François Hollande, président de la République

François Hollande que personne n'attendait, qui n'a jamais exercé de fonctions ministérielles, qui était donné battu par Dominique Strauss-Kahn, est le nouveau chef de l'Etat français, élu avec 51,62% des voix.

A la Bastille en liesse - drapeaux tricolores et hurlements de joie -, François Hollande a remercié "le peuple de France, ici rassemblé", promettant de "réparer, redresser" après "des années de blessure, de rupture". François Hollande que Laurent Fabius traitait de "fraise des bois", qui était moqué pour son manque d'expérience gouvernementale, devient le deuxième président de gauche de la Ve République, aux dépens de Nicolas Sarkozy (UMP), contraint de quitter le Palais après un seul quinquennat.

Oustider, François Hollande a bâti son succès à la force du poignet, balayant par son travail et sa détermination une image d'éternel homme de parti.

"Une présidence modeste pour celui qui l'exerce et ambitieuse pour le pays": c'est ainsi que celui qui dirigea 11 ans Solférino a résumé sa conception de la fonction suprême.

Né le 12 août 1954 à Rouen dans une "famille où l'on a toujours parlé politique", il est le fils d'un médecin ORL d'une droite dure, pro-Algérie française, et d'une assistante sociale à "l'âme généreuse".

Il franchit avec aisance les "étapes de la méritocratie française". A l'ENA, il intègre la fameuse "promotion Voltaire" dont il sort en 1980. Il y rencontre Ségolène Royal, la mère de ses quatre enfants, pour une longue union rompue officiellement en 2007.

Sa stature présidentielle, le successeur de François Mitterrand, dont il fut conseiller à l'Elysée, l'a forgée en se préparant à la fonction depuis plus de trois ans.

Comme ses prédécesseurs de Gaulle, Chirac ou Sarkozy, Hollande a connu sa traversée du désert. En novembre 2008, au congrès de Reims, il quittait par la toute petite porte la direction d'un PS jugé moribond (un "grand corps malade" dira le philosophe Bernard-Henri Lévy).

Et puis le 16 octobre 2011, galvanisé par la débandade de DSK, il remporte haut la main (56,57%) une primaire socialiste ouverte aux sympathisants, processus inédit en France.

Entre-temps, ce député et président du conseil général de la Corrèze, département rural et enclavé, a travaillé, lu, réfléchi. Il a aussi maigri d'une quinzaine de kilos, faisant oublier son sobriquet de "Flanby". Perdant en rondeurs, il a gagné en gravité.

Dans son livre "Changer de destin", il cite Montaigne, "homme normal" qui "fit un livre unique", et veut être "un homme normal de la politique, à une responsabilité unique".

Normal, il l'est par son allure passe-partout: taille moyenne, visage plein, large front, calvitie croissante. Il a les habitudes de M. Tout le monde: marché le dimanche avec sa compagne Valérie Trierweiler dans son XVe arrondissement, aimant le foot, lecteur de L'Equipe.

Fidèle en amitié, de bonne humeur, charmant, il est connu pour ses mots d'esprit qui fusent. Il se dit incorrigible optimiste.

Que cache cette apparence lisse ? "Insaisissable", résume son fils aîné Thomas. Sa compagne dit: "Ce qu'on voit de lui est vrai. Il n'y a pas de Hollande caché". 

Nette sans être écrasante, sa victoire est saluée comme un cap vers le "changement" et la relance de l'économie, mais le plus dur commence pour François Hollande. Il va maintenant former un gouvernement pour préparer les législatives, et tenter de disposer d'une majorité pour diriger le pays. Première étape de ce renouveau : la passation de pouvoirs devrait avoir lieu le 14 mai. 

 

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