Porno dans les médias : les eurodéputés ne se mouillent pas
Le parlement européen a adopté le 12 mars la proposition de résolution "sur l'élimination des stéréotypes liés au genre dans l'Union", mais rejeté un amendement qui préconisait, au nom de la dignité de la femme, l'interdiction de la pornographie dans les médias.
"Il est nécessaire de lancer des actions coordonnées au niveau européen en vue de développer une véritable culture de l'égalité (des sexes, nldr) sur Internet", demandait la résolution rejetée. Ses instigateurs avaient fait valoir que "la tendance actuelle selon laquelle la pornographie se glissait dans notre quotidien en tant qu'élément culturel de plus en plus accepté et souvent idéalisé, était particulièrement visible dans la culture jeune ".
Mais ainsi formulé, l'amendement a suscité la colère des défenseurs des libertés publiques, notamment les représentants du Parti pirate et les députés libéraux.
Des pétitions en ligne et plus de 500 000 mails de protestation ont été adressés aux députés pour leur demander de ne pas approuver ce texte, selon le porte-parole du Parlement, Jaume Duch Guillot.
Le rapporteur du texte, l'élue néerlandaise d'extrême gauche Kartika Tamara Liotard, a déploré cette agitation qui "détournait l'attention des vrais problèmes" soulevés : "Une femme sur trois dans le monde risque d'être confrontée à la violence ou au viol, les femmes gagnent toujours moins que les hommes et sont plus susceptibles de vieillir dans la pauvreté, les places dans les gouvernements et les postes clés dans les entreprises sont encore largement occupés par des hommes", a-t-elle précisé.
Cependant, cette juriste a reconnu lors d'une conférence de presse que l'emploi du mot "médias" était inopportun, dans la mesure où "c'était en fait les publicitaires qui étaient visés, et non pas la liberté sur le Web". Son texte visait à lutter contre les publicités où la femme "est présentée comme un objet de désir", a-t-elle précisé.