" et a estimé dimanche au micro d'Europe 1 lors du Grand rendez-vous i-Télé/Europe 1 / Le Monde, que le problème ne concernait pas uniquement l'Espagne. "On a des inquiétudes aussi sur l'Irlande ou un certain nombre de pays en matière de droits des femmes comme la Pologne". "C'est assez inquiétant et ça vient illustrer ce que je dis régulièrement, a-t-elle déclaré, c'est-à-dire que les droits des femmes ne sont jamais acquis".
Europe : l'Irlande et Malte encore anti-IVG
Sur la question de l'avortement, il n'y a pas de position commune en Europe. Dans la majorité des pays européens, l'interruption volontaire de grossesse (IVG) peut être légalement pratiquée dans les dix à douze premières semaines d'aménorrhée (vingt et une aux Pays-Bas), alors qu'il n'y a pas de limite légale à l'"interruption médicale de grossesse". Certains pays comme l'Irlande ou Malte, où les populations sont majoritairement catholiques, n'autorisent pas l'IVG.
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